No 265 – série 2024-2025
Évangile du samedi 14 juin – 10ème semaine du temps ordinaire
« Moi, je vous dis de ne pas jurer du tout » (Mt 5, 33-37)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens :
Tu ne manqueras pas à tes serments,
mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout,
ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,
ni par la terre, car elle est son marchepied,
ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.
Et ne jure pas non plus sur ta tête,
parce que tu ne peux pas
rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”,
“non”, si c’est “non”.
Ce qui est en plus vient du Mauvais. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 22 juin et que nous les reprendrons le lundi 8 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent
Méditation – Le plus ajouté du Mauvais
L’Évangile d’aujourd’hui nous enseigne un élément important pour notre vie spirituelle. Il vise nos serments à Dieu. Nous y sommes appelés à « ne pas jurer du tout » mais, simplement, à nous assurer que notre oui soit oui et notre non soit non.
Combien de fois avons-nous pris des résolutions à l’égard de Dieu ? Toujours empressés de faire mieux, faire plus, être plus parfaits ! Jésus déconstruit cette manière de faire en affirmant qu’il nous est impossible de « jurer », ni par Dieu, ni par la terre, ni par Jérusalem et ni par nous-mêmes. En réalité « jurer par », c’est se par-jurer ou, étymologiquement « jurer mal », car « ce qui est en plus vient du Mauvais ». Que comprendre à tout cela ?
Le premier élément qui me monte est que tout nous est donné par Dieu : Lui, la terre, Jérusalem et nous-mêmes. Alors, devant Dieu, nous ne pouvons que nous fier à Dieu et nous reposer sur Lui. Le serment qui nous monte au cœur est une grâce que Lui-même met dans notre cœur. Il est l’appel qu’Il nous fait à le suivre et à avancer avec plus d’abandon par, avec et en Lui. Le serment ne repose donc pas sur nous mais sur Dieu.
Bien sûr, il nous faut prendre le temps de bien discerner si cet appel vient de Lui. Tout ce qui survient doit être discerné afin d’y saisir l’appel de Dieu. Cet appel saisi, il ne s’agit que de répondre oui. Nous n’avons pas à jurer mais bien simplement à consentir à l’action de Dieu et s’y rendre entièrement disponible.
De la même façon, si la réponse au discernement est non, notre réponse est appelée à être non. Une telle façon de vivre est plus simple et plus vraie, car elle nous ancre dans le réel de Dieu, et non dans l’imaginaire de nos serments, et, surtout, elle nous appelle à vivre tout ce qui se présente avec et en Dieu.
Tout « ce qui est en plus vient du Mauvais ». Comment cela est-il ? D’abord, dans un tel cas, c’est que nous menons alors notre vie sans Dieu en faisant tout reposer sur nous. Dans un tel cas, notre orgueil est très présent, et devenons les maîtres de notre cheminement et les maîtres du bien et du mal. Comme êtres blessés, nos serments prennent alors racine dans le mal même qui nous a été fait et que nous avons intériorisé, et dont l’essentiel est de vivre sans Dieu. Si bien que nous nous jetons ainsi entre les mains du mal qui nous habite. Nous nous livrons carrément à sa merci. Et le pire nous ne sommes même pas conscients que notre serment n’est pas fait en Dieu.
Inscrit dans le mal, notre serment nous fait un peu plus disparaître. Notre serment nous ensevelit dans la dépression, car nous ne sommes jamais capables seuls d’y répondre.
« Ce qui plus vient du Mauvais » a l’art de se cacher sous un « sceau » faussement divin. Croyant obéir à Dieu, nous obéissons au mal qui nous habite. Et, dans ces dialogues intérieurs liés à nos serments surgis du Mauvais, nous sommes pris à nous condamner, à nous juger, à nous sentir coupables, à accuser les autres, etc. De la même façon, paradoxalement, ces serments servent à justifier notre « droiture » ou notre « perfection », comme si la justice pouvait venir de nous, quand elle vient uniquement de la miséricorde de Dieu.
Ce texte est, disons-le, très décapant pour notre vie spirituelle. Bien sûr, il nous désarçonne mais c’est pour mieux nous rendre libres et, surtout, pour empêcher que, dans notre relation à Dieu, aux autres et à nous-mêmes, le Mauvais prenne toute la place. La simplicité de l’Amour ne demande que notre oui à tout ce qui vient de Dieu et notre non à tout ce qui ne vient pas de Lui.
Stéfan Thériault – stheriault@lepelerin.org
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