No 229 – série 2024-2025

Évangile du vendredi 9 mai 3e semaine de Pâques

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 52-59)

En ce temps-là, les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Voilà ce que Jésus a dit alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Veuillez noter que les méditations en format audio sont temporairement indisponibles et seront de retour à partir de la semaine du 12 mai. Merci de votre compréhension !

Méditation – Communier de chair et de sang

On raconte que le cannibalisme a été l’une des premières accusations contre lesquelles la communauté chrétienne primitive a dû se défendre. Le rituel, qui consistait à manger du pain et à boire du vin en l’associant au corps et au sang d’un maître spirituel, suscitait alors incompréhension, suspicion, voire indignation dans le monde romain. Même les Juifs, nous relate Jean, s’en offusquaient. Il faut dire que les paroles utilisées dans son évangile que nous venons de lire, « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle », peuvent encore aujourd’hui provoquer une certaine confusion ou même faire sourire dans notre monde sécularisé.  Pensée magique?  Illusion tranquillisante? Rituel désuet ?

Peut-être aurait-il été plus simple si Jésus avait dit : « Celui qui pense à moi, celui qui réfléchit à moi ou même celui qui me prie aura la vie éternelle. » Mais il a préféré une formulation beaucoup plus concrète que le fait de penser ou de parler : manger, boire. Dieu se donne en nourriture. Qu’en est-il ?

L’auteur de ce texte évangélique semble avoir voulu répondre à un défi fondamental au sein de la jeune Église : mettre en avant le caractère profondément incarné de la foi face à ceux qui cherchaient à la spiritualiser à l’excès. Le Dieu auquel nous croyons ne se tient pas à distance de sa création, l’observant en surplomb du haut de son ciel. Il s’y immerge, il l’habite, il se mêle à elle. C’est là sa manière d’aimer le monde. Comme le disait un théologien : « Dieu aime toutes choses en devenant elles. »[1] Cette approche nous invite à revoir la frontière entre naturel et surnaturel, sacré et profane. Tout ce qui existe porte sa présence et en est la révélation.

L’expérience de cette présence ne s’arrête pas à une simple relation individuelle entre l’âme et Dieu. L’Eucharistie est fondamentalement un acte communautaire, un geste qui unit ceux et celles qui y participent dans un même corps. Manger ensemble le Pain vivant, c’est reconnaître que nous sommes fait.es de la même vie, que nous sommes relié.es les un.es aux autres et que nous faisons indissociablement partie de la mince couche de vie qui recouvre notre planète. Le sang du Christ, qui coule pour nous, nous appelle aussi à la communion avec la souffrance de tous ceux et de toutes celles qui sont exclu.es, persécuté.es, nié.es dans leur dignité.

Ainsi, communier au corps et au sang du Christ nous rétablit en contact avec la réalité divine qui imprègne toute chose. Le Vivant, le Pain, Celui qui donne la vie, se fait présence dans l’être que je suis aujourd’hui et m’invite à voir cette présence aussi chez les autres. Au-delà du rituel, c’est un appel à une transformation profonde, un engagement à reconnaître et à accueillir le divin en chaque fragment du monde, en chaque personne rencontrée, en chaque chair.

En terminant cette méditation, je peux entrer en moi-même pour prendre le temps de me demander: comment l’expérience de l’Eucharistie me transforme-t-elle et me relie-t-elle aux autres ?  (silence) Quelle expérience de communion suis-je appelé à vivre aujourd’hui?

Michel Rondeau – mikeround62@gmail.com


[1] Richard Rohr.  The universal Christ: how a forgotten reality can change everything we see, hope for and believe.




DROIT D’AUTEUR

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