No 266 – série 2024-2025
Évangile du dimanche 15 juin – Sainte Trinité
« Tout ce que possède le Père est à moi ; l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-15)
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Veuillez noter que nous terminerons nos méditations ce dimanche 22 juin et que nous les reprendrons le lundi 8 septembre. Nous vous remercions de nous avoir lu durant toute cette année et nous espérons vous revoir en septembre. Bonnes vacances et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Barbara, Dany, Halyna, Laurence, Marie-Emmanuel, Martial, Michel, Paolo, Stéfan et Vincent
Méditation – J’ai tant de choses à vous dire…
Dans ce maintenant où nous n’avons pas encore la force de porter tout ce que Jésus veut nous dire, sa Parole nous accompagne. Dans ce que nous ne comprenons pas encore, sa Parole, respectueuse de notre incapacité, nous annonce la venue de l’Esprit de vérité qui nous conduira dans la vérité tout entière. Le temps devient ainsi l’espace béni où nous sommes invités à nous laisser enseigner. Il n’est pas trop tard… nous ne sommes pas condamnés par notre incapacité présente si réelle…
Pour les disciples pourtant, le temps qui vient est celui de la mort de Jésus, expressif de cet Amour dont rien ne peut nous séparer, ni notre mal, ni notre péché. Il ressuscitera bien sûr, mais pour disparaître à nouveau lors de l’Ascension… départ nécessaire pour que l’Esprit nous soit donné. Le « visible » de ce chemin est pour le moins déroutant… Seule sa Parole peut briller dans ces nuits de déroute où l’absence semble avoir le dernier mot. Et pourtant, voilà que Jésus annonce que cette absence sera l’espace de la venue de l’Esprit, qui nous conduira dans la vérité tout entière. C’est Lui qui nous donnera de pouvoir porter ce dont nous n’avons pas encore la capacité maintenant.
La fête que nous célébrons aujourd’hui porte justement la trace de ce cheminement dans la vérité. Sans que le dogme de la Trinité soit explicitement nommé dans le Nouveau Testament, les trois personnes y sont nommées et s’y manifestent à plusieurs reprises. Au fil des siècles, avec les premiers conciles, spécialement celui de Nicée en 325 et celui de Constantinople en 381, ce dogme se formule et s’affirme.
Si ce cheminement dans son affirmation dogmatique a nécessité un long parcours, il en est de même pour nous. La polarité suscitée par le mal et par nos blessures nous fait projeter sur Dieu l’image d’un Tout-puissant, devant lequel nous avons peur et pour lequel nous devons gagner le ciel à coup de sacrifices. Nous projetons sur Lui les caricatures des fausses grandeurs issues de notre manière de nous construire et de tenter de survivre au cœur de tout ce qui nous a blessés. Dans la forteresse de notre rationalité froide, nous en faisons même le Dieu Cause-première de tout, qui nous punit du moindre faux pas en avant.
Maurice Zundel, grand spirituel de notre temps, parle ainsi de la Trinité…
« Que de sottises on a dites sur la Trinité quand on a essayé de montrer que la Trinité est quelque chose à la fois d’incompréhensible et non contradictoire ! Pour l’expérience mystique, rien de plus simple. La Trinité, cela veut dire que Dieu n’est pas quelqu’un qui se regarde et tourne autour de soi, qui se gargarise de Lui-même, mais au contraire Quelqu’un qui se donne… » « Cela veut dire que Dieu est une communion, une respiration d’amour, un dépouillement, une enfance éternelle, une naissance inépuisable, une nouveauté qui jaillit sans cesse, enfin une Pauvreté indépassable comme François l’a si bien deviné. »[1]
Pour parler de ce mystère dont la relation est le cœur, Zundel prendra l’image d’une demeure : lorsqu’on y entre, on peut sentir, à travers l’aménagement des lieux, un certain climat… un climat de paix, de beauté, de joie, d’accueil… qui fait que l’on se sent bien. Le dialogue qui s’inscrit par la relation entre les couleurs, les meubles, les lampes, les rideaux, les tableaux et tout ce qui s’y trouve, nous fait entrer dans une ambiance qui, sans mot, nous fait du bien. Prenez les mêmes éléments et placez-les pêle-mêle dans un garde-robe, et tout disparaît dans le chaos de l’absence de relation.
« Dieu subsiste totalement à l’état de don… Il est Dieu parce qu’Il ne peut que Se donner… En la Trinité, Dieu est libre de Lui-même puisqu’il n’est aucunement attaché à soi, étant uniquement et éternellement communication totale de Lui-même. »[2]
« En dehors du rayonnement trinitaire, nous sommes tentés de nous crisper sur nous-mêmes, de défendre notre inviolabilité comme notre propriété et d’exclure tout ce qui n’en est pas l’affirmation inconditionnelle! Dans ce rayonnement trinitaire, voilà que tout d’un coup, avec la révélation de la Trinité, nous sommes appelés à comprendre que cette inviolabilité signifie le pouvoir merveilleux et inaliénable de faire de tout notre être une offrande, de n’être pas condamnés à subir notre existence, mais de pouvoir nous en dépouiller en la communiquant. »[3]
« En Jésus-Christ, le Dieu éternel qui était jusque-là imparfaitement connu, se révèle comme Trinité, c’est-à-dire qu’Il se révèle comme éternelle communion d’amour. C’est cet événement colossal de l’Incarnation qui enracine la Trinité dans notre Histoire. »[4]
« Et désormais, enfin, nous pouvons respirer parce que Dieu, le seul vrai Dieu, ne vient pas à nous autrement que comme l’Amour, l’Amour qui ne nous touche que par son Amour, Amour si grand et infini que nous ne pouvons L’atteindre nous-mêmes que par notre amour. »[5]
Cette expérience n’est pas lointaine… l’émerveillement en est souvent l’expression.
J’ai été témoin du regard d’un père sur sa petite fille qu’il tenait dans ses bras, tout émerveillé… il ne se voyait plus… il était tout élan vers sa fille qui, elle-même, était plongée dans le regard de son papa… Ils étaient vivants, délivrés de toute adhérence à eux-mêmes…
Saisis par l’amour, sans même le savoir, la Trinité dansait dans leurs yeux et leur cœur parlait déjà le langage de la résurrection promise.
Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com
[1] « Un autre regard sur l’homme », Maurice Zundel, Paroles choisies par Paul Debains, Le Sarment 1996, Éditions du Jubilé 2005, p. 76
[2] « Un autre regard sur l’homme », Maurice Zundel, Paroles choisies par Paul Debains, Le Sarment 1996, Éditions du Jubilé 2005, p. 73
[3] « Un autre regard sur l’homme », Maurice Zundel, Paroles choisies par Paul Debains, Le Sarment 1996, Éditions du Jubilé 2005, p. 80
[4] « Un autre regard sur l’homme », Maurice Zundel, Paroles choisies par Paul Debains, Le Sarment 1996, Éditions du Jubilé 2005, p. 82
[5] « Un autre regard sur l’homme », Maurice Zundel, Paroles choisies par Paul Debains, Le Sarment 1996, Éditions du Jubilé 2005, p. 79
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