No 248 – série 2024-2025
Évangile du mercredi 28 mai – 6e semaine de Pâques
« L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 12-15)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Avis : Les versions audio des méditations ne seront exceptionnellement pas disponibles les mercredi 29, jeudi 30 et vendredi 31 mai. Merci de votre compréhension, et n’hésitez pas à poursuivre la lecture des textes en version écrite.
Méditation – L’Esprit-Saint : la « con-naissance » de Dieu au cœur de l’humain
De nouveau aujourd’hui, Jésus, dans son Amour, n’a de cesse de vouloir se faire proche de ses disciples, a fortiori dans leur fragilité, leur lenteur et leur impuissance, eu égard à ce qui les dépasse infiniment. Alors qu’humainement le temps manque à l’approche de sa Passion, mais sachant qu’il y a encore tant à dire et à vivre du Mystère d’Amour qu’il incarne et révèle, Jésus promet de pourvoir indéfiniment à leur manque de « con-naissance » de la Révélation de Dieu au cœur de leur existence, afin qu’ils puissent y naître pleinement. Il « pré-voit », au cœur du vide, le surgissement de l’Esprit-Saint, le « Paraclet », littéralement : « celui qui est appelé auprès », ad-vocatus (Jn 14, 16. 26 ; 15, 26 ; 16, 7).
Toutefois, dans l’Évangile du jour, Jésus tient surtout à mettre en surbrillance le rôle éducatif incomparable de l’Esprit-Saint pour ses disciples d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Tiré du latin, le mot éducation a une double origine : educate veut dire nourrir, et educere : tirer hors de, conduire vers, en un mot : élever. Bref, nourrir et élever. N’est-ce pas là l’enseignement même de Jésus : « l’Esprit […] vous conduira dans la vérité tout entière […] ce qu’il aura entendu, il le dira; […] vous le fera connaître. Lui me glorifiera » (v. 13-14). Autrement dit, l’Esprit donnera du poids[1] et « son pesant d’or » à sa Présence, inscrite dans la communion divine, au cœur de notre existence.
La « vérité tout entière » n’est-elle pas justement cette mystérieuse Présence Réelle, éternellement présente, « en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28) ? N’est-elle pas l’Amour qui nous porte, nous nourrit et nous élève de son Souffle : « Je Suis le chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), « demeurez en mon amour » (Jn 15, 9) ? Mais, qu’il en faut du temps de cheminement au quotidien de nos jours pour croire et intégrer ce JE-SUIS qui nous fait être et vivre en vérité dans son Amour. Là n’est pas une mince affaire que les choses de Dieu pénètrent et imprègnent, « par don » gracieux, tout notre être consentant. Il nous faut accepter de prendre ce temps pédagogique de l’E(e)sprit pour « com-prendre », c’est-à-dire pour prendre de plus en plus part à la libre circulation, en nous et autour de nous, de la vie et de l’amour présents au cœur de la communion trinitaire, où chacun.e ne se reçoit qu’en se donnant à l’autre et vice versa. Le sens absolu de la Révélation, toujours en surcroît, n’est pas nouveau.
Toutefois, sa signification et son orientation sont toujours à comprendre à nouveau dans la foi, l’amour et l’espérance, à la lumière de l’Esprit, parce que cette Révélation a encore à se dire pour nous, en nous et par nous. Comme le théologien André Gounelle l’affirme à propos de l’Esprit : « il ne livre aucun contenu supplémentaire de révélation. Il discerne seulement la Parole dans l’Écriture ou, plus exactement, il transforme l’Écriture en Parole[2] ». Et cette Parole créatrice et rédemptrice nous renouvelle sans cesse en Esprit et en Vérité, ainsi que la face du monde. Nous sommes ainsi appelés à nous mettre à l’écoute et à l’école de l’Esprit en notre cœur en prière afin de nous y laisser porter par la divine Parole et nous y recevoir comme fils ou filles de Dieu et comme frères ou sœurs en humanité dans l’Unique Fils et Frère.
C’est dans la mouvance de Son Souffle que nous devenons alors nous-mêmes ce don porteur de paroles et de gestes de cœur qui font « con-naître » et vivre par, avec et en l’a(A)utre, la communion divine, source et sommet de l’existence. Ce n’est pas hors de notre portée… dans l’Esprit. Jésus nous y invite : « Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger » (Mt 11, 29). Ouvrons donc notre porte à l’Esprit du Ressuscité qui veut toujours « faire le poids » en notre vie ! Il est « lourd » de sens, de vie et d’amour, mais tout à la fois léger comme une brise à laquelle nous sommes appelés à joindre notre souffle.
Bénédiction et union de prière !
Dany Charland – danycharland173@gmail.com
[1] « Gloire », de l’hébreu kâbôd, implique l’idée de poids.
[2] « Jean 16, 12-15 – La promesse du Saint-Esprit » [En ligne] https://protestants04.epudf.org/jean-16-12-15-la-promesse-du-saint-esprit-10159/#_ftn1 (page consultée 20 mai 2025).
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