No 47 – série 2025-2026

Évangile du mercredi 22 octobre 2025 – 29e semaine du temps ordinaire

« À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup » (Lc 12, 39-48)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde à venir”, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture

Dès le jour de notre baptême, nous entrons dans la vie éternelle. Le monde matériel dans lequel nous évoluons est cette maison dans laquelle le Fils de l’homme nous institue comme économe vigilant de Son amour. Dieu remplit les greniers du monde de tout ce qu’il faut pour le bonheur de tous… à nous d’en faire le partage. Là où grandit la vie, là aussi grandissent le travail qui soigne et la responsabilité qui protège. Lorsque le Seigneur accorde largement Ses dons, du même coup il distribue des devoirs, puisque les dons servent à faire grandir en humanité. Nous sommes les gardiens de nos frères et de nos soeurs. Cette maison de fraternité est donc notre affaire. « Le maître de maison » compte sur chacun de nous pour être un intendant loyal. Avec bon sens, l’intendant gère les biens, il veille à ce que tout se passe pour le mieux. La parabole devient d’une précision technique étonnante. C’est un vrai cours d’organisation des entreprises : il vérifie « la ration de nourriture », il surveille la préparation des repas, leur contenu et l’heure de distribution. La ponctualité du service et sa qualité témoignent d’un cœur qui donne. Une table familiale bien dressée qui accueille des mets savoureux dit quelque chose de Dieu. 

Mais, il est malheureusement possible d’oublier que le Créateur donne généreusement, que le Fils initie au partage et que l’Esprit suggère de bonnes idées pour réaliser concrètement ce qu’est l’amour. Sans cette dynamique de vie, tout se disloque. Le travail défiguré par une cadence trépidante ruine le corps et casse les relations. Quand le travail se résume à une activité mécanique et hachée, le sens se dessèche. Or, le sens, reçu de Dieu, doit être vivifié dans la foi… pour le bien de tous. Ainsi, « l’intendant fidèle et sensé », se souvenant de la maison qu’il gère et du maître qu’il sert, comprend son travail comme un service. Pour celui qui est fidèle, chaque instant se relie à la vie éternelle comme à sa racine. Chaque activité matérielle tire son sens de la relation qu’elle honore. Dès lors, le serviteur est prêt à rendre ses comptes, puisqu’il agit en lien avec l’esprit du maître de la maison. « Les tâches de Dieu sont le mieux remplies quand le serviteur n’oublie jamais qu’à tout instant il peut être appelé à en rendre compte. Donc quand chacun de ses instants temporels est immédiatement vécu et rempli face à l’éternité et orienté vers elle. » (1)

Mais, l’intendant peut cesser d’être le bon gérant de la maison du partage. S’il oublie ce lien qui relie à Dieu, le temps s’étire sans but. Il se dit alors que le maître tarde à venir. La maison sans propriétaire dérive comme un paquebot naufragé. Si l’intendant rompt le lien qui relie l’instant à l’éternité, sa tâche n’a plus de valeur : les ouvriers sont des moutons à exploiter, les biens sont des ressources à dilapider. L’instant vécu dans la foi est immédiatement éternel. « S’il oublie cette immédiateté, il oublie aussi le contenu de sa tâche terrestre et la justice qui s’y trouve incluse (il « se met à frapper ses serviteurs et servantes »). (1) Sans le regard d’un maître aimé pour orienter l’attente, le serviteur se met « à manger, à boire et à s’enivrer », car dans une maison désertée, la mort est l’unique horizon. « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. » (1 Co 15,32). Sans la résurrection, le monde se referme sur lui-même comme un couvercle du tombeau qui retombe. La fraternité perd alors le Père capable de réunir Ses enfants. Quelle peut être la justice d’un tel monde ? Seule l’orientation du regard vers le Seigneur définit la justice. « Cette justice, il est maintenant clair, que le croyant ne la garde en lui, qu’en fixant son regard, au-delà du monde, sur les exigences de la justice éternelle, laquelle n’est pas une simple « idée », mais le seigneur, vivant, dans toute l’histoire du monde attend l’avènement. » (1) 

Vincent REIFFSTECK – vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

Note :

(1) Hans Urs von Balthasar, Lumière de la Parole, Année C, (18 dimanche du temps ordinaire, p.116).


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