No 54 – série 2025-2026
Évangile du mercredi 29 octobre 2025 – 30e semaine du temps ordinaire
« On viendra de l’orient et de l’occident, prendre place au festin dans le royaume de Dieu » (Lc 13, 22-30)
En ce temps-là, tandis qu’il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : “Seigneur, ouvre-nous”, il vous répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes.” Alors vous vous mettrez à dire : “Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.” Il vous répondra : “Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.” Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – La porte étroite du cœur de Jésus est largement ouverte
À la question concernant le nombre des sauvés, Jésus refuse de répondre. Jésus pressent-il que cette question dissimule le secret désir de se valoriser soi-même au détriment des autres pour mieux les juger ? Se croire du petit nombre des gens sauvés revient à se placer en sécurité au-dessus de tous. L’écrivain Stendhal dédicaçait La Chartreuse de Parme « to the happy few ». Avec dédain, il réservait son roman « à quelques rares privilégiés ». Le savoir de l’intelligence donne le sentiment de faire partie de l’élite de ceux qui savent… Mais, l’évangile de Jésus-Christ ne se place jamais au-dessus du terrain ordinaire de la vie. Jésus réveille le cœur qui est une adhésion de l’être, il suscite un partage d’amour. Jésus ne livre pas des connaissances spéciales sur l’avenir qui nous dispenseraient du combat quotidien de la foi.
Qu’est-ce que le combat de la foi ? C’est une aventure intérieure que l’on vit en engageant son existence. Lutter contre sa propre pesanteur en lâchant ce qui alourdit, se dégager des imaginations de grandeur en se coulant avec souplesse dans les passages étroits. Celui qui ne se soucie plus de réaliser ses propres projets, mais reçoit du jour présent ce qu’il faut pour suivre le Christ, celui-là a lâché l’encombrant bagage du moi. Oubliant que nous sommes aimés du Père, notre psychisme blessé court dans tous les sens pour rattraper notre dignité perdue. Affolé par notre faiblesse, le moi prétend compenser notre vide en y jetant toutes sortes d’illusions. Le moi se carapate comme un canard sans tête. Nous perdons la tête dans des courses folles pour ramasser notre vie en fuite. Quel malheur ! Cette porte par laquelle nous voulons entrer pour nous sauver par nous-mêmes est toujours plus haute, toujours plus exigeante. Combien dans notre société perdent la santé et le goût de vivre à force de courir derrière les performances ? La barre est très haute !
Mais, en vérité, suivre le Seigneur est un chemin qui est plus humble et plus humain : « Car mon joug est doux et mon fardeau est léger » (Mt 11,30). Au contraire des exploits imposés par notre société, le premier geste de la foi consiste à accueillir sa faiblesse. Celui qui croit sait qu’il est aimé de Dieu jusque dans sa petitesse. Inutile de forcer la porte du salut les mains encombrés de grandeurs, car seules les mains vides sont capables de recevoir les richesses de Dieu.
Grâce à sa soeur Céline, nous connaissons une anecdote méditée par la Petite Thérèse comme une parabole du salut. La Sainte indiquait à sa sœur le chemin sûr de ceux qui passent par la porte étroite de la confiance. Un jour, que sa sœur Céline, allait la trouver pour lui confier une difficulté, Sainte Thérèse lui rappela un souvenir d’enfance. Céline raconte l’anecdote : « Nous nous trouvions chez des voisins, à Alençon ; un cheval nous barrait l’entrée du jardin. Tandis que les grandes personnes cherchaient un autre accès, notre petite amie ne trouva rien de plus facile que de passer sous l’animal. Elle se glissa la première, me tendit la main ; je la suivis en entraînant Thérèse et sans courber beaucoup notre petite taille nous parvînmes au but. » Quand le chemin est barré par l’obstacle, les grands cherchent à passer par-dessus, alors que les petits se glissent par dessous !
Après avoir laissé derrière soi l’orgueil du monde, l’orgueil se reforme au sein même de la vie spirituelle. Dans cet échange, Jésus nous avertit contre l’orgueil de la foi. Il est bon de toujours revenir à cette vérité première que la foi est un don reçu gratuitement de Dieu. Faire confiance à Dieu, aimer Dieu est un inestimable cadeau que nous recevons des mains du Père. À l’aube, la simple prière qui rend grâce pour le matin qui se lève est un trésor. Face au Dieu qui donne, nous sommes des pauvres.
La porte du salut est étroite, car elle nous presse de chaque côté comme dans l’engendrement d’une naissance. Jésus lui-même est cette porte qui permet de naître de nouveau : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages. » (Jn 10,9). À cette naissance, nous devons participer par nos efforts de simplification : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. »
Esprit Saint, renouvelle notre manière de penser,
recrée notre sensibilité du cœur.
Donne-nous cette pauvreté qui recueille de Toi ce que nous ne pouvons inventer :
la vie divine.
Vincent REIFFSTECK. vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
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