No 42 – série 2025-2026
Évangile du vendredi 17 octobre 2025 – 28e semaine du temps ordinaire
« Les cheveux de votre tête sont tous comptés » (Lc 12, 1-7)
En ce temps-là, comme la foule s’était rassemblée par milliers au point qu’on s’écrasait, Jésus, s’adressant d’abord à ses disciples, se mit à dire : « Méfiez-vous du levain des pharisiens, c’est-à-dire de leur hypocrisie. Tout ce qui est couvert d’un voile sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Aussi tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu en pleine lumière, ce que vous aurez dit à l’oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits. Je vous le dis, à vous mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre. Est-ce que l’on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous. Or pas un seul n’est oublié au regard de Dieu. À plus forte raison les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus qu’une multitude de moineaux. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – N’ayez pas peur : vous valez plus qu’une multitude de moineaux
Je reviens de Lourdes, où le Pèlerinage du Rosaire a rassemblé plus de 18 000 pèlerins pour célébrer cette année jubilaire de l’espérance que nous offre le message évangélique.
Le cardinal Jean-Paul Vesco, dominicain, nous y a rappelé les paroles du Frère Christian de Chergé, moine de Tibhirine assassiné en 1996. Il écrivait : « le Verbe s’est fait frère »… Pour lui, cette parole n’avait rien d’abstrait lorsqu’il l’a écrite en cette nuit de Noël où un groupe armé était venu formuler ses exigences : Il s’était senti responsable des frères de sa communauté, mais aussi de cet homme avec lequel il avait échangé, et qui mettait en péril leur vie à tous. Il était habité d’un tel esprit d’amour et de liberté qu’il a été capable de refuser par trois fois les demandes qui lui étaient imposées, malgré les risques encourus.
L’évangile de ce jour nous montre Jésus face à une foule nombreuse (qui m’a rappelée celle de Lourdes). Et son message ouvre précisément ce chemin de liberté sur lequel le Frère Christian de Chergé a marché tout au long de sa trop courte vie.
La ferveur communicative de tels rassemblements serait lettre morte si nous n’en tirions pas des orientations concrètes pour la suite de notre route. Le message commun entre cette célébration à Lourdes et les paroles de Jésus dans cet évangile est peut-être un appel au discernement. La confiance en Dieu est loin d’être une insouciance facile. Elle implique donc l’exercice de notre réflexion : toute parole entendue, même de la part de ceux qui ont autorité, doit être éprouvée à la lumière de Dieu, en toute conscience. Se savoir aimé de Dieu ne doit pas nous conduire à faire n’importe quoi de notre vie, et encore moins de celle des autres. Mais lorsque nous sommes libérés d’une inquiétude paralysante, nous pouvons risquer notre vie et la donner, si besoin est, au moment où cela nous est demandé.
Cette liberté à laquelle nous sommes appelés par le Christ ne s’exerce pas seulement dans des situations héroïques. Elle se déploie dans la vie quotidienne, lorsqu’elle nous ouvre à la vérité sur nous-mêmes. Elle nous délivre de nos replis, de nos masques, de ces efforts incessants pour cacher aux autres et à nous-mêmes la profondeur de nos fragilités, de nos travers, de nos péchés… Quelle énergie nous dépensons parfois à refuser de voir la part d’ombre en nous !
Or Jésus nous rappelle que tout notre être est connu de Dieu… non un Dieu inquisiteur et vengeur, mais un Dieu de tendresse pour qui chacun a un prix infini. Son amour se donne tout entier dans cette relation personnelle avec chacun, sans jamais s’imposer. Il attend notre consentement, nous invite à déposer les armes, et à laisser tomber tous ces voiles derrière lesquels nous croyons nous protéger.
Ce travail intérieur, ce passage à la lumière de notre part cachée, est un véritable chemin de libération. C’est là que mûrit en nous la disponibilité à l’Esprit d’amour, afin qu’il rayonne à travers nous vers ceux à qui nous sommes envoyés, que ce soit dans le don humble du quotidien ou dans le don total de notre vie, comme celui du Frère Christian de Chergé et de ses frères de Tibhirine.
Seigneur Jésus,
Toi qui connais chacun de nos pas et le secret de nos cœurs,
apprends-nous à marcher dans la confiance,
libérés de nos peurs et de nos masques.
Fais de nous des témoins de ton amour,
attentifs à la vérité, fidèles dans le don de chaque jour.
Que ton Esprit d’espérance éclaire nos routes,
et que, comme le Frère Christian de Chergé,
nous sachions accueillir ta paix jusque dans l’offrande de nos vies.
Amen.
Sr Marie-Emmanuel Raffenel – raffenel@gmail.com
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