No 13 – série 2025-2026
Évangile du jeudi 18 septembre 2025 – 24e semaine du temps ordinaire
« Ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour » (Lc 7, 36-50)
En ce temps-là, un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.
En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » Jésus, prenant la parole, lui dit : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – Parle, Maître. » Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? » Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison », lui dit Jésus. Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » Il dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. » Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? » Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Quand l’Amour habite le monde
La Parole de ce matin condense tout le mystère, le sublime et la grandeur de l’Amour. Cet Amour qui se déverse d’un flacon d’albâtre, aux arômes de larmes et de baisers. Cet Amour aux mains d’une humanité pécheresse qui s’abaisse dans sa condition pour la relever dans sa dignité.
En méditant cette image de la pécheresse en pleine vérité, dans sa vulnérabilité qui saisit et contraste devant la certitude pharisienne attablée, me viennent les mots d’une poétesse montréalaise, Louise Warren. En évoquant l’extrême fragilité de notre impuissance native, elle converse avec le vide. Un vide rempli de sens, de désir et de vie. Rempli comme ce contenant de parfum qui, à partir de la fragilité de l’albâtre, de la petitesse d’un flacon et du suave arôme qui dépasse tout ce qui est humain; ce vide, ce petit rien devient source puissante d’un agir rédempteur. Louise Warren cite un père abbé croisé sur son chemin : « La foi ne consiste pas à rendre visible l’invisible, mais à remettre de l’invisible là où on pense que tout est très visible » (L’enveloppe invisible, Noroit, 2018).
N’est-ce pas l’expression même de l’Amour à travers le visible et l’incarnation de cette femme pétrie de péchés tout aussi visibles? Mouillant les pieds de l’Amour de ses larmes, les essuyant avec ses cheveux, entre grandeur et abaissement. Cette puissante injection de l’invisible par sa foi déroute les tenants du visible, de la normativité et de la rectitude si pharisiennes. D’ailleurs, Jésus en médiateur de l’Amour et en traducteur parfait de l’invisible s’adresse aux déroutés en changeant de registre et de langage. Il cesse d’habiter poétiquement le vide et le monde auprès de cette femme, de ce sublime incarné pour raconter une histoire de débiteurs et de pièces d’argent. C’est là, le saisissant entre la vie, visible et matérielle dans laquelle nous nous mouvons, c’est-à-dire notre réalité fabriquée et la Vie, ce réel invisible et spirituel, dans laquelle nous évoluons.
En nous abaissant auprès de cette femme en pleurs et en repentance, nous détournant du trop plein pharisien et de la suffisance de la tablée, nous découvrons que l’Amour ne s’inquiète pas de sa grandeur. Il se déploie pour mettre en lumière celui qui aime et celle qui l’aime. L’Amour ne vit qu’incliné, agenouillé, comme le Christ aux pieds des siens, comme cette femme aux pieds de son Sauveur. L’Amour est trop immense, trop profond pour être facilement accueilli et saisi, il échappe au visible et à ceux qui s’efforcent de se rendre tant visibles. L’Amour est trop beau pour avoir été inventé par nous, souvent réduit à un symptôme, entre sentiment et émotion. Il est trop sublime pour être compris de nous.
Que de siècles écoulés pour ce Dieu qui continue sans relâche de nous préparer à l’accueillir comme un Amour qui appelle, comme un Amour qui se livre. Et à l’image du Christ qui relève la dignité entachée et la lave de son pardon, l’Amour n’acceptera jamais que la personne aimée puisse être moins digne que lui.
Barbara martel – bmartel@lepelerin.org
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