No 257 – série 2024-2025
Évangile du vendredi 6 juin – 7ème semaine de Pâques
« Sois le berger de mes agneaux. Sois le pasteur de mes brebis » (Jn 21, 15-19)
Jésus se manifesta encore aux disciples
sur le bord de la mer de Tibériade.
Quand ils eurent mangé,
Jésus dit à Simon-Pierre :
« Simon, fils de Jean,
m’aimes- tu vraiment, plus que ceux-ci ? »
Il lui répond :
« Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »
Jésus lui dit :
« Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois :
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? »
Il lui répond :
« Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »
Jésus lui dit :
« Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois :
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? »
Pierre fut peiné
parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait :
« M’aimes-tu ? »
Il lui répond :
« Seigneur, toi, tu sais tout :
tu sais bien que je t’aime. »
Jésus lui dit :
« Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis :
quand tu étais jeune,
tu mettais ta ceinture toi-même
pour aller là où tu voulais ;
quand tu seras vieux,
tu étendras les mains,
et c’est un autre qui te mettra ta ceinture,
pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort
Pierre rendrait gloire à Dieu.
Sur ces mots, il lui dit :
« Suis-moi. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 22 juin et que nous les reprendrons le lundi 8 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent
Méditation – Suivre la Bienveillance qui nous habite déjà
En commençant cette méditation, je prends quelques instants pour me déposer.
Je laisse résonner en moi cette dernière parole de l’Évangile d’aujourd’hui, que Jésus adresse à Pierre: «Suis-moi».
Suivre Jésus, marcher à sa suite ? Comment cela se traduit-il dans le feu roulant de mon existence ? Par quels chemins je me laisse conduire quand il s’agit de donner du sens à ma vie ?
« Suis-moi ! » Si l’on y regarde de près, voilà bien une parole qui nous est adressée constamment, chaque jour. Dans ce monde gouverné par ce que certains appellent une économie de l’attention, on rivalise d’astuces pour capter, détourner, parfois même monnayer notre temps de cerveau disponible. Notre consentement est souvent contourné dans un flux où notre adhésion est sollicitée en continu. Et l’on peut s’attendre à ce que le développement fulgurant — et encore peu régulé — de l’intelligence artificielle, transforme profondément nos existences, plaçant notre liberté devant des défis inédits.
Alors… qui suivre ? Et pourquoi ?
Revenons à ce « Suis-moi » lancé à Pierre il y a deux mille ans. Est-ce naïf de croire que cette parole pourrait encore avoir quelque validité, quelque lumière à offrir dans notre ère algorithmique ? Suivons attentivement le récit de cette rencontre entre Jésus ressuscité et Pierre. Marchons dans leurs pas pour comprendre l’avènement du consentement de Pierre, et voir s’il ne peut pas nous inspirer dans nos choix les plus fondamentaux.
Les commentateurs bibliques s’accordent pour reconnaître le parallèle entre cet épisode et celui où Pierre avait renié Jésus à trois reprises. Mais le Christ n’est pas gouverné par un esprit revanchard. La triple question qu’il lui adresse vient guérir la blessure du reniement, et restaurer Pierre dans sa mission d’amour et de service.
Ce qui frappe surtout, c’est la manière dont Jésus rejoint Pierre là où il en est. Il ne le somme pas d’être parfait, ni même à la hauteur. Il l’accueille tel qu’il est, et il sait que son « Tu sais bien que je t’aime » est la réponse d’un homme en chemin.
Pour bien saisir la richesse de ce dialogue, il vaut la peine de jeter un œil au texte grec.
On y découvre que deux mots différents sont utilisés pour dire « aimer ». Lorsque Jésus demande : « M’aimes-tu ? », il emploie le verbe agapaô, qui exprime l’amour inconditionnel, l’amour divin, l’agapè. Mais Pierre, dans ses réponses, utilise plutôt le verbe phileô, qui désigne un amour d’affection, d’amitié partagée. C’est d’ailleurs cet amour-là qui les a unis sur les routes de Galilée et dont il est encore profondément imprégné. Et c’est là, précisément, où se trouve Pierre : dans une fidélité affective, sincère, mais encore humaine et imparfaite. Et Jésus ne le corrige pas. Il ne s’offusque pas. Mieux encore, à la troisième question, c’est Jésus qui adopte le langage de Pierre et utilise phileô. Comme pour lui dire en somme: « Je te prends comme tu es. Ton amour me suffit. Marchons ensemble à partir de là. »
Pierre n’est pas choisi pour ses qualités exceptionnelles, mais parce que Jésus fait confiance à la profondeur de son attachement intérieur. Il sait que l’agapè est là, l’habite déjà. Et de son côté, le « oui » de Pierre, son acceptation de suivre Jésus jusqu’au bout, est fondé sur ce sentiment-même d’avoir été reconnu dans sa vérité, respecté dans sa liberté. La mission qu’il reçoit rejoint le plus intime de son être et lui permet de l’actualiser.
Cette agapè, semée au fond de chacun de nous et toujours prête à se déployer, la théologienne Lytta Basset la conçoit comme une Bienveillance fondamentale.
Elle écrit :
« Perception des limites… du potentiel de l’autre : la bienveillance se met à son pas, veille sur la semence enfouie, sur les moindres pousses.
Elle ne fait jamais pression parce qu’elle voit déjà l’arbre en floraison.
Elle s’émerveille de la petitesse des avancées de la vie au plus intime de l’humain.
Elle est réaliste : l’évolution d’une personne qui sort de son enfermement prend beaucoup de temps. Mais elle s’en réjouit : ce ne sera pas un feu de paille.
Elle accompagne un processus irréversible, au rythme des saisons de chacun. »[1]
Il n’existe pas de recette magique face aux défis quotidiens du discernement.
Mais lorsqu’il s’agit des grandes orientations de notre vie, une écoute intérieure de cette bienveillance divine en nous, à la mesure de notre liberté et de notre humanité est une voie sûre.
Comment mes choix de vie peuvent-ils être les fruits d’une écoute de ce qu’il y a de plus vivant en moi ?
Michel Rondeau – mikeround62@gmail.com
[1] Basset, Lytta. Oser la bienveillance. Albin Michel. 2014. Page 329.
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