No 246 – série 2024-2025

Évangile du lundi 26 mai 6e semaine de Pâques

« L’Esprit de vérité rendra témoignage en ma faveur » (Jn 15, 26 – 16, 4a)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous parle ainsi, pour que vous ne soyez pas scandalisés. On vous exclura des assemblées. Bien plus, l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu. Ils feront cela, parce qu’ils n’ont connu ni le Père ni moi. Eh bien, voici pourquoi je vous dis cela : quand l’heure sera venue, vous vous souviendrez que je vous l’avais dit. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Il est vivant !

Aujourd’hui l’Eglise fête saint Philippe Neri, aussi appelé “le saint de la joie”[1]. « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage.”

La Parole de Jésus qui nous est offerte ce matin semble s’être incarnée “au pied de la lettre” dans la vie de ce saint original plein d’entrain, aimant la musique et la poésie et qui fonda l’Oratoire à Rome au XVIème siècle. On raconte qu’à 29 ans, il fut l’objet d’une effusion de l’Esprit Saint extraordinaire qui laissera en lui surtout une grande ferveur qui ne le quittera plus. À partir de cette Pentecôte 1544, la vie de Philippe prendra un nouvel élan. Sans perdre sa joie et son bon sens, son caractère un peu marginal s’ordonnera pour le service et la mission. Son infatigable engagement pastoral et missionnaire, sa joie constante, seront sous-tendus par une vie de prière intense.

“Quand viendra le Défenseur […] il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage” C’est à chacun de nous aussi ce matin, à tout être humain, que s’adresse la promesse de Jésus. “Le Défenseur” qui traduit le mot “Paraclet” signifie littéralement “qu’on appelle à son secours” (adj. gr. π α ρ α ́ κ λ η τ ο ς, du verbe π α ρ α κ α λ ε ́ω “appeler auprès de soi”). De là, l’Esprit Saint est aussi appelé “avocat, intercesseur”[2]. N’est-ce pas un immense don que celui de pouvoir vivre notre vie humaine  – avec tous ses aléas, ses difficultés et ses moments de combat intérieur – en pouvant “appeler auprès de soi” le Défenseur de notre coeur profond?

Notre vie chrétienne est une vie dans l’Esprit, une “vie spirituelle”, une vie qui apprend à écouter son murmure intime. Le catéchisme explique avec ces mots notre foi en l’Esprit Saint: “Celui qui « a parlé par les prophètes » nous fait entendre la Parole du Père. Mais lui, nous ne l’entendons pas. Nous ne le connaissons que dans le mouvement où il nous révèle le Verbe et nous dispose à L’accueillir dans la foi.”[3] Cette expression est très belle: “nous ne connaissons l’Esprit que dans (son) mouvement”. Comme le vent qui “souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit.” (Jn 3,8) expliquait Jésus à Nicodème.

Quelle belle école de vie celle qui nous apprend chaque fois plus, chaque fois mieux à reconnaître ce mouvement de l’Esprit dans notre coeur, dans nos conversations, dans les événements quotidiens. Le Pèlerin est pour beaucoup d’entre nous cette école de vie, dans l’accompagnement. Marcher ensemble sur nos chemins d’Emmaüs en accueillant doucement en soi “l’Esprit de vérité qui procède du Père”. Il est notre Défenseur parce qu’au plus nous le laissons entrer en nous, traverser notre existence, au plus la vérité peut laisser pénétrer sa lumière dans tout ce qui retient la Vie aveugle en nous. Esprit de vérité qui illumine l’obscurité quand on la traverse, qui adoucit la souffrance et trop de solitude, qui console dans le deuil …

L’Esprit de vérité qui procède du Père” vient pour nous défendre de tous les faux crédos, ces mensonges sur notre identité que le tentateur a semés à travers la brèche de nos blessures. Récemment, en priant le chapitre 8 de la lettre de l’apôtre Paul aux Romains, j’ai été frappée par le verset 16: “Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions «Abba !», c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.” (Rm 8,15-16). Paul lui-même semble s’émerveiller avec étonnement que ce soit l’Esprit Saint lui-même qui rende témoignage à notre esprit de notre identité profonde. Tout au long de notre cheminement de vie, de foi, l’Esprit s’occupe de témoigner à notre esprit, à notre coeur que le plus vrai en nous, c’est notre filiation à Dieu, à la Vie qu’Il a voulue pour nous.

Que nous reste-t-il donc à faire à chaque instant sinon écouter son témoignage? Écouter le témoignage de l’Esprit de Dieu qui – comme le rappelait le pape Léon XIV dans ses premiers mots aux cardinaux[4] – “aime se communiquer, plus que dans le fracas du tonnerre et des tremblements de terre, dans le « murmure d’une brise légère » (1 R 19, 12) ou, comme certains le traduisent, dans une « voix subtile de silence ». Telle est la rencontre importante, à ne pas manquer”.

C’est ce murmure de la brise légère qui a guidé la vie missionnaire de saint Philippe Neri dans les rues de Rome. C’est cette “voix subtile de silence” qu’il écoutait dans la prière et aussi dans la vie des enfants abandonnés, des pauvres, qui a fait de lui le “saint de la joie” et l’infatigable pèlerin du ciel sur la terre! En écrivant cette méditation, je me souvenais de la toute dernière scène du film Preferisco il paradiso[5] qui raconte la vie de Philippe Neri. Cette scène me remplit toujours d’une joie profonde. C’est du coeur limpide d’une enfant que l’Esprit fait entendre son témoignage: la certitude de la Vie plus forte que tout!

Neri vient juste de mourir, une petite fille de l’Oratoire entre dans la chambre. Elle demande: Il dort? Celui qui le veillait lui répond tout en larmes en hochant la tête que “non” et il sort. La petite fille restée seule au pied du lit s’aperçoit tout à coup que sur le visage de Philippe se dessine son merveilleux sourire habituel. Elle se met à sourire, elle aussi … et puis descend vite vers la cour où tout le monde pleure. En voyant la scène d’en haut, elle s’arrête, incline la tête en haussant les épaules et d’une voix forte se met à crier: “Philippe est vivant! Philippe est vivant! Philippe est vivant au paradis! Il est vivant! Au paradis!” Elle répète ces mots des dizaines de fois, en dansant au milieu des visages en larmes qui peu à peu se relèvent … “Philippe est vivant, il est au paradis!” Puis, un à un, ils répètent chacun le même cri de joie: Il est vivant! Les cloches de l’église de l’Oratoire se mettent à voler … De leurs coeurs jaillit à nouveau le message qu’il leur avait toujours annoncé: “Paradiso, paradiso, preferisco il paradiso …”

Laurence Vasseur – vasseurlaurence@hotmail.com


[1] https://www.la-croix.com/Definitions/Lexique/Oratoire-de-France/Philippe-Neri-le-saint-de-la-joie 

[2] https://www.cnrtl.fr/etymologie/paraclet.

[3] Catéchisme, paragraphe 687.

[4] https://www.vatican.va/content/leo-xiv/fr/speeches/2025/may/documents/20250510-collegio-cardinalizio.html

[5] Film diffusé à la télévision italienne en 2010, réalisé par Giacomo Campiotti.


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