No 55 – série 2025-2026
Évangile du jeudi 30 octobre 2025 – 30e semaine du temps ordinaire
« Il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem » (Lc 13, 31-35)
En ce jour-là, quelques pharisiens s’approchèrent de Jésus pour lui dire : « Pars, va-t’en d’ici : Hérode veut te tuer. » Il leur répliqua : « Allez dire à ce renard : voici que j’expulse les démons et je fais des guérisons aujourd’hui et demain, et, le troisième jour, j’arrive au terme. Mais il me faut continuer ma route aujourd’hui, demain et le jour suivant, car il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem.
Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre temple est abandonné à vous-mêmes. Je vous le déclare : vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vienne le jour où vous direz : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Vous ne me verrez plus
En priant la Parole de ce matin, monte en moi ce verset de saint Jean : « Je suis venu en ce monde pour que ceux qui ne voient pas puissent voir (Jn 9.39) ». Alors que le Christ monte vers sa Pâques et que sa chair disparaîtra sur la croix, sa venue éclairera de vie ceux et celle qui n’avons pu le voir. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!
Cette venue, depuis deux millénaires et pour les siècles des siècles, ne peut être repérée que par les yeux de notre intériorité, par le regard de notre essence-enfance qui tapisse notre cœur profond. En ce sens, mon accomplissement, le vivant de ma vie, n’est pas une réalité à conquérir, à réussir ou à mériter. C’est un réel à cueillir, à laisser mûrir, à découvrir par une naïveté toute spirituelle. C’est l’immensité de l’instant à savourer avec une joie immaculée; la joie évangélique des apôtres en envoi, d’une Marie si maternelle à Cana, d’une Samaritaine qui s’élance sans cruche vers les siens.
Un jour vient dans les saisons de nos vies, où le Seigneur nous ressuscite par sa venue à travers l’autre. Certains l’appellent conversion, d’autres résilience, croissance post-traumatique ou lâcher-prise profond. Fixant la lumière à travers les noirceurs de la morsure d’un cancer, de l’usure d’un deuil familial, du naufrage inouï d’un proche jusqu’à s’enlever la vie, c’est parfois à cette condition que nous l’apercevons : lui le Vivant de toute vie. Voir le Christ quand ma pauvreté est illuminée par la pauvreté de l’autre à ma rencontre alors que je suis impuissante, humiliée, fragile. Une pauvreté qui me rend digne d’admiration pour le Père alors que je désire de moins en moins être admirée.
C’est la posture de l’enfant, absorbé et croyant, qui joue librement dans la clarté étoilée. C’est la posture de l’enfant qui, à partir d’une intériorité qui a faim, reste ouvert à l’inédit que révèlent les ruines de mon chemin blessé. C’est encore la posture de l’enfant qui accepte l’impossible comme une chose tout à fait normale car la vie surnaturelle, ce réel tissé dans le spirituel, prend les apparences de l’insouciance. Cette enfance-essence qui nous habite porte le goût de l’infini et la saveur de l’éternité, elle nous rappelle que ce que je crois n’est pas ce que je sais, ce que je vois n’est pas ce qui est visiblement conforme.
Vous ne me verrez plus, vous me vivrez dirait le Christ dont l’essentiel de sa contemplation échappe à notre emprise. J’ai encore en mémoire l’inquiétude de cet enfant pour sa mère qui avait tenté de le noyer, de cet autre enfant sauvagement agressé qui, en thérapie, normalisait cet acte inhumain pour s’apitoyer tout autant sur le vol de sa bicyclette. Les pauvretés joyeuses de ces enfants m’éclairent et me fait tant voir le Christ. Après une interminable marche à travers mon impuissance que je croyais désertique, la pauvreté joyeuse de l’enfance spirituelle me rend la vue et dévoile le paysage. La pauvreté de l’autre donne à voir la mienne comme une oasis qui surgit là, au milieu d’un désert aveuglant. Une oasis inattendue, inespéré dont la source me désaltère et nous libère. Bénis soient ces petits qui viennent au nom du Seigneur!
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org
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