No 63 – série 2025-2026

Évangile du vendredi 7 novembre 2025 – 31e semaine du temps ordinaire

« Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière » (Lc 16, 1-8)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : “Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.” Le gérant se dit en lui-même : “Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.” Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : “Combien dois-tu à mon maître ?” Il répondit : “Cent barils d’huile.” Le gérant lui dit : “Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.” Puis il demanda à un autre : “Et toi, combien dois-tu ?” Il répondit : “Cent sacs de blé.” Le gérant lui dit : “Voici ton reçu, écris 80.” Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Reconsidérer sa propre manière d’être et de faire

L’Évangile du jour nous sert une autre parabole de Jésus contenant un message important pour nous. Chacune et chacun de nous est invité à trouver sa propre « clé  » pour la saisir. Il existe plusieurs commentaires bibliques qui expliquent ce passage de l’Évangile qui semble être assez contradictoire avec les autres écritures saintes. Il est surtout surprenant à cause de la louange adressée au gérant malhonnête. Selon certaines sources, lorsque le gérant diminue des dettes que les personnes devaient à son maître, il abandonne en réalité son propre profit qu’il tirait aux dépens des possessions de son maître. C’est la raison pour laquelle son maître l’a loué. Un autre point est éclairé par le texte suivant : « Comprenons bien : ce n’est pas sa corruption dont Jésus fait l’éloge, mais plutôt la sagacité avec laquelle il agit, même dans une circonstance difficile. En effet, le voilà désormais sans travail, puisque son maître, le riche, l’a renvoyé, précisément pour canaillerie. Afin d’assurer son futur, l’ancien gérant cherche à se faire des amis parmi les anciens clients de son patron »[1].

Avec la phrase « les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière », Jésus souligne qu’on peut apprendre même « des fils du monde » l’habilité qu’ils ont pour préparer leur avenir. Les « fils de la lumière »[2] doivent faire le même effort pour atteindre les richesses plus grandes de la vie éternelle. L’autre aspect qui est important dans cette parabole, c’est l’importance des relations. L’argent, le profit, les statuts prennent fin un jour. Ce qui reste et qui nous aide à vivre, ce sont les relations avec les autres.

… J’ai relu cette parabole et un nouvel aspect s’ouvre pour moi dans la première phrase : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens ». Cette phrase m’interpelle. Qui est cet homme riche qui a confié ses biens à un dirigeant ? Je l’identifie avec Dieu. Tout provient de Lui, c’est Lui la source de tous les biens sur la terre. Et le dirigeant, c’est moi ou chaque être humain qui reçoit tout de Dieu. La question posée par Saint-Paul me traverse la tête : « As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? (1 Cor 4, 7).

Je m’arrête un instant pour penser aux biens que j’avais reçus : la vie comme un bien principal, la création – notre maison commune, les relations, les talents, les dons personnels, le temps, l’amour, les opportunités, les circonstances favorables, les appels, les inspirations, les révélations…  Dieu est tellement généreux d’avoir partagé tous ces biens avec moi, ainsi que le pouvoir de les gérer. Sa confiance est vraiment extraordinaire. Et moi, qu’est-ce que je fais avec tout cela ? Suis-je une bonne gérante de tous ces biens ? Si aujourd’hui le Seigneur me demandait : « Rends-moi les comptes de ta gestion », que dirais-je ou que ferais-je pour lui répondre ?

Le verbe « dilapider » ne s’applique pas seulement à la dépense de l’argent avec excès et avec désordre. Il peut aussi avoir une signification plus large : « gaspiller quelque chose, le dépenser inutilement, gâcher »[3]. Il peut arriver qu’on gaspille la chance de vivre sa propre vie unique, un don que chacun de nous possède. On se gâche la vie quand on vit la vie de l’autre, quand on vit à moitié, en dilapidant un temps précieux pour ce qui est finalement superflu, quand on ne réalise pas sa propre vocation, quand on plonge dans les illusions sur nous-même ou sur les autres, quand on rate les opportunités qui se présentent, quand on n’écoute pas la voix intérieure qui dit “reviens” au moment où nous nous écartons de notre chemin… Cette parabole invite chacun de nous à reconsidérer sa propre manière d’être et de faire.

Halyna Krysthal – hkryshtal@lepelerin.org


[1] Emanuelle Pastore, Le mystérieux gérant qui est à la fois sage et malhonnête

[2] Dans les premiers siècles dans la tradition liturgique byzantine, les personnes baptisées sont appelées les illuminés et le baptême lui-même est appelé l’illumination. Cf. W. Świerzawski, Chrzest, Sandomierz 1984, p. 126.

[3] https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/dilapider/25552)


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