No 56 – série 2025-2026
Évangile du vendredi 31 octobre 2025 – 17e semaine du temps ordinaire
« Si l’un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer, même le jour du sabbat ? » (Lc 14, 1-6)
Un jour de sabbat,
Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens
pour y prendre son repas,
et ces derniers l’observaient.
    Or voici qu’il y avait devant lui
un homme atteint d’hydropisie.
    Prenant la parole,
Jésus s’adressa aux docteurs de la Loi et aux pharisiens
pour leur demander :
« Est-il permis, oui ou non,
de faire une guérison le jour du sabbat ? »
    Ils gardèrent le silence.
Tenant alors le malade, Jésus le guérit et le laissa aller.
    Puis il leur dit :
« Si l’un de vous a un fils ou un bœuf
qui tombe dans un puits,
ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer,
même le jour du sabbat ? »
    Et ils furent incapables de trouver une réponse.
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Tenir à la vie plutôt qu’à la Loi
À quoi, à qui tenons-nous ? À des principes, des lois, des repères qui nous rassurent ? À ces certitudes qui nous placent du côté de ceux qui savent, qui ont raison, et qui, parfois, se croient autorisés à juger les autres ?
La question pourrait nourrir bien des débats… c’est déjà celle que les pharisiens posent à Jésus, silencieusement, par la mise en scène de cet homme malade placé devant lui, lors de ce repas où ils l’observent, un jour de sabbat.
L’évangile précise : Jésus « tenant » le malade…
Cette expression est unique et retient l’attention. Avant de le guérir, Jésus tient l’homme. Je le comprends sous la forme : il tient à lui. Son geste révèle sa proximité, sa fidélité à la vie de l’autre. Il tend la main, comme il est dit dans le psaume :
« Tends-moi la main, délivre-moi, sauve-moi du gouffre des eaux » (Ps 143,7).
Jésus touche, mais sans emprise. Il relève, soigne (le verbe grec le dit bien : soigner, et non simplement guérir), puis il laisse repartir. Il rend à l’homme la liberté de vivre.
C’est ainsi que Jésus « accomplit » la Loi : en la mettant au service de la vie.
De ce malade, nous ne savons rien, sinon le nom de sa maladie : l’hydropisie.
Un mot rare, étrange, d’une précision que seul le médecin St Luc retient. Le dictionnaire parle d’œdème, mais la tradition juive y voit aussi une image spirituelle, un gonflement dû à l’excès : excès d’eau, d’orgueil, ou… de Loi. Car le midrash rappelle que le mot « guf » signifie à la fois corps et doctrine : quand la Loi se démultiplie et devient trop pesante, elle peut étouffer le corps de la doctrine, ou plus précisément la noyer. Cette eau qui met la vie de l’hydropique en danger, est celle aussi dans laquelle pourraient se noyer le fils ou l’âne de ses auditeurs. Eau source de vie, mais dont l’excès conduit à la mort.
Ainsi, alléger ce qui est excessif, redonner souffle, c’est ouvrir un chemin de vie.
Jésus, en guérissant un jour de sabbat, révèle que le respect de la Loi n’a de sens que s’il sert la vie. Le sabbat, jour de repos, devient jour de relèvement.
Alors, à quoi, à qui tenons-nous ?
Sommes-nous prêts à reconnaître que tenir à la Loi n’a de valeur que si nous tenons d’abord aux personnes ?
Jésus ne supprime pas la Loi, mais il en révèle la finalité : elle est au service de la vie, de la relation, de la croissance.
Dans l’accompagnement spirituel comme dans la vie quotidienne, il ne s’agit pas de se réfugier derrière un principe pour éviter d’avoir à exercer son discernement, mais d’oser écouter ce que notre conscience inspire dans chaque situation.
Tenir à la vie, tenir à l’autre, tenir à Dieu : voilà la Loi accomplie.
Libère-nous, Seigneur, de ce qui alourdit nos cœurs, de nos excès de loi, de nos certitudes trop étroites.
Donne-nous un regard qui choisisse toujours la vie, et une parole qui relève plutôt qu’elle ne juge.
Sr Marie-Emmanuel Raffenel – raffenel@gmail.com
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