No 224 – série 2024-2025

Évangile du dimanche 4 mai 3e dimanche de Pâques

« Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson » (Jn 21, 1-19)

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Seigneur, tu sais bien que je t’aime !

Le quotidien reprend ses droits… la vie ordinaire reprend son cours… Il faut bien gagner sa vie. Et à nouveau, cette nuit laborieuse et stérile.

Pourtant, si la pâte est la même, un autre levain y est à l’œuvre… sa Présence, même en ce lieu où nous n’avons rien et où sa proximité nous reste inconnue.

« Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger? »… N’est-ce pas la question posée par tant de personnes… par les malades qui souffrent, par les personnes abandonnées dans la solitude et la froideur de l’indifférence, par les couples et les familles dont la communion est en souffrance, par les victimes de la guerre et de la famine, par les personnes en quête de sens, par les migrants qui cherchent une terre d’accueil, par les pauvres de toutes sortes… Cette question posée dans cette familiarité chaleureuse qui appelle « l’enfant » en soi. Le Ressuscité vient faire son « chez soi » en nous, à travers cette question qui touche la raison même de notre sortie au large, au cœur de la nuit : nourrir.

N’avoir pour réponse que ce « non », aussi bref qu’absolu, à travers lequel se dévoile l’échec de nos moyens, faisant l’expérience de notre impuissance… Revenir du large, les mains vides et le cœur déçu, avec le courage d’avouer le « rien » de nos filets et de nos efforts.

Non déconcerté par notre réponse, Jésus voit dans ce vide un espace pour une abondance inusitée, inespérée, où Il choisit même de nous impliquer. « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Sa Parole audacieuse, contraire à la logique et à l’expérience, nous interpelle à lancer le filet au cœur même de ces conditions perdantes.

Et l’abondance de surgir… Soudainement, être saisi… sentir à nouveau ce Souffle dont la brise a déjà trouvé le chemin de notre cœur… cette Présence qui nous connaît et que nous reconnaissons à notre cœur brûlant. Au creux de l’intime où Il nous a si souvent touché et rejoint, Le reconnaître… Et n’avoir pour toute réponse que celle de plonger à nouveau pour aller vers Lui, qui nous attend sur le rivage du repos pour la rencontre.

Un feu de braise crépite, poisson et pain sont déjà là… Comme un « chez soi » retrouvé. Il nous invite à apporter ce poisson recueilli par nos mains, dans le Souffle de sa Parole. De ce repas où nous ne pouvons plus distinguer le poisson qui vient de Lui et le poisson qui vient de nous, Il communie à notre vie et nous invite à communier à la sienne. Grâce inouïe qui fait de nos fatigues stériles son chemin !

Encore ignorant de ce qu’Il nous confiera, Il reconnaît en nous ceux et celles qui poursuivront son Œuvre… une Œuvre d’Amour.

De braise est son Amour pour nous… Et pour ne pas passer à côté de notre « être-Don », Il nous conduit à la question ultime : « M’aimes-tu vraiment ? » [1]

De ciel et de terre, nous voilà de braise et de bois humide, brûlant et fragile… intensément désireux de Lui répondre, nous osons ces mots où se recueille même la conscience de nos limites…

« Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime ! »

Sa braise nous touche encore… le bois humide suinte…
…percevoir le battement de son Cœur dans le nôtre !

« Auriez-vous quelque chose à manger ? »
Dans l’Amour qu’Il nous donne et la confiance qu’Il nous fait,
entre nos mains fragiles et chaudes, les siens !

Paolo Maheux – maheux.paolo@gmail.com


[1] Ce même mot français « aimer » cache une nuance… En grec, lorsque Jésus demande, est-ce que tu m’aimes, il s’agit du verbe « agapô-se » qui exprime un amour inconditionnel… Pierre répond en utilisant le mot « philô-se »… je t’aime bien… moins grand que l’amour inconditionnel dont parle Jésus dans les deux premières questions qu’Il lui pose. À la troisième reprise de la question, Jésus posera la question avec le mot « phileîs-me »… « Simon comprend alors que son pauvre amour, le seul dont il est capable, suffit à Jésus. » «On pourrait dire que Jésus s’est adapté à Pierre, plutôt que Pierre à Jésus ! C’est précisément cette adaptation divine qui donne de l’espérance au disciple qui a connu la souffrance de l’infidélité. C’est de là que naît la confiance qui le rendra capable de suivre le Christ jusqu’à la fin. »    Catéchèse de Benoît XVI, 24 mai 2006.





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