No 2 – série 2025-2026
Évangile du dimanche 7 septembre – 23ème dimanche du Temps Ordinaire
« Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 25-33)
En ce temps-là,
de grandes foules faisaient route avec Jésus ;
il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi
sans me préférer à son père, sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères et sœurs,
et même à sa propre vie,
il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix
pour marcher à ma suite
ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous
qui, voulant bâtir une tour,
ne commence par s’asseoir
pour calculer la dépense
et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever,
tous ceux qui le verront vont se moquer de lui :
‘Voilà un homme qui a commencé à bâtir
et n’a pas été capable d’achever !’
Et quel est le roi
qui, partant en guerre contre un autre roi,
ne commence par s’asseoir
pour voir s’il peut, avec dix mille hommes,
affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
S’il ne le peut pas,
il envoie, pendant que l’autre est encore loin,
une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas
à tout ce qui lui appartient
ne peut pas être mon disciple. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – La Croix du don !
La règle d’or pour être disciple de Jésus et, en fait, pour être simplement humain est celle-ci : « celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient (ou à tous ses biens) ne peut pas être mon disciple ». Et le texte insiste d’entrée de jeu pour y englober ce qui nous est le plus précieux : notre famille et « notre propre vie », précisant ainsi que cette règle embrasse tout ce qui fait notre existence. En d’autres mots, nous ne pouvons rien retenir, rien posséder. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi le non-négociable de cette règle ?
La raison essentielle est que Dieu est Amour et que tout ce qui existe dans ce monde, dont notre propre vie, est fruit de cet Amour. Si bien que, si tout est Amour, cela signifie que Dieu, dans son mystère même est dépossession et que tout participe de cette dépossession. Qui dit Amour affirme ainsi que tout ce qui existe sur terre est don de Dieu, et que vouloir posséder un don est tuer ce don, car un don ne peut garder sa nature de don que dans le don.
Le mal est possession et l’Amour est dépossession. La règle énoncée est donc que nous ne pouvons devenir humain, être à l’image de Dieu et selon sa ressemblance ou vivre en son Amour qui si tout ce qui nous a été ou est donné participe de cet Amour et, donc, de cette Loi du don. Être un disciple de Jésus ou devenir cet enfant de Dieu que nous sommes appelés à être porte cette exigence.
Vivre l’Amour est exigeant et il demande sagesse et vérité. Jésus nous demande d’ailleurs de regarder à notre vie et à ce que nous voulons bâtir afin de « calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ». Ce jusqu’au bout ou ce jusqu’à la fin est l’appel que Jésus nous fait d’aimer Dieu et tout être humain en pure dépossession d’Amour. « Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1).
Cet Amour « jusqu’au bout » est comparé même par Jésus à une guerre, celle en fait contre le mal dont l’action est la possession, au point que le mal suprême, et c’est ce que la tradition chrétienne affirme, est d’être « possédé » par ce que nous croyons posséder. La possession est emprisonnement progressif jusqu’à la perte entière de soi, car le don de Dieu unique que nous sommes ne peut jamais se vivre que par don.
« Quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir
pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? » Cette guerre, nous la perdrons toujours si nous ne vivons notre vie en la recevant gratuitement de Dieu et en la donnant avec la même gratuité. Un tel vécu dans le don ne peut jamais s’épuiser, car nous puisons à la source infinie de la Vie, qu’est Dieu. Nous aurons toujours alors ce qu’il nous faut pour notre « marche » en ce monde, en étant toujours accompagnés par le Tout Autre.
Le monde actuel est un trop bel exemple de la véracité de cette règle. Avec tous les conflits et les violences présentes, nous voyons trop clairement que la possession possède l’humain jusqu’à vouloir s’emparer de tout ce qu’il a, dont sa vie. Et, dans un régime de possession, il est assez clair que l’humain perd toute sa valeur, au point que l’exploiter ou le tuer devient une bonne chose s’il en va de notre profit.
« Renoncer » n’est pas une contrainte car elle se fonde sur une « annonciation » où, comme Marie, nous laissons le Fils naître en nous pour naître en Dieu. C’est connaître (co-naître) la vie en abondance, comme un débordement vers soi et vers les autres. Mais, avouons-le, vivre une telle dynamique de don dans un monde de possession est non seulement prophétique, pour ne pas dire révolutionnaire, mais est un « porter sa croix et marcher à la suite de Jésus ». Et vivre cette croix au quotidien, c’est consentir au débordement d’un Amour sans fin et jusqu’au bout !
Stéfan Thériault – stheriault@lepelerin.org
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