No 6 – série 2025-2026
Évangile du jeudi 11 septembre 2025 – 23e semaine du temps ordinaire
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 27-38)
En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Le regard christique
En ce 11 septembre, la Parole de ce matin est particulièrement incisive : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous maudissent…
L’ennemi, au cœur de nos vies, se présente sous mille et un visages, pas toujours humains : violence familiale, maladie dégénérative, injustice grave, addiction, terrorisme, abus spirituel, intelligence artificielle perverse. J’en étais à cette réflexion lorsque les images du 11 septembre se croisaient avec celle de Ani, l’intelligence artificielle personnifiée et pornographique, issue du délire de Elon Musk. Un personnage animé aux allures pornographiques destiné à répondre aux questions du grand public, visant surtout les jeunes. Les images des enfants meurtris de Gaza et les ruines de la jadis resplendissante Kyev ont pris le triste relais.
Les tours se sont effondrées, les guerres s’acharnent, Ani la soubrette répond lascivement. Il fut un temps où l’ennemi, le monstrueux, était connu, identifié. Il pouvait alors être réhumanisé à coups de pardons et à grand renfort de prières. Il fut un temps où l’humanité de l’ennemi dépassait du jupon du monstrueux. Mais qu’est-ce que l’ennemi aujourd’hui ? Lorsqu’il est haine idéologique collectivement partagée, lorsqu’il est l’inouï d’une violence technologique socialement banalisée ? Aimer ? Comment et quoi puis-je aimer ?
L’image messianique de l’enfant emmailloté dans la mangeoire persiste, avec sa pauvreté, sa vulnérabilité et son impuissance. La naissance de l’Amour, le pas-encore et le déjà-là. L’ennemi n’existe que dans le regard que l’on porte. La Miséricorde, elle, provient du regard de l’autre qui se donne, nous donne à vivre, nous sauve. Se laisser regarder, se laisser contempler dans sa pauvreté, sa vulnérabilité et son impuissance. Le regard miséricordieux de l’(A)autre, c’est celui du Christ qui dépose au plus intime de notre être le rêve de Dieu. Notre mangeoire intérieure berce le désir et la soif de Dieu, porte ses entrailles à partir desquelles nous re-suscitons l’amour jour après jour, dans chacune de nos relations. Vivre à partir de mon identité filiale, à partir du don de Dieu que j’incarne dans son regard amoureux, transforme mon propre regard. Mes yeux écoutent, mes yeux touchent et fouillent, avec l’assurance d’une espérance qui ne m’appartient pas, les espaces infinis en cet autre. Cet autre qui me violente en couple, crache la haine armée, pervertit derrière un avatar. Mes yeux ne jugent plus, ils espèrent. Ils espèrent voir, caché quelque part en cet autre, l’enfant endormi dans son dénuement. Cet enfant qui daignerait ouvrir les yeux, me regarder, sourire comme Dieu, et me sauver. Dans cette re-co-naissance mutuelle de notre fonds d’humanité partagée, derrière les écrans, les idées et le construit, c’est ce regard d’espérance et de miséricorde qui opère le miracle, où le tragique cède le pas à la bénédiction, où l’amour est le seul regard reçu et posé sur les enfants et les mangeoires.
Dans ce regard, l’inconnu et la peur se présentent avec une belle part à offrir. Les promesses fleurissent en plein désert, ainsi va la mécanique mystérieuse du Royaume. La paix ne sera enfantée qu’à travers nos regards et non pas dans les traités et les applications. L’immensité du rêve de Dieu ne peut être contenue dans nos seules aspirations et Sa guérison est trop grande pour ne répondre qu’aux appétits des enfants malades. Dieu rêve de l’éveil de l’humanité dans sa splendeur toute divine, seul son regard de tendresse et de miséricorde nous réveillera, ressuscitera son Amour. Ainsi, lorsque nous nous laisserons contempler par lui, nous nous regarderons enfin comme frères et sœurs.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org
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