No 253 – série 2024-2025
Évangile du lundi 2 juin – 7ème semaine de Pâques
« Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 29-33)
En ce temps-là,
les disciples de Jésus lui dirent :
« Voici que tu parles ouvertement
et non plus en images.
Maintenant nous savons que tu sais toutes choses,
et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge :
voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. »
Jésus leur répondit :
« Maintenant vous croyez !
Voici que l’heure vient – déjà elle est venue –
où vous serez dispersés chacun de son côté,
et vous me laisserez seul ;
mais je ne suis pas seul,
puisque le Père est avec moi.
Je vous ai parlé ainsi,
afin qu’en moi vous ayez la paix.
Dans le monde, vous avez à souffrir,
mais courage !
Moi, je suis vainqueur du monde. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 22 juin et que nous les reprendrons le lundi 8 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent
Méditation – Ce lieu secret où ton amour nous garde
Insaisissable Jésus… il se trouve toujours là où on ne l’attendait pas ! Les disciples s’inquiètent ? il les rassure : « Votre cœur se réjouira ! » (Jn 16, 22). Ils ne comprennent pas ? il leur explique avec patience. Mais s’ils pensent avoir enfin compris : « Nous croyons que tu es sorti de Dieu » (Jn 16, 30), le voilà qui pointe la fragilité de cette affirmation de foi toute neuve : « Vous serez dispersés, chacun de son côté, et vous me laisserez seul » (Jn 16, 32). Il semble vraiment impossible de prévoir ou de susciter une réaction attendue. Il nous entraîne toujours ailleurs que là où nous nous attendions à le trouver, pour peu que nous le laissions nous conduire. Au terme de cette sorte de partie de cache-cache où il nous fait chercher toujours un peu plus, l’enjeu est cependant bien celui de la paix, cette paix que nul ne pourra ravir, cette paix qui se déploie en celui qui est profondément enraciné en lui, et qui cependant ne supprime pas la souffrance.
Le pseudo-Denys l’aréopagite explicitait dès les premiers temps de la chrétienté en quoi consiste une telle paix, celle des profondeurs. Alors même que la tempête sévit à la surface de l’océan, à mesure que l’on plonge, il est possible de retrouver un espace de paix que les vagues de surface ne troublent nullement. L’âme est donc invitée, au jour de l’épreuve à rejoindre cette profondeur que rien ne peut altérer[i].
Tel est bien l’exemple que Jésus donne en cette heure grave où il annonce l’épreuve qui l’attend, et l’abandon de tous ceux qui pourtant l’assurent de leur fidélité. Quand il n’y a plus aucun appui humain, c’est bien en son Père et en lui seul que Jésus tire sa force et sa paix.
C’est cette paix-là que Jésus offre à ses disciples et, à travers eux, à chacun de nous. Non une paix factice ou illusoire, qui consisterait à écarter toute difficulté ou à esquiver la souffrance, mais une paix habitée, enracinée dans la certitude que, quelles que soient les circonstances extérieures, Dieu demeure présent et fidèle. Jésus n’occulte pas la dureté du combat : « Dans le monde, vous avez à souffrir », dit-il sans détour. Mais il ajoute aussitôt cette parole décisive : « Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33).
Ce « monde » que Jésus a vaincu, ce n’est pas la création en elle-même, mais ce système d’hostilité, de mensonge et de peur qui s’oppose à la lumière et cherche à étouffer l’espérance. Et cette victoire, il ne la remporte pas par la force ou la domination, mais par l’amour jusqu’au bout, par le don total de lui-même dans l’abandon au Père. Ce qui semble aux yeux des hommes un échec : la croix, l’abandon, la solitude, devient en réalité le lieu même du triomphe de l’amour.
Ainsi, pour celui qui demeure en lui, le tumulte du monde et l’épreuve inévitable ne sont plus des lieux de désespérance, mais des occasions de descendre en ce lieu secret où la paix de Dieu garde le cœur et l’esprit. La foi chrétienne ne promet pas une existence sans combat, mais elle ouvre un chemin où, même dispersés, même éprouvés, nous sommes mystérieusement tenus dans l’unité de Celui qui a vaincu.
Alors, comme les disciples à l’époque, nous sommes souvent tentés de croire que nous avons saisi, que nous avons compris et que la route est désormais claire. Mais Jésus nous rappelle que le chemin passe aussi par nos fuites, nos solitudes et nos découragements. Pourtant, même là, il reste fidèle. Il nous précède et nous attend dans cet espace de paix intérieure où rien ne peut nous séparer de lui.
Et c’est peut-être là la plus belle des consolations : savoir qu’en lui, aucune dispersion, aucune tempête, aucune nuit n’a le dernier mot. La victoire est déjà acquise, et elle se déploie patiemment dans nos vies, à mesure que nous acceptons de le laisser nous conduire plus loin que nos certitudes et nos sécurités.
Seigneur Jésus, apprends-nous à descendre dans ce lieu secret où ton amour nous garde et où rien ne pourra jamais nous séparer de toi.
Sœur Marie-Emmanuel Raffenel – raffenel@gmail.com
[i] Denys l’Aréopagite, les Noms divins, XI, 6
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