À l’automne 2025, les Éditions Novalis ont proposé un webinaire intitulé « L’espérance en marche : vivre le Jubilé 2025 ». Animé par Édouard Shatov et Marie Zissis, il réunissait Xavier Gravend-Tirole, professeur et coauteur du collectif Petit livre de l’espérance (Novalis, 2024), et Halyna Kryshtal, coordonnatrice au Centre le Pèlerin. Ensemble, ils ont exploré un thème aussi simple qu’essentiel : comment vivre l’espérance chrétienne dans nos vies personnelles et communautaires, à la lumière du Jubilé 2025.
Voici un résumé des échanges tenus lors du webinaire.
Quelle est la différence entre l’espoir et l’espérance ?
Le français distingue deux réalités que d’autres langues confondent : l’espoir et l’espérance. L’espoir touche aux biens concrets et immédiats : on espère une guérison, une réussite, un dénouement heureux. Il agit comme une force qui pousse à avancer malgré les difficultés, mais reste fragile, dépendant des circonstances.
L’espérance, au contraire, est plus profonde. Elle se vit comme un choix fondamental, une orientation intérieure enracinée en Dieu. Elle n’est pas une simple émotion mais une vertu théologale qui ouvre à la confiance en un avenir porteur de sens, même lorsque les issues visibles semblent bouchées. Comme on l’a rappelé durant le webinaire : « L’espérance, c’est quand il n’y a plus d’espoir ». Elle survient au cœur des épreuves et garde vivante la certitude que la vie a un sens et que Dieu est fidèle.
Quels sont les enjeux de la question de l’espérance ?
Parler d’espérance aujourd’hui n’est pas anodin. Les crises multiples, (pandémie, guerres, bouleversements climatiques, solitude, etc., sapent notre confiance et alimentent le pessimisme. Beaucoup regardent l’avenir avec méfiance, voire désespoir.
C’est précisément dans ce contexte que l’espérance chrétienne prend toute son importance. Elle n’est pas un optimisme naïf ni une illusion, mais une certitude enracinée dans la promesse de Dieu. Cette espérance « ne déçoit pas » car elle s’appuie sur une présence aimante qui accompagne chaque pas de l’existence. Elle redonne souffle et courage pour continuer à marcher, même dans l’incertitude.
Quels défis particuliers notre société doit-elle affronter ?
Les défis qui menacent l’espérance sont nombreux. Sur le plan social et écologique, l’urgence climatique et les injustices minent la confiance des jeunes générations, parfois jusqu’à les décourager de fonder une famille. Beaucoup se demandent : « À quoi bon continuer ? »
À l’échelle plus personnelle, la maladie grave, le deuil, les conflits ou la guerre rappellent douloureusement nos limites. Ces situations mettent à nu nos illusions et révèlent la nécessité d’une espérance mûre, capable de soutenir même dans l’épreuve. Comme l’a exprimé une participante : « L’espérance donne une vision, comme un phare dans la nuit qui montre la route. »
Comment construire ou vivre l’espérance ? Quels sont ses ingrédients ?
L’espérance ne tombe pas du ciel toute faite : elle se construit et se nourrit. Trois ingrédients reviennent avec force.
D’abord, croire que la vie a un sens. Même dans l’épreuve la plus sombre, la conviction que l’existence n’est pas absurde permet de tenir debout. Ensuite, donner sens à ses propres gestes. L’espérance n’est pas attente passive mais engagement concret : poser des actes de solidarité, de justice, de bonté, même si le succès semble incertain. Enfin, regarder au-delà de soi et même au-delà de la mort. L’espérance s’ouvre à un horizon plus vaste, celui de la communion avec Dieu et de la vie en plénitude.
Les relations humaines jouent un rôle décisif dans cette construction. Dans les moments difficiles, ce sont souvent les autres qui aident à retrouver l’espérance. De même, la prière et la vie communautaire deviennent sources de soutien et de lumière.
Quelle est la relation entre la confiance et l’espérance ?
L’espérance et la confiance sont intimement liées. On ne peut espérer que dans la mesure où l’on fait confiance. L’image biblique de l’ancre illustre bien cette réalité : elle fixe le bateau dans la tempête et empêche qu’il ne dérive.
L’espérance s’appuie sur la foi, se nourrit de la confiance et s’oriente vers l’amour. Elle agit comme un pont entre foi et charité. Sans confiance, l’espérance se réduit à de simples vœux. Avec elle, elle devient une force qui met en marche et ouvre au dynamisme de la vie.
Comment vivre l’espérance au quotidien ?
L’espérance se concrétise dans des gestes simples et accessibles. Prendre un temps de prière chaque matin, poser des actes gratuits de bonté, choisir de pardonner plutôt que de ressasser : autant de façons de nourrir la flamme intérieure.
La persévérance joue aussi un rôle essentiel. Renoncer, c’est perdre d’avance. L’espérance, au contraire, invite à continuer, même si le chemin reste difficile. Enfin, la gratitude transforme le regard : reconnaître ce qui est encore beau et bon dans la vie, même au milieu des épreuves, ouvre à une espérance renouvelée. « Ça aurait pu être pire », disait un malade en phase terminale, rappelant ainsi la force de la reconnaissance.
Que puis-je espérer ? Qui puis-je espérer ? Que dois-je espérer ?
Ces questions touchent le cœur de la vie spirituelle. L’espérance embrasse à la fois les biens humains et l’horizon ultime. On peut espérer la paix, la santé, des relations réconciliées… mais l’espérance chrétienne ne s’arrête pas là. Elle s’oriente vers une rencontre, celle de Dieu lui-même.
Ainsi, l’espérance n’a pas pour objet principal « quelque chose », mais « Quelqu’un ». Elle se déploie dans la confiance en Dieu qui promet une vie en plénitude, déjà commencée ici-bas et appelée à s’accomplir dans la communion éternelle.
Comment devenir une personne d’espérance ?
Devenir une personne d’espérance est un chemin fait de choix quotidiens. Répéter des actes d’espérance tels que prier, partager, pardonner, s’engager, fortifie peu à peu l’attitude intérieure.
C’est aussi cultiver une manière de voir la vie : célébrer ce qui est beau, goûter la vie comme un don, rendre grâce. « Espérer, c’est parfois simplement célébrer le vivant », rappelait-on lors du webinaire. L’espérance est contagieuse : plus on la vit, plus elle se répand.
Comment exprimer l’espérance auprès de ceux qui traversent une épreuve ?
L’espérance se transmet souvent de façon silencieuse et discrète. Être présent, écouter sans juger, offrir une aide concrète : voilà des gestes qui redonnent souffle. Un repas préparé, une visite, une prière partagée peuvent raviver la confiance de celui qui souffre.
Il ne s’agit pas de fournir des réponses toutes faites, mais de manifester par la relation que la personne n’est pas seule et que sa vie garde une valeur infinie.
Comment durer dans l’espérance quand la maladie se prolonge ?
La maladie longue met la patience et la foi à rude épreuve. L’espérance ne supprime pas la douleur, mais elle lui donne un sens. Comme le rappelle saint Paul : « La détresse produit la patience, la patience produit la vertu éprouvée, la vertu éprouvée produit l’espérance. »
Dans ces situations, la gratitude reste une arme précieuse : voir ce qui demeure encore possible, accueillir chaque journée comme un don. Certains trouvent force en s’unissant au Christ souffrant, découvrant dans sa Passion une proximité qui soutient leur propre chemin de croix.
Peut-on dire que l’espoir a des racines terrestres et l’espérance des racines célestes ?
Cette image a séduit les participants : l’espoir serait lié aux besoins concrets de la vie terrestre, tandis que l’espérance s’ouvrirait à l’horizon céleste. Elle souligne bien la complémentarité des deux dimensions.
Mais l’espérance chrétienne ne se limite pas au ciel : elle transforme aussi notre vie sur terre. Elle nous pousse à agir dès maintenant pour plus de justice, de solidarité et de soin de la création. L’espérance ouvre donc à une vie incarnée et engagée, tout en orientant vers l’éternité.
Conclusion : devenir pèlerins d’espérance
Le webinaire a montré que l’espérance chrétienne est une force vivifiante et contagieuse. Elle s’enracine dans la fidélité de Dieu, se nourrit de la relation et se traduit dans des gestes concrets.
Le Jubilé 2025, placé sous le thème « Pèlerins d’espérance », invite chacun à se remettre en route intérieurement et à devenir témoin de cette espérance dans son quotidien. Loin d’être un simple mot, l’espérance est un chemin de vie qui transforme notre regard sur le monde.
À découvrir
Pour aller plus loin, Novalis propose Le petit livre de l’espérance de Xavier Gravend-Tirole, un recueil lumineux de témoignages pour cultiver l’espérance malgré les crises.
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Envie de poursuivre la démarche ? Inscrivez-vous aux prochains webinaires Novalis consacrés au Jubilé 2025 et à l’espérance chrétienne. Ensemble, devenons pèlerins d’espérance !