No 228 – série 2024-2025
Évangile du jeudi 8 mai – 3e semaine de Pâques
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel » (Jn 6, 44-51)
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Veuillez noter que les méditations en format audio sont temporairement indisponibles et seront de retour à partir de la semaine du 12 mai. Merci de votre compréhension !
Méditation – De pain et de paix
Le pain vivant descendu du ciel… je cherchais les mots pour la foi non rassurée de mes proches où accueillir le Christ en soi sous forme de pain de vie passait davantage pour une déraison polie. Voyons, comment peut-on croire qu’un homme mort sur une croix il y a 2000 ans peut se donner sous la forme d’une hostie ? Un peu de farine, un peu d’eau dans une fabrication en série… Pourtant, comme tant d’entre vous, je me rappelle le moment où la transsubstantiation est devenue une évidence, une trouée dans le réel que mes sens ne peuvent percevoir. Ce fut un moment d’une paix profonde et joyeuse, appartenant autant au mystère qu’à la conscience aiguë. Tout comme lorsqu’on accueille le vent par l’invisible caresse du visage, tout comme l’invisible énergie qui alimente l’ordinateur à l’aide duquel, je vous écris ces mots. L’Amour se donne aux creux de mes mains, invisible et si plénier qu’il agit par transfusion disait Christian de Chergé, qu’il agit par diffusion disait Saint Cyrille de Jérusalem. Porteurs du Christ, nous ne faisons qu’un seul Corps avec le sien, devenant ainsi associés à la nature divine disait Pierre (2P 1.4). Transfusée, associée à cet Amour qui nourrit ma pauvreté, élève mon humilité et me divinise aux creux de ma condition, ce qui m’est donné de croire est une paix envahissante, douce et inaltérable. Comme le levain s’assimile toute la pâte, le pain de vie du Ressuscité s’assimile mon être en donnant à vivre l’abondance de la paix du Christ.
Le Père Girard admettait qu’« il n’a jamais été naturel pour nous de penser à dresser la table quand la maison est en flamme » (Croire jusqu’à l’ivresse, 2006, p. 64). Pourtant le Sauveur, au moment le plus dramatique de son existence, plutôt que de demander de l’aide ou chercher à fuir, a plutôt rassemblé les siens pour célébrer sereinement. « Quand la haine s’apprête à déferler sur lui, il s’étudie à créer un climat de douceur et de communion. (…). C’est la douceur qui a mission de neutraliser la haine. Étrange tactique pour contrer la violence : quand tout est à feu et à sang, il importe moins de courir au plus urgent que de solidifier les racines de la paix ». Se rompre pour solidifier les racines de la paix.
En ce monde où la haine aussi ordinaire que spectaculaire ravage toute forme de relation, le pain vivant infuse la paix résistante. Rompre le pain ensemble, consommer ce pain en demeurant faibles et vulnérables à l’infini, pour reprendre les mots du Père Girard, paraît folie pure devant le désordre et le déchaînement. Pourtant cette nourriture, ce pain ferment de vie, levain de paix, nous assimile pour nous relever à l’Amour, nous élever à la douceur.
À la ressemblance de la fragile hostie, nous sommes un peu d’humus, un peu de souffle dans une création chérie. À l’image de l’Eucharistie, le Pain vivant nous infuse jusqu’à nos racines donnant à vivre une paix d’une douceur aussi déraisonnable qu’inespérée.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org

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