No 62 – série 2025-2026

Évangile du jeudi 6 novembre 2025 – 31e semaine du temps ordinaire

« Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15, 1-10)

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion.
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !” Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Les 99

Je retrouve ce matin la savoureuse parabole de la brebis perdue. Le désir de s’écarter du conformisme et de la bien-pensance qui instaurent un confort moralisateur de fils aînés, la quête d’une toute-puissance confondue avec la liberté, cette soif de conquête, d’aventure et d’extériorité. Il y aurait tant à méditer sur notre tiraillement quotidien entre le désir, la passion de la brebis perdue et l’abandon vécu par les 99 qui se trouvaient justes. Au cœur de cette parabole, il y a la joie, si immense qu’elle rassemble et appartient à la splendeur du ciel.

Or, c’est le chagrin de sainte Monique qui m’habite ce matin : le chagrin d’une mère qui est sur le point de saisir que son enfant perdu est pourtant déjà sauvé. Saint Augustin est sans aucun doute cette brebis passionnée et perdue, si vif, si prodigue, si brillant et si manichéen. En songe et en prière, Monique sera visitée et consolée par les songes puis par un évêque : « Ne crains pas. Il est impossible que périsse ce fils de tant de larmes ». Monique aura tant pleuré, elle aura tant traversé, écorchée la colère et la désespérance. 15 ans de larmes et de prières pour que l’errance d’Augustin rencontre l’accueil foudroyant du Père. Combien sommes-nous de mères, biologiques, adoptives, spirituelles, à avoir tant pleuré sur cet enfant perdu, cette brebis passionnée, ingrate, féconde et brillante comme le firmament ? Pour ces enfants qui prennent les chemins de traverses et le rejet de la foi, avons-nous conscience que Dieu est déjà à leur recherche et que son élan prend sa source dans notre prière et nos larmes ?

Contemplant le berger qui abandonne les 99 autres au désert, ajoutera Chouraqui dans sa traduction, une tendresse sur le seuil de l’adoration se fait jour. Ces 99 brebis-mères n’ont pas besoin de retour ou de conversion car elles sont les agents même de la conversion. Dans le regard éploré de toutes les Monique qui nous habitent, le berger a pu les délaisser dans de telles conditions, non pas parce qu’il les estimait plus conformes mais parce qu’il avait foi en elles. Une communauté priant le retour d’une des leurs, se préparant à accueillir avec la tendresse de Marie, avec la puissance si fragile et délicate de la consolation, le retour de cette enfant-sœur et ses égarements. Le départ de cette brebis leur a peut-être permis d’entrer dans cet approfondissement de la dimension maternelle et paternelle de Dieu afin de devenir une demeure pour l’autre. Une demeure comme une donation, un pardon qui vivifie et célèbre le retour tant espéré même si la brebis n’est plus celle qui avait quitté. Cet autre qui s’est perdu dans sa passion mais qui a certainement gardé sa passion par la conversion vécue, pour paraphraser saint Augustin, transformera à son tour chacune des 99 semblables. J’aime à croire que l’esclave servante qui sortira Monique de l’alcoolisme par l’audace et l’injure faisait aussi partie de ce troupeau de tendresse et de salut. Ce troupeau au désert qui accueille nos pauvretés sont comme force priante, consolatrice et comme élan. Ce troupeau au désert qui fait notre demeure.

Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org


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