No 244 – série 2024-2025
Évangile du samedi 24 mai – 5e semaine de Pâques
« Vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde » (Jn 15, 18-21)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi. Si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous. Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : un serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si l’on a gardé ma parole, on gardera aussi la vôtre. Les gens vous traiteront ainsi à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Entre humains et déshumains
Rappelons-nous l’histoire de Nathanaël qui lors de la rencontre avec Jésus lui demande : « D’où me connais-tu ? » Et Jésus de lui répondre : « Avant que Philippe t’appelât, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu » (Jn 1, 48). Jésus voit surnaturellement ceux qu’il a choisis. Il les voit dans le Père, même s’ils sont dans le monde. Là d’ailleurs où, nous dit-il, « je vous ai choisis ».
Ce monde est marqué par la haine et le péché, si bien que les personnes qui sont vraiment du monde sont celles ancrées dans le mal. Elles sont alors voilées pour Dieu. C’est ce que nous raconte l’histoire d’Adam et Ève après la chute. Dieu revient en son jardin et ne trouve plus « l’homme », c’est-à-dire Adam et Ève, qui, par leur péché, se sont déshumanisés. Si bien que Dieu demande : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9).
Cet humain qu’Il a créé se cache de Dieu, car il se voit nu, saisi de peur et de honte, et il se sent coupable. Adam et Ève, qui ne se tiennent plus en leur humanité, se sont voilés de leur mal face à Dieu et ils se sont, en eux, voilés à leur propre mystère, car coupés de Dieu. La terre où habitent Adam et Ève n’est plus celle de l’Amour mais un milieu hors du Vivant, où la haine est devenue la règle. Nous qui sommes dans le monde, spécialement en ces jours présents, nous sommes témoins combien la haine surgit quand « l’homme » perd son humanité en se cachant de Dieu. La haine, nous le savons, naît de ces trois états pervertis de l’être que sont la peur de la V(v)ie et de Dieu, la honte toxique de soi et la culpabilité mortifère qui ronge le cœur. Le « déshumain » n’a plus un Dieu avec qui il marche dans le jardin de son être. Il survit dans une exclusion constante de soi, des autres et de Dieu.
Dans cet Évangile, nous avons ainsi le « déshumain » qui habite le monde et qui a en haine tout ce qui est Divin. La seule Présence de Dieu génère de la haine, car elle éclaire la peur, la honte toxique et la culpabilité tordue de cet humain qui « ne connaît pas Celui qui m’a envoyé ». La haine de ce monde est contre Dieu, « sachez qu’il en a eu d’abord contre moi », si bien que les personnes qui sont de Dieu sont, aussi, atteintes par la haine, qui n’a toutefois aucune emprise sur la Vie qui les habite.
Si Jésus voit en qui Dieu habite, il se réjouit alors de trouver des frères et des sœurs. Il ne veut pas alors les retirer du monde. Au contraire, Il les pose comme serviteurs de ce monde déshumanisé, leur rappelant qu’« un serviteur n’est pas plus grand que son maître ». Il a été le premier Serviteur de ce monde afin de nous ramener tous vers le Père et nous réinscrire dans notre filiation au Père. Il a donc reçu et pris sur Lui toute la haine de ce monde sur la Croix et Il nous demande de l’accompagner comme serviteurs dans cette œuvre de rédemption.
Jésus avertit ses apôtres de ce qui s’en vient pour eux, tout comme Il avertit toutes les générations suivantes de ses disciples. Il nous rappelle que, si l’Amour sauve, du même élan, Il place devant leur « déshumanité » les personnes qui sont du monde. Il leur dévoile la nudité d’un être marqué par le mal, c’est-à-dire de l’état d’un être qui est dépouillé de Dieu et de son humanité, d’un être hors Dieu, hors la Vie. À la différence des serviteurs de Dieu qui se tiennent en Lui, ces personnes sont ensevelies dans un monde de haine.
Ne nous lassons pas de nous ouvrir, de plus en plus, à la Vie de Dieu pour être, au cœur du monde blessé, des sentinelles de l’Invisible, des témoins d’une Vie en Dieu, d’un Amour qui a l’humble agenouillement de faire reculer la haine.
Stéfan Thériault – stheriault@lepelerin.org
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