No 271– série 2024-2025

Évangile du vendredi 20 juin 11ème semaine du temps ordinaire

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6, 19-23)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ne vous faites pas de trésors sur la terre,
là où les mites et les vers les dévorent,
où les voleurs percent les murs pour voler.
Mais faites-vous des trésors dans le ciel,
là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent,
pas de voleurs qui percent les murs pour voler.
Car là où est ton trésor,
là aussi sera ton cœur.

La lampe du corps, c’est l’œil.
Donc, si ton œil est limpide,
ton corps tout entier sera dans la lumière ;
mais si ton œil est mauvais,
ton corps tout entier sera dans les ténèbres.
Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres,
comme elles seront grandes, les ténèbres ! »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 22 juin et que nous les reprendrons le lundi 8 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent

Méditation – Une question de cœur et de regard

En commençant cette méditation, je prends le temps d’entrer en moi-même.

Je m’imagine ce lieu où Jésus prêchait. Je vois ces hommes et ces femmes, assis tout autour de lui, venus de partout pour entendre ses paroles. Des paroles de réconfort et d’espérance, adressées à ce qu’il y a d’unique et de précieux en chacun et en chacune.

Moi aussi, je suis là, assis(e) parmi eux. Je me laisse rejoindre par cette Bonne Nouvelle, toujours actuelle, jamais fanée. Je prends le temps d’être pleinement présent(e) à ce moment, et de le goûter.

Où est mon cœur ?  Ces paroles, issues du Sermon sur la montagne, sont un appel à regarder ma vie à partir de ce qui compte vraiment. Elles m’invitent à me recentrer, à revisiter ce qui oriente mes décisions, mon emploi du temps, mes choix.  Dans la Bible, le cœur est le lieu de la rencontre avec Dieu. C’est là que je découvre l’unique parole que je suis pour le monde. C’est le lieu « où est mon trésor », là où converge tout ce que je valorise, ce qui façonne mon identité profonde.

Mais alors, comment accéder à ce lieu ?  Il m’arrive parfois de ressentir que ce chemin vers l’intérieur est obscur, réservé à l’élite spirituelle des grandes âmes, des sages ou des saints.  Pourtant, Jésus, qui s’adressait à des gens simples, veut nous faire comprendre qu’il ne s’agit pas de la conquête héroïque et ardue d’un haut sommet, mais plutôt d’un dépouillement. Il nous invite à considérer la voie du cœur comme un lâcher-prise, comme un détachement des illusions de contrôle et des désirs de possession.

C’est aussi là un exercice de lucidité, un regard neuf sur ma vie qui m’aide à me décentrer de ces attachements à travers lesquels j’en viens à me définir par ce que je produis, ce que je possède, ce que j’accumule.

Le message de Jésus peut aussi déborder du cadre individuel et s’adresser au monde dans lequel nous vivons.  « Où notre monde met-il son cœur ? Quel trésor poursuivons-nous collectivement ? »

Alors que l’humanité se trouve à un moment crucial de son histoire, les paroles du Sermon sur la montagne résonnent à travers les voix de celles et ceux qui nous alertent sur la dégradation des écosystèmes, la crise climatique, les excès de la consommation, la montée des pouvoirs autoritaires et la concentration des richesses entre quelques mains.  Le philosophe Bruno Latour disait qu’il nous fallait « apprendre à redéfinir ce à quoi nous tenons, ce qui nous fait vivre » [1]. Il soulignait l’urgence d’habiter la Terre autrement, comme un lieu d’engagement, de relation, de finitude assumée.

Cette lecture rejoint celle du pape François. Dans Fratelli tutti, il nous appelait à remplacer la logique du « chacun pour soi » par une culture de la rencontre et du soin, à développer une spiritualité de la proximité et de la compassion, en particulier envers les plus pauvres. Dans Laudato Si’, il affirmait que « tout est lié » et que « la crise écologique est une crise de notre manière d’habiter la Terre » [2].

C’est pourquoi, en terminant cette méditation, je demande au Seigneur de clarifier mon regard. Qu’il m’aide à discerner ce qui donne vraiment sens à ma vie. Cette conversion ne concerne pas que ma vie personnelle. Elle me relie à un appel plus grand : celui de participer par mes humbles moyens à la transformation du monde.  Car là où est mon trésor, là est aussi ma responsabilité envers la terre, envers les autres, envers les générations à venir. Que mon cœur devienne un lieu d’ouverture, de communion et de solidarité. Et que mon regard, éclairé par l’Évangile, m’aide à habiter ce monde autrement : avec simplicité, vigilance et amour.

Michel Rondeau – mikeround62@gmail.com


[1] Bruno Latour.  Où atterrir ? p. 68

[2] Pape François, Laudato si, §117


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