No 28 – série 2025-2026

Évangile du vendredi 3 octobre 2025 – 26e semaine du temps ordinaire

« Celui qui me rejette rejette celui qui m’a envoyé » (Lc 10, 13-16)

En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que leurs habitants auraient fait pénitence, avec le sac et la cendre. D’ailleurs, Tyr et Sidon seront mieux traitées que vous lors du Jugement. Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non, jusqu’au séjour des morts tu descendras !
Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Les signes de Dieu

Il y a des paroles de Jésus que nous aimons retrouver : elles consolent, elles rassurent, elles ouvrent un horizon de paix et de confiance. Mais il y en a d’autres qui nous déstabilisent, nous dérangent, voire nous choquent. La péricope de ce jour en fait partie : Jésus y prononce des paroles sévères contre Corazine, Bethsaïde ou encore Capharnaüm. À première lecture, elles peuvent susciter notre incompréhension ou même notre révolte : comment le Dieu d’amour, celui que Jésus révèle comme Père miséricordieux, pourrait-il condamner ainsi des villes entières ?

Pourtant, si l’on regarde de plus près, il ne s’agit pas d’un rejet de la part de Dieu. Jésus ne maudit pas ces cités, il constate plutôt que leurs habitants se sont eux-mêmes engagés sur un chemin de fermeture et d’aveuglement. Ils n’ont pas su reconnaître les signes donnés, ni accueillir l’appel à la conversion. Leur « malheur » ne vient pas d’une punition divine, mais de leur incapacité à s’ouvrir à la Vie qui leur était proposée. Ce qui est en jeu, ce n’est pas un verdict arbitraire, mais la conséquence d’un refus.

Cette parole de Jésus devient alors une invitation pressante à examiner nos propres vies. Quels sont les signes de Dieu que nous avons tendance à ignorer ? Où demeurons-nous aveugles, sourds ou endurcis ? Le Seigneur continue, aujourd’hui encore, à se manifester dans l’histoire, dans les événements du monde, mais aussi dans les visages et les voix de nos frères et sœurs. La vraie question est : avons-nous le cœur assez ouvert pour reconnaître sa présence et recevoir son appel à la conversion ?

Dans le cadre de l’accompagnement spirituel, ce passage prend une résonance particulière. L’accompagnateur n’est pas celui qui « apporte » Dieu, mais celui qui aide à discerner les signes déjà présents dans une vie. Comme Jésus le faisait avec ses disciples, il apprend à ouvrir les yeux, à relire les événements, à découvrir que l’Esprit est déjà à l’œuvre. Mais il sait aussi que ce discernement demande une attitude intérieure : humilité, vigilance, disponibilité. Car il est facile de passer à côté des signes, de les minimiser ou de les fuir, lorsqu’ils dérangent ou appellent à un changement concret.

L’évangile de ce jour nous rappelle que l’annonce du Royaume n’est pas neutre : elle appelle une réponse. Elle provoque une prise de position, parfois douloureuse, mais toujours salutaire. L’accompagnateur spirituel est invité à respecter ce chemin de liberté, sans juger, mais en aidant la personne à percevoir où se joue pour elle la vie véritable.

Ainsi, cette parole exigeante de Jésus ne ferme pas l’horizon, mais l’élargit. Elle nous invite à la vigilance du cœur, à la reconnaissance des signes, et à l’audace de la conversion. Pour qui sait accueillir cette interpellation, elle devient un chemin de croissance, un passage de la fermeture à l’ouverture, de l’aveuglement à la lumière, de la résignation au souffle de l’Esprit.

Marie-Emmanuel Raffenel – raffenel@gmail.com


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