No 273– série 2024-2025
Évangile du samedi 21 juin – Le Saint Sacrement du corps et du sang du Christ
« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)
En ce temps-là,
Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,
et guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser.
Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :
« Renvoie cette foule :
qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs
afin d’y loger et de trouver des vivres ;
ici nous sommes dans un endroit désert. »
Mais il leur dit :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ils répondirent :
« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons.
À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture
pour tout ce peuple. »
Il y avait environ cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples :
« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
Ils exécutèrent cette demande
et firent asseoir tout le monde.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction sur eux,
les rompit
et les donna à ses disciples
pour qu’ils les distribuent à la foule.
Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;
puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :
cela faisait douze paniers.
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 22 juin et que nous les reprendrons le lundi 8 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent
Méditation – Présent à la Présence Réelle !
Jésus vient guérir ceux qui en avait besoin… La journée avance et les gens ne partent pas. Ça se complique… l’endroit est désertique, ils sont nombreux… très nombreux… 5,000 ! Les disciples sont perspicaces… « Où loger tous ces gens ? Comment les nourrir ? ». À ces questions harcelantes, une seule réponse évidente pour les disciples : « Renvoie cette foule ! ». Prendre distance du lien créé avec cette foule parce que les besoins sont insolubles ! Chercher une porte de sortie… pour eux ? pour nous ? Dans l’exigence nouvelle où nous place la relation, vouloir être délivré de cette foule qui est devenue un fardeau.
Il est d’abord étonnant que Jésus ne s’attarde pas à l’inquiétude du lieu où loger les gens, comme si le lieu où chaque personne se trouve est le lieu où elle a à se loger : lieu habité par la tension de ces questions où l’inquiétude est manifeste et où nous faisons l’expérience de la perte de nos sécurités, lieu familier aussi pour Jésus: « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »[1]
Et Jésus de répondre : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ». L’interpellation de Jésus les conduit à cette lucidité sur l’inventaire de leurs ressources : 5 pains, 2 poissons ! Même pour un souper aux chandelles à 2, c’est peine perdue : leurs moyens déclarent faillite!
Alors que les conditions sont réunies pour que tous se dispersent à la lumière de la requête des disciples, Jésus demande aux disciples de les rassembler par tablées de 50… Sa demande inscrit un mouvement pour les disciples : se faire proche de cette foule, favoriser les conditions de la rencontre entre les personnes. Se déplacer d’abord nous-même pour aller à la rencontre de nos frères et sœurs, franchir les distances, entrer dans le passage d’une proximité avec le Christ à une proximité avec le frère et la sœur que je ne connais que de loin.
La foule, est-elle consciente de la précarité où elle se trouve ? Elle ne sait rien de ce Regard de Jésus qui continue de la contempler et de l’aimer… Elle ne sait rien de la conscience des disciples de se sentir dépassé par le Désir de Jésus… Et Jésus de prendre dans ses mains ce qui était justement discrédité par les disciples comme chemin d’un possible…
Dans cette confiance à son Père, le Christ s’efface au cœur même de son Agir… c’est par les mains des disciples que les pains et les poissons rejoignent ceux qui sont rassemblés. Ces pains et ces poissons, marqués de tant de limites et de finitudes, deviennent signes de son Amour qui ne veut pas que nous défaillions en route. Dans le vertige où la vie nous place, jusqu’à vouloir parfois être ailleurs, accueillir qu’Il nous demande d’être chemin de son Amour. Nos mains, dépouillées par la conscience de ce qui nous dépasse infiniment, les voilà appelées à transmettre son Amour. Son Appel nous envoie vers les autres, devant l’impossible qui enserre de nuit notre cœur.
L’Eucharistie nous rappelle cette prise au sérieux par le Christ du petit pain que nous offrons et où Il se donne. Dans notre perception de la démesure de la Mission, avec souvent cette conviction intérieure que « nous n’avons pas ce qu’il faut », le « Je t’aime » du Christ nous inscrit dans l’incarnation de son « Je t’aime » pour la foule vers qui Il nous envoie. Il prend dans ses mains ce que nous Lui offrons, si petit que cela puisse paraître à nos yeux. Il en fait la Demeure de la démesure de son Amour : Présence Réelle que la sienne, à l’intime de nos vies. Présence qui appelle et suscite la nôtre. Il ne s’agit pas d’entrer dans la sphère nébuleuse d’une réponse rationnelle qui accepterait simplement de céder au dogme, fragile à défigurer l’Amour en un objet de consommation comme somnifère de conscience ou billet d’admission au ciel. Il s’agit de se rendre présent et disponible, entrant dans l’offrande de soi à sa suite, prêts à se laisser rompre, choisissant de répondre à son Amour en aimant nos frères et sœurs, dans la conscience de notre pauvreté, et dans la foi en son Agir qui sauve.
Loger dans cette Présence Réelle aux quatre Vents, et devenir présence réelle à notre tour. Entrer ainsi dans la découverte de la sacramentalité de la vie… Découvrir que sa Présence Réelle ne se rétrécit pas à l’Hostie consacrée, mais que l’Hostie consacrée chante que le plus petit morceau de pain ou de vie est la chance d’une rencontre d’alliance, où l’Amour même du Père nous précède et nous attend, où le Christ fait entrer l’éternité dans les limites du temps et l’Infini au cœur de nos finitudes.
Replacez-vous devant la personne que vous aimez le plus… regardez les chemins à travers lesquels votre amour a voulu se donner à elle… et voyez… n’est-ce pas que l’Amour est toujours dans un signe pauvre d’apparences, parfois inaperçu, mais déjà brûlant d’un désir de vie où nous n’avons plus de regard sur nous-mêmes ? Et puis, si nous levons le nez sur nos quelques pains et quelques poissons, si petits à nos yeux pour « faire face à la musique », ils perdront cette grâce de devenir sacrement d’un Amour plus grand que le nôtre. Rien ne peut chasser sa Présence Réelle au cœur nos vies.
À travers l’Eucharistie où se célèbre l’Alliance qui nous sauve, à travers sa Parole, à travers les rencontres, la création, la prière et le silence, nos yeux peuvent plonger dans les Siens. À l’école de la présence, sa propre Présence nous surprendra… Notre pain entre ses mains, deviendra l’espace où notre propre vie prendra chair dans la Sienne. Sa Joie éclatera en nous voyant guéris du doute sur la vie, sur les autres et sur nous-mêmes, dans la découverte de la sacramentalité de la vie où son Amour nous attend. Nous serons sauvés !
Bel été de présence à sa Présence à tous et toutes !
Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com
[1] Mt 8, 20
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