No 100 – série 2025-2026

Évangile du dimanche 14 décembre 2025 – 3ème Dimanche de l’Avent

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 2-11)

En ce temps-là,
    Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison,
des œuvres réalisées par le Christ.
Il lui envoya ses disciples et, par eux,  lui demanda :
    « Es-tu celui qui doit venir,
ou devons-nous en attendre un autre ? »
    Jésus leur répondit :
« Allez annoncer à Jean
ce que vous entendez et voyez :
    Les aveugles retrouvent la vue,
et les boiteux marchent,
les lépreux sont purifiés,
et les sourds entendent,
les morts ressuscitent,
et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
    Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

    Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient,
Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ?
un roseau agité par le vent ?
    Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ?
un homme habillé de façon raffinée ?
Mais ceux qui portent de tels vêtements
vivent dans les palais des rois.
    Alors, qu’êtes-vous allés voir ?
un prophète ?
Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
    C’est de lui qu’il est écrit :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour préparer le chemin devant toi.

    Amen, je vous le dis :
Parmi ceux qui sont nés d’une femme,
personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ;
et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux
est plus grand que lui. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Veuillez noter que l’équipe des méditations prendra une pause pour le temps des fêtes. La dernière méditation de 2025 sera pour le dimanche 21 décembre et nous serons de retour le lundi 5 janvier 2025. Nous vous remercions de nous avoir lu et avons hâte de vous retrouver en janvier ! Joyeux Noël et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Ange Lydie, Barbara, Colette, Halyna, Lucille, Marie-Emmanuel, Martial, Paolo, et Vincent.

Méditation – Quand la chair déroutée est éclairée par le Souffle !

Nous approchons de Noël… le temps se fait court. Dans l’horizon de ce présent que nous habitons, nous sommes dans l’attente. Sur ce quotidien des jours, nous avançons… au creux d’une nuit qui nous est familière… ou d’un jour dont nous ne remarquons plus la lumière.

Lors d’une rencontre de préparation au baptême, après que des parents se soient exprimés sur la réalité du « chiffre de nuit » qu’ils faisaient pour aller auprès de leur nouveau-né qui pleurait, un jeune papa a simplement ajouté : « Vous savez, on se lève même quand l’enfant dort… pour le contempler, pour voir s’il a besoin qu’on replace la couverture ou pour voir s’il respire. ». L’enfant n’en sait rien…

Jean Baptiste a surgi dans le désert de la stérilité de son père Zacharie et de sa mère Élizabeth… Son père, prisonnier de ce réel qui était le sien depuis si longtemps, n’a pas cru en l’annonce de l’ange. Quant à sa mère, dans cette grossesse à risque, elle oscillait sans doute entre la joie, l’espérance et la crainte. Que de silence autour de cet enfant si longtemps attendu… Sa mère, marquée par la honte de sa stérilité, était restée silencieuse quant à sa grossesse… On ne sait jamais, à l’âge où elle se trouve, elle peut perdre l’enfant… Et ce long silence du père, muselé par un doute qui enveloppait de nuit la promesse reçue.

Dans cette Parole toute neuve prononcée au cœur de la stérilité de ses parents et de leur grand âge, Jean Baptiste est né. Cette Parole portait le secret de son être et de sa Mission : préparez le chemin du Seigneur… Devenir passage d’un plus Grand dont il n’était pas digne de délier la courroie de ses sandales ! Quel grand Mystère ! Sa vie elle-même était l’expression du Chemin que Dieu faisait pour nous rejoindre. Dans cette Mission où il se sentait appelé à diminuer pour qu’un Autre grandisse, il avait même interpellé ses propres disciples à mettre leur pas à la suite de Celui qu’il désignait comme l’Agneau de Dieu.

Dans la radicalité où le Souffle le guidait, sa vie habitait le désert que Dieu voulait faire fleurir… N’était-il pas lui-même né dans le désert de la stérilité de ses parents ? Rude était l’interpellation à proclamer… Cette fidélité l’avait conduit à exprimer la vérité qui dérange… celle qui dérange trop pour certains. La prison en avait été la conséquence. Et le voilà maintenant confronté aux barreaux de la prison où il se trouve…

Mais les barreaux ne peuvent arrêter le Souffle : il entend parler des Œuvres du Christ… Ce qu’il entend n’est même pas de l’ordre de la Parole de Jésus lui-même, mais de ses Œuvres. Cette parole qui vient à ses oreilles est proclamée par la chair de ceux et celles qui ont rencontré Jésus. Elle n’est pas le fruit d’une publicité mise en œuvre par Jésus ou ses disciples… C’est le cœur transformé, la chair guérie, la vie délivrée qui prennent parole jusqu’à le rejoindre là où il est emprisonné.

Aux disciples qui lui font la grâce d’une visite dans sa prison, Jean Baptiste confie la question qui le consume : le cri et la foi y sont chevillés ensemble. C’est à Jésus qu’il pose cette question :

               « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

S’est-il trompé sur l’identité de Jésus ? Question vertigineuse où le sens même de sa propre vie est en jeu… Et puis, dans cette fidélité qu’il a cherché à vivre, il se retrouve en prison !!!

Jésus répond aux messagers de Jean-Baptiste, sans même se déplacer pour aller le voir en prison…

Dans cette froide distance, le Souffle chaud de sa Parole traverse les barreaux à travers ces mots, « réverbères » du Mystère qui s’accomplit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez… ».

Si l’Amour de Dieu a pris chair en Jésus, c’est pour que cet Amour manifeste sa force au cœur de la fragilité de notre chair…

La chair elle-même des aveugles, des boiteux, des lépreux, et des sourds devient le « haut-parleur de » l’Œuvre de Dieu.

Par-dessus tout, c’est la manière d’être de Jésus qui le questionne. Il avait annoncé la colère qui vient, la hache à la racine des arbres, l’aire à vanner et le feu qui ne s’éteint pas… Jésus est « tout autre ». La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Le jugement annoncé est dérouté par la Miséricorde qui se révèle en Jésus.

Et puis, dans la Parole que Jésus exprime à Jean Baptiste, Il ne fait même pas mention de la promesse de libération pour les prisonniers, mentionnée de nombreuses fois dans l’Ancien Testament[1]… C’est pourtant la situation de souffrance où Jean Baptiste se trouve. Jésus lui annoncera que les morts ressuscitent.

Au cœur de la nuit la plus profonde de Jean Baptiste, Jésus fait scintiller la lumière de la résurrection là même où Il perçoit sans doute l’issue obscure qui scellera la vie de Jean Baptiste… et la sienne ! En préparant le chemin du Seigneur, la vie de Jean Baptiste esquisse le Chemin que Jésus prendra.

Et l’enfant en nous s’est endormi…

Dans la veille du Souffle, la Parole continue de prendre chair.

Plus loin que les barreaux qui emprisonnent notre regard et notre cœur, j’ai vu une mère consoler son enfant… une infirmière pleine de compassion auprès d’un malade… une personne apporter soutien à une autre pour traverser la rue… des paniers de Noëls distribués par des bénévoles… des enfants qui partagent un jouet… un plus jeune qui familiarise son grand-père à l’informatique… un accueil chaleureux pour un nouvel arrivant… un pâté à la viande donné par une voisine… une musicienne faisant chanter les résidents d’une résidence pour personnes âgées… une autre porter secours en conduisant une personne à l’hôpital… une autre, aider à faire les décorations de Noël… Une grand-mère prier pour ses enfants et petits-enfants… un couple fabriquer un calendrier de l’Avent pour que les parents puissent cheminer avec leurs enfants afin de mieux connaître Jésus… J’ai entendu un couple veiller en pleine nuit sur leur enfant endormi… et lui n’en savait rien.

Le Souffle de Dieu ne se laisse pas arrêter par les barreaux de notre monde et de nos vies. En découvrant ce Souffle à l’Œuvre en nous et autour de nous, il nous est donné, à nous qui sommes nés d’une femme, de nous laisser engendrer par la découverte des Signes de Dieu, qui font de nous les témoins du Tout Autre, même au milieu des barreaux à travers lesquels la vie reçue peut devenir aussi… vie donnée sans réserve pour d’autres.

Même là où nous ne comprenons pas l’Agir de Dieu… Même là où nous faisons l’expérience de ce qui nous emprisonne… Même là où nos propres pas au creux du Mystère nous restent cachés tellement ce qui nous est donné ne peut être possédé… Dieu est à l’Œuvre pour nous sauver !

Qu’Il nous donne de voir les Signes de sa Présence dans ce qu’Il écrit, en lettres minuscules, au plus humble de nos vies et de notre histoire… Alors, nous goûterons à une Joie que personne ne pourra nous ravir !

L’abbé Paolo – maheux.paolo@gmail.com


[1] Psaume 145, 7 : « Le Seigneur délivre les captifs. »
Isaïe 61, 1 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération. »



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