No 20 – série 2025-2026
Évangile du jeudi 25 septembre 2025 – 25e semaine du temps ordinaire
« Jean, je l’ai fait décapiter. Mais qui est cet homme dont j’entends dire de telles choses ? » (Lc 9, 7-9)
En ce temps-là, Hérode, qui était au pouvoir en Galilée, entendit parler de tout ce qui se passait et il ne savait que penser. En effet, certains disaient que Jean le Baptiste était ressuscité d’entre les morts. D’autres disaient : « C’est le prophète Élie qui est apparu. » D’autres encore : « C’est un prophète d’autrefois qui est ressuscité. » Quant à Hérode, il disait : « Jean, je l’ai fait décapiter. Mais qui est cet homme dont j’entends dire de telles choses ? » Et il cherchait à le voir.
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Il ne savait que penser
La Parole de ce matin s’infiltre dans la réflexion qui m’habite depuis quelques temps, celle de la destruction du lien, de l’effilochage intentionnel du monde. Je ne suis pas de nature pessimiste et la vierge qui m’habite n’est pas offensée. Mais le désarroi de Hérode me rejoint malgré moi. Sa haine de la vie, sa toute-puissance revêtue de certitude le conduit à la confusion. La confusion entre ce qui mort parce qu’il a tué, et vivant par ce qui lui échappe. Je ne peux m’empêcher d’y retrouver, en un concentré inquiétant, tout l’horizon politique pétri de meurtres, de technologie tyrannique et d’absurdité haineuse qui se déploie actuellement devant nous. Au cœur d’une avancée effrénée traduite comme un progrès fataliste et qui escamote tout effort de réflexion, autant individuel que collectif, les frontières se brouillent et la mort absorbe. S’en dégage un épais vernis de longévité inerte et paralysée. Entre les conditionnements politique des enfants et leur genre, l’assénement de la responsabilité de prendre sa fin de vie en main et les génocides qui n’indignent plus nos dirigeants, la mort absorbe la vie comme s’il ne pouvait en être autrement.
Assis sur nos trônes, détachés de toutes relations, nous en regardons défiler sur des écrans des vies pleines de morts, pétries d’une violence aussi inouïe que d’une souffrance inaudible. Absorbés à notre tour, nous ne savons que penser. Or la difficulté n’est pas d’avoir à choisir entre la vie et la mort, mais de ne pas savoir établir la distinction entre ce qui est mort et ce qui est vivant devant ce réel défiguré, maquillé et déferlant. Un semblant de vie happant au passage nos peurs, nos blessures, faussant nos perceptions de nous-mêmes, des autres et de Dieu.
La vie et la mort sont proposées aux hommes (Si 15.17) à tout instant. Méditer le désarroi de Hérode qui demeure, pour Dieu, l’un des nôtres, nous rappelle que notre histoire personnelle et collective s’inscrit en Dieu. J’ai mis devant toi la vie et la mort, choisis la vie afin que tu vives (Dt 30.19). Il est l’unique source de vie, et rend vivants ceux et celles qui marche avec lui dans le clair-obscur et l’indulgence. La vérité du vivant de ce Dieu qui se donne à travers nous est saisie dans la Parabole de la brebis perdue. Aucun discours théologique, aucune certitude morale, aucune explication rationnelle, ne vient à bout de contenir le vivant qui s’en échappe. S’est-elle égarée alors que le troupeau demeurait ensemble? Elle a peut-être été infidèle et prodigue. Dans tous les cas, elle n’a manifesté aucune repentance ni même désir de revenir, comme le fils prodigue qu’elle a sans doute croisé. Laissant là tout le troupeau, le Sauveur part à sa recherche, pour elle, uniquement et étrangement. Il nous confronte dans notre confusion de ce qui est bien et vivant, de ce qui est mal et mortifère. Alors que nous ne savons que penser. Pas d’explications, pas de mise en garde, un geste en apparence irresponsable qui devient réponse à une vérité profonde.
Dans les évangiles, ses explications foisonnantes de sa filiation divine n’auront convaincu que quelques disciples, elles auront endurci les cœurs pharisiens jusqu’à la condamnation. Seul un cœur bon, une âme simple, acquiescent à tout quitter pour les égarés. Dans le réel, nous ne choisissons pas la vie ou la mort, mais nos choix manifestent si nous sommes vivants ou morts. Ils donnent vie, font lien, illuminent lorsqu’ils sont faits à partir du cœur dans lequel Dieu s’est réfugié à l’abri des certitudes, de la morale et de la confusion.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org
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