Il n’est pas rare que des membres de la Communauté du Pèlerin se demandent quel est le sens de la montée pascale que nous vivons tous les ans durant les jours saints. Et pourquoi parle-t-on de montée ? Et est-ce vraiment nécessaire de vivre cette montée pour que le temps pascal ait un sens ?

Soyez assurés qu’il est tout à fait normal que ce type de questions viennent un jour ou l’autre à notre esprit. Cela ne dit aucunement que nous sommes en train de semer le doute au cœur de notre foi. Bien au contraire, cela ouvre la voie à un éclairage sur le cheminement que notre intelligence a besoin de faire afin que nous puissions exercer notre foi en toute liberté.

Prenons ensemble le temps de revisiter les moments importants de ces derniers jours. Nous avons partagé avec Jésus la joie du dimanche des Rameaux où nous sommes entrés avec Lui dans Jérusalem. Comme c’est son habitude, le Seigneur nous a fait vivre avec Lui et ses disciples un temps de joie avant de commencer la descente des jours saints.

Tout va débuter par un geste d’une grande humilité de Jésus qui est le lavement des pieds de ses Apôtres. Le Seigneur s’abaisse au niveau du serviteur devant ses Disciples et Il nous enseigne à faire de même. Suivra le nouveau rite qui est la première célébration eucharistique où Jésus donnera son corps et son sang à manger et à boire. C’est le grand miracle d’amour annonçant la rémission de nos péchés par son sang et le don qui nous est fait de la Vie éternelle par le Pain de vie qui est son corps. Toutefois, comme les Apôtres nous ne réalisons pas totalement tout le don qui nous est fait.

Un peu plus tard, au jardin des Oliviers, un de nos semblables en la personne de Judas trahira Jésus en le livrant à ceux qui le haïssent. Ils le jugeront et le condamneront à la mort. C’est alors que commence un procès injuste par les responsables religieux juifs et les responsables politiques romains. À cette étape, beaucoup d’entre nous vivent des sentiments d’injustice, de trahison, d’abandon et de rejet se rappelant que nous avons déjà vécu cela dans le passé et que nous avons pu imposer à d’autres à notre tour. Ce sont souvent des prises de conscience douloureuses que des auteurs spirituels appellent des repentances psychologiques.

Voilà que la maltraitance affligée à Jésus par la flagellation, le chemin de croix et la crucifixion fissure en nous toutes nos résistances. À cette nouvelle étape de la descente, il arrive fréquemment de chercher un coupable pour ce qui arrive à Jésus. En effet, on n’a pas seulement essayé de détruire son esprit en l’humiliant et lui montrant l’horrible mort qui l’attendait, on est allé jusqu’à détruire son corps. On voulait anéantir tout ce qu’Il représentait et ce qui le constituait comme être humain. En aucun cas on ne peut accepter de participer au mal que l’on a fait à cet Innocent. Quoique pour certains d’entre nous, il y a une reconnaissance de la capacité de faire le mal et que nous aurions pu exercer une telle violence envers un autre être humain.

Finalement, c’est la mise au tombeau. Le mal ne peut plus rien faire à Jésus. Il ne peut rien détruire de plus en Lui, c’est le samedi saint. C’est le temps où Jésus descend au séjour des morts pour les libérer. C’est pour nous un temps d’attente et de relecture de la vie du Sauveur. On se remémore tout ce qu’Il a fait de beau et de bon tout au long de son ministère. Lors de la veillée au tombeau, on réalise que Jésus est bel et bien l’agneau de Dieu et le Sauveur envoyé pour nous libérer de nos propres tombeaux où nous nous sommes enfermés souvent inconsciemment. C’est à ce moment précis où chacun(e) de nous est invité(e) à faire un choix. Celui de ne plus être celui ou celle par qui le mal entre dans le monde.

Aux premières lueurs du matin de Pâques, le Mystère de la Résurrection se révèle à nous. Le Souffle est donné au corps inerte de Jésus et Il devient Autre. Dorénavant, Il ne s’appelle plus Jésus, mais Jésus Christ.

Combien de fois, le lendemain de Pâques, avons-nous retourné à nos occupations en oubliant tout de ce que nous venions de vivre ? À la manière des Disciples de Jésus, avons-nous pris le temps d’accueillir le don de Pâques ? Et avons-nous eu l’élan de le redonner à notre tour ? Rappelons-nous que les Apôtres ont reçu le don de l’Esprit des mains du Ressuscité et c’est ce même Esprit qui a libéré en eux le désir de réaliser leur mission apostolique.

Jésus nous dit : « Je proclame une année de grâce. » (Lc 4, 19) et « Viens et suis-moi. » (Jn 1, 43) Voilà tout est en place pour compléter notre montée pascale et ressuscité avec le Christ. Demandons que le désir monte en nous de devenir un peu plus ce que nous sommes appelés à être; des témoins de Jésus Christ ressuscité.

Un très joyeux temps pascal dans l’accueil du don a redonné.

Martial Brassard, Répondant des CdP