No 104 – série 2025-2026

Évangile du jeudi 18 décembre 2025 – 3ème Semaine de l’Avent

Jésus, engendré en Marie, épouse de Joseph, fils de David (Mt 1, 18-24)

    Voici comment fut engendré Jésus Christ :
Marie, sa mère,
avait été accordée en mariage à Joseph ;
avant qu’ils aient habité ensemble,
elle fut enceinte
par l’action de l’Esprit Saint.
    Joseph, son époux,
qui était un homme juste,
et ne voulait pas la dénoncer publiquement,
décida de la renvoyer en secret.
    Comme il avait formé ce projet,
voici que l’ange du Seigneur
lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David,
ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,
puisque l’enfant qui est engendré en elle
vient de l’Esprit Saint ;
    elle enfantera un fils,
et tu lui donneras le nom de Jésus
(c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve),
car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
    Tout cela est arrivé
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
    Voici que la Vierge concevra,
et elle enfantera un fils ;
on lui donnera le nom d’Emmanuel,

qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».

    Quand Joseph se réveilla,
il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit :
il prit chez lui son épouse.

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Veuillez noter que l’équipe des méditations prendra une pause pour le temps des fêtes. La dernière méditation de 2025 sera pour le dimanche 21 décembre et nous serons de retour le lundi 5 janvier 2025. Nous vous remercions de nous avoir lu et avons hâte de vous retrouver en janvier ! Joyeux Noël et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Ange Lydie, Barbara, Colette, Halyna, Lucille, Marie-Emmanuel, Martial, Paolo, et Vincent.

Méditation – Renvoyer en secret

Une foi rocheuse, rocailleuse, solide qui fait montagne avec soi. Un Dieu-avec-soi arrivera donc par moi, instrument du Salut. La Parole de ce matin n’a rien de lisse ni de superficielle. Et comme pour Joseph, nous sommes appelés à prendre chez soi l’engendrement et sa promesse, la naissance et le salut auxquels je contribue alors que je n’y suis pour rien. Tout comme pour Joseph, tenir dans le glissement intérieur de nos terrains, de nos certitudes et de nos valeurs, il faut s’accrocher. Encore faut-il avoir une paroi, un roc, une prise solide sinon l’écroulement sera complet. Tout comme pour Joseph, il aurait été si facile de seulement renvoyer en secret, de s’installer dans le confort du raisonnable et des apparences sauvegardées. La foi de Joseph est aussi fragilisée que puissante, elle se fortifie contre-intuitivement dans l’humilité. Un songe, une promise déjà enceinte, le regard des autres, un consentement impensable mais pas impossible. Il est si aisé d’avoir la foi quand tout va bien et de croire faussement dans la justice d’un monde exclusivement humain, dans la valeur d’une personne mesurée uniquement par des humains, dans la bonté d’un monde réduite aux normes humaines. Dieu, pourquoi faire ? selon la formule du théologien québécois, Jean-François Gosselin (Sur la voie du désir… Dieu, Médiaspaul, 2024). Théologie en exil, perte des repères anthropologiques en humanité, effacement consenti de Dieu. La foi, l’espérance et la charité ont certainement une nature rocheuse et inébranlable par les temps qui courent, ces temps dépassés par tant de violence.

Autour de moi, j’observe la désespérance qui s’infiltre dans les cœurs et le regard. Si Dieu fut renvoyé en secret depuis 50 ans au Québec, il est maintenant renvoyé publiquement dans le consentement célébré à une laïcité hostile et dénigrante. Je m’étonne parfois de ressentir une joie racineuse et têtue qui provient de la poigne du Christ sur mon âme. Comme le songe de Joseph, l’espérance se communique, elle n’est pas destinée à se déployer dans le paisible. L’Avent nous le rappelle aisément : un voyage éreintant traversant un monde d’esclaves et d’oppression, une grossesse à terme qui n’a que la paille, le crottin d’une étable et l’humilité d’un Joseph sage-femme pour l’accueillir. L’espérance comme la foi s’affranchissent quand l’espoir s’étiole. Plus de place nulle part, impossible d’accéder au minimum de décence et de salubrité pour accoucher. Aucune aide assurant la santé de la mère et de l’enfant, dans le froid et la saleté.  Ce sont plutôt des mains tremblantes et des genoux pliés qui seront à leur côté. Ce sont l’humilité et la confiance inébranlable qui mettront au monde l’Amour. Dans sa nouveauté, dans un autrement jamais imaginé, Joseph, le trompé et l’avili dans le regard manquant d’humanité, deviendra l’accoucheur de la pleine humanité, celle divinisée, en plein cœur d’une pauvreté glorieuse et d’une fragilité pierreuse.

L’espérance n’est pas un recadrage de l’inacceptable ou de l’irréparable, la foi n’est pas de la fibre du déni, de l’optimisme ou de la résignation. L’espérance comme la foi sont tissées dans la mémoire, appartiennent au bois de la croix et à la dureté de la crèche. La foi pierreuse de l’Avent en ce monde qui vacille nous rappelle qu’il n’y a rien en notre Histoire, la petite comme la grande, que nous avons déjà affronté, et auquel nous n’avons pas déjà éprouvé. Depuis l’effondrement de notre faux système de salut, jusqu’à l’écroulement de nos sécurités jusqu’à la perte d’un vivre-ensemble digne et bon à travers les guerres et les exploitations.  Avec les dons et les grâces de Dieu comme autant de cailloux blancs parsemant le chemin obscurci de notre humanité, la naissance de l’Amour se perpétue en dépit de la violence immémoriale. Alors que la terre tremble sous nos pas, alors que la crèche souillée indispose, avoir la foi, nous dit Jean-François Gosselin, c’est avoir foi en Celui qui donne foi en soi. Comme le souci de Joseph qui cesse de craindre et prend Marie. Comme le souci de Joseph en plein travail de naissance, avoir la foi, c’est accueillir puis incarner une annonce sans preuve. C’est devenir crèche au cœur des écroulements. Devenir crèche par cet Autre qui engendre et qui assure l’espérance qui nous délie du mal.

Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org



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