No 270– série 2024-2025

Évangile du jeudi 19 juin 11ème semaine du temps ordinaire

« Vous donc, priez ainsi » (Mt 6, 7-15)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Lorsque vous priez,
ne rabâchez pas comme les païens :
ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
Ne les imitez donc pas,
car votre Père sait de quoi vous avez besoin,
avant même que vous l’ayez demandé.
Vous donc, priez ainsi :
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Remets-nous nos dettes,
comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes
à nos débiteurs.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.

Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes,
votre Père céleste vous pardonnera aussi.
Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 22 juin et que nous les reprendrons le lundi 8 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent

Méditation – Avant même que vous l’ayez demandé

La plus belle des Paroles avec cette prière murmurée, proclamée, tous les jours depuis des milliers d’années. Dans le silence de la détresse qui étouffe les uns, dans la louange que transpire la joie des autres. Des milliards de lèvres qui remuent, des milliards de mains jointes s’adressent au Père céleste, dans les cieux abrités par les autres, dans le bleu qui tapisse le fond de son propre cœur.

Le Notre Père est le rappel de l’Alliance avec ce Dieu dont la pauvreté peut tout, dont l’humilité élève tout, dont la miséricorde renouvelle tout. Cette prière c’est la promesse de la réciprocité qui humanise l’un, divinise l’autre, et pas toujours le même. Une prière de co-création, de participation, d’exaucement pour une paix universelle et souveraine, pour un amour qui défie toute gravité humaine. Sanctifier, appeler Son règne, accomplir Sa volonté sont les instructions si simples, si réalistes, si possibles pour révéler le secret inouï du Très-Bas : tout est déjà exaucé, je suis déjà sauvée avant même que je l’ai demandé…. Jusqu’à quand vais-je retarder la saisie de cette vérité si extraordinaire que j’ai l’impression qu’elle n’est pas encore parvenue dans l’ordinaire? Déjà là et pas encore. Selon le dictionnaire, l’ordinaire c’est ce qui découle d’un ordre de choses ou appartient à type présenté comme commun et normal (www.cnrtl.fr).

L’ordre des choses, le commun, le normal ? À l’instar de la personne raisonnable qui n’existe que dans un concept de justice, se fondre dans l’ordre des choses, être commun et normal n’est qu’un concept tout aussi désincarné. En nos sociétés déconstruites, valorisant la toute-puissance de l’égo et ne normalisant que la pleine capacité des privilégiés, l’ordinaire est la banalisation de la frontière avec la déshumanisation.

Or, cette prière est extraordinaire, elle est en dehors de l’ordinaire dans l’horizon d’un Lazare qui ressuscite, d’un fils prodigue qui se redresse, d’une samaritaine bannie qui accourt sans peur vers la foule, d’un aveugle ébloui par la couleur crue du ciel, de l’exorcisé ébahi par sa propre voix qu’il entend pour la première fois. Marchant à travers les tuiles d’une toiture défaite pour un paralytique qui m’était hier encore inconnu, mes enfermements deviennent ouverture, ma demeure donne sur le ciel si pur, mon ordinaire ne se déploie que vers l’autre, vers ce dehors de moi, étranger à toute personne raisonnable, dans ce dehors d’infini et d’éternité où je nous retrouve, toi à mes côtés, enfin fraternels et féconds.

Notre Père qui es aux cieux; ce ciel pluriel si invisible et si présent; ce dehors qui se communique à nous du dedans par touche de miséricorde, d’intelligence du cœur et d’amour inattendu. C’est au cœur de notre pauvreté, de notre humilité, de notre interdépendance que notre amour devient déraisonnable et co-créateur. C’est au cœur de ma vulnérabilité, de mon besoin de l’autre et de mon désir de Dieu que je deviens prière. C’est au cœur de Sa pauvreté, de son besoin d’incarnation et de son désir pour nous qu’Il devient Notre Père.

Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org


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