No 107 – série 2025-2026
Évangile du dimanche 21 décembre 2025 – 4ème Dimanche de l’Avent
Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David (Mt 1, 18-24)
Voici comment fut engendré Jésus Christ :
Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ;
avant qu’ils aient habité ensemble,
elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux,
qui était un homme juste,
et ne voulait pas la dénoncer publiquement,
décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet,
voici que l’ange du Seigneur
lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David,
ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,
puisque l’enfant qui est engendré en elle
vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils,
et tu lui donneras le nom de Jésus
(c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve),
car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
Voici que la Vierge concevra,
et elle enfantera un fils ;
on lui donnera le nom d’Emmanuel,
qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla,
il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit :
il prit chez lui son épouse.
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Veuillez noter que l’équipe des méditations prendra une pause pour le temps des fêtes. La dernière méditation de 2025 sera pour le dimanche 21 décembre et nous serons de retour le lundi 5 janvier 2025. Nous vous remercions de nous avoir lu et avons hâte de vous retrouver en janvier ! Joyeux Noël et que Dieu vous accompagne ! Alice (celle qui prête sa voix aux méditations), Ange Lydie, Barbara, Colette, Halyna, Lucille, Marie-Emmanuel, Martial, Paolo, et Vincent.
Méditation – Ce « oui » où nous Lui offrons un berceau !
Dieu, dont l’Amour désire prendre chair pour nous sauver, se place dans cette vulnérabilité de dépendre de la réponse libre de Joseph et Marie. Il les interpelle au plus précieux de leur amour, là même où leur cœur est au plus chaud. Dans le Large de cet amour qu’ils ont l’un pour l’autre, Dieu verra la possibilité d’une terre d’accueil à sa Venue. L’Appel que chacun reçoit les fera entrer dans une déroute profonde et inattendue. Marie a dit « Oui » à l’accomplissement de la Parole qu’elle a entendue. Dans la nuit de sa compréhension, le Verbe s’est fait chair. Cet Enfant qui nous sauve entrera dans le mystère de cette radicale fragilité qui marque tout enfant dès les tout premiers instants de sa vie, dans le sein de sa mère.
Derrière ces mots de l’Évangile, si sobres et lourds de conséquences, Joseph et Marie se retrouvent inscrits dans ce qui dépasse leur entendement. Analphabètes du Mystère, Dieu leur demande pourtant d’en être les collaborateurs. Joseph ne peut pénétrer le Mystère de ce qui se passe en Marie, ni de ce qu’elle est, ni de ce qu’elle vit. Les faits parlent bien sûr… ils parlent même trop… Au cœur de tout ce qu’il ne comprend pas, Joseph ne sait qu’une chose : l’enfant que porte Marie n’est pas de lui.
Alors même que leur mariage n’est pas scellé, tout est remis en question… Ils se retrouvent dans une crise au carrefour de leur fidélité respective et de leur amour.
Joseph est ainsi placé dans un tiraillement où sa foi en Dieu, à travers la Loi qu’il veut respecter, et son amour pour Marie semblent inconciliables… La Loi est claire : soit la répudiation qui est obligatoirement un geste public ou la lapidation qui conduit à la mort.
Marie, elle-même, peut comprendre ce qui trouble Joseph, sans pouvoir pourtant y apporter quelque lumière. Le premier berceau de cet enfant est sans doute celui des remises en question, des silences lourds, des larmes et de la prière.
Alors même que l’insoluble conduit Joseph à envisager de répudier Marie en secret, à cause de cet amour qu’il a pour elle, l’ange du Seigneur lui apparaît en songe… Intervention de Dieu qui ne résout pas l’impasse humaine dans laquelle Joseph et Marie se trouvent, mais qui leur révèle la signature de Dieu au cœur de ce qui les questionne.
L’événement porte en lui-même le potentiel d’une rupture aux conséquences irrémédiables, spécialement pour l’Enfant et sa mère. Nous savons d’expérience que les questionnements les plus existentiels que nous avons nous-mêmes vécus, ont fait surgir ces larmes dont le secret se trouvait dans la nappe phréatique de notre désir profond. Est-ce ainsi que Dieu Lui-même voulait inscrire les premiers battements de son cœur humain dans cette fragilité qui est le lot de tant d’enfants qui n’étaient pas attendus ou étaient conçus avant mariage ?
Marie est muette… elle n’a pas à défendre ce qui ne vient pas d’elle… elle se retrouve elle-même dans cette absence d’explication, tout en étant dans ce « Oui » où respire sa fidélité à ce que Dieu veut faire en elle et par elle. L’incompréhension et la fragilité où elle se trouve à cause de l’Agir de Dieu, elle les vit sans défense, sans résistance, sans revendication, dans cette foi qui donne libre cours à la Grâce qui ne vient pas d’elle, mais qui a besoin de Joseph… son Joseph… celui qu’elle avait choisi et qu’elle aime. Pour Joseph, l’arrivée de l’enfant sonne le glas de son projet de mariage. Et la voilà placée devant lui qui se croit forcé de la quitter par fidélité aux règles de sa foi, avec cet enfant qui remet tout en question et engage toute sa vie comme mère… Au plus intime de l’amour qui les unit, les voilà bouleversés. Leur vie, leur amour et leur avenir perdent pied.
Familier et respectueux de la Loi, Joseph sait ce que la Loi lui demande… Son amour pour Marie ne peut y consentir. Alors qu’il s’incline devant les événements jusqu’à renoncer au mariage avec celle qu’il aime, dans cet espace créé par l’abandon de son projet, Dieu lui fait signe de prendre chez lui Marie, son épouse. Joseph entrera sur ce chemin étroit d’être en porte-à-faux de la Loi religieuse dont le berceau est trop petit pour accueillir ce qui vient de Dieu.
Quel est donc ce Souffle qui inscrit la vie dans une telle déroute ! Au cœur même de cette société patriarcale, elle inscrit une initiative où l’homme lui-même est en impuissance, tout en étant invité à adopter et protéger une vie qui ne vient pas de lui, qui repose en celle qu’il aime et qui lui intime de demeurer au seuil du Mystère comme celui qui veille et en est le gardien. Et ce songe, au cœur de ses facultés et de ses forces endormies… « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse… »…
Et Joseph de se réveiller et de prendre chez lui son épouse. Le voilà debout, dans la plus grande déroute et la plus irremplaçable mission qui lui est confiée. Ce réveil de Joseph confirme ce qui s’est fait en lui… sans lui, à travers ce songe où Dieu l’a visité. Sans tergiverser, il plonge tout entier. Il entre dans ce « Oui » d’être époux pour sa femme et d’être père pour ce fils qui n’est pas de lui. Peut-il mesurer ce que représentait ce « Oui » pour Dieu ?
Dans ce petit village de Nazareth où entre 100 et 150 personnes vivaient, le regard des autres étaient incapables de deviner sous les traits d’une fille mère et d’un père apparemment trompé, le Mystère d’un Dieu qui choisissait de se rendre présent en se faisant le plus pauvre d’entre tous : l’enfant qui naissait dans ces conditions, était lui-même considéré comme impur. Dieu a trouvé le moyen de devenir pauvre parmi les pauvres. Jésus ne sera pas proche des pauvres par condescendance ou par charité… Il épousera cette réalité en sa chair et sa vie, faisant l’expérience, comme les plus pauvres, de ce regard de jugement porté par les autres.
Nous le constatons, au cœur de notre monde, les relations homme femmes sont profondément blessées : contrôler, dominer, s’imposer, séduire, posséder, prendre, exploiter, violer, trahir, tuer… tant de femmes sont bafouées, malgré la connivence profonde qu’elles ont avec le Mystère… tant d’hommes cachent leur souffrance dans une violence ou une toute-puissance envers ce qui est différent et ne vient pas d’eux… L’enfance cherche un abri.
La venue de ce « Tout Autre » en dehors des balises du patriarcat de l’époque n’a pas fini de nous interpeller comme société, comme Église et comme personne. Cette venue appelle une communion dont la profondeur et la fécondité sont en gestation dans le Souffle partagé entre l’homme et la femme.
Ce n’est qu’à genoux que nous pouvons acquiescer au Mystère de ce que Dieu veut accomplir au cœur de notre propre vie. Ce qu’Il vient accomplir au creux de ces entrailles de l’intériorité nous place dans la mission d’apprendre à accueillir et à adopter une Vie « Tout Autre » qui ne vient pas de nous. Par son Amour, Dieu appelle notre vie comme chemin de sa Présence et de son Œuvre. L’attitude virginale devant le Mystère de l’autre, en refusant de vouloir le posséder, nous convie à cette mission d’accompagner une Vie dont nous ne sommes pas les auteurs, mais les protecteurs espérés.
Que ce temps de Noël soit pour nous l’occasion de ce « oui » où nous Lui offrons un berceau !
L’abbé Paolo – maheux.paolo@gmail.com
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