No 93 – série 2025-2026

Évangile du dimanche 7 décembre 2025 – 2ème Dimanche de l’Avent

« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » (Mt 3, 1-12)

En ces jours-là,
paraît Jean le Baptiste,
qui proclame dans le désert de Judée :
    « Convertissez-vous,
car le royaume des Cieux est tout proche. »
    Jean est celui que désignait la parole
prononcée par le prophète Isaïe :
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

    Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau,
et une ceinture de cuir autour des reins ;
il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage.
    Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain
se rendaient auprès de lui,
    et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain
en reconnaissant leurs péchés.
    Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens
se présenter à son baptême,
il leur dit :
« Engeance de vipères !
Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
    Produisez donc un fruit digne de la conversion.
    N’allez pas dire en vous-mêmes :
‘Nous avons Abraham pour père’ ;
car, je vous le dis :
des pierres que voici,
Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
    Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres :
tout arbre qui ne produit pas de bons fruits
va être coupé et jeté au feu.

    Moi, je vous baptise dans l’eau,
en vue de la conversion.
Mais celui qui vient derrière moi
est plus fort que moi,
et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient dans sa main la pelle à vanner,
il va nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera son grain dans le grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Dans l’aveu où se prépare une crèche !

La Parole vient à nous dans cette proximité qui Lui donne une pertinence et une capacité de nous interpeller et de nous transformer. Une lumière que l’on allume en Chine ne nous rend pas vraiment service… La Lumière que le Christ nous offre nous rejoint dans ce que nous vivons, là où nous avons besoin que s’ouvre un chemin pour répondre à l’interpellation qui nous est faite. Cette Lumière vient dévoiler les enfermements présents en notre vie, comme au cœur du monde : elle veut éveiller en nous ce Souffle où Dieu respire. Au cœur de l’Alliance que le Christ veut vivre avec nous, notre réponse est attendue, non pas en termes de cette perfection dont nous rêvons et pour laquelle nous sommes toujours en manque, mais en termes de relation. Un menu parfaitement réussi n’est pas nécessairement gage de relation profonde… alors que même une simple tasse de café, un peu fort ou refroidi, peut être l’occasion d’une rencontre vivifiante.

L’enjeu de la profondeur de la relation passe par la capacité de nous laisser interpeller. Jean-Baptiste n’a pas une grande garde-robe… c’est sous des dehors rugueux qu’il se présente, habillé d’un vêtement en poils de chameau, se nourrissant de miel et de sauterelles. L’interpellation a toujours ce caractère rugueux, sans grande manière, venant à nous parfois de manière abrupte, sans ménagement pour notre image. Elle n’est pas là pour nourrir notre culpabilité, qui est un acide qui peut dissoudre notre valeur, mais elle appelle un retournement. Elle est habitée par la conviction que nous pouvons changer, qu’un retournement est possible. Dans la confiance qu’Il met en nous, Dieu désire que nous devenions vivants ! Le dépouillement que nous fait vivre le désert est favorable à cette remise en question : il permet que nous puissions nous approcher du cri qui habite notre désert intérieur, ce lieu où nous faisons l’expérience d’une soif radicale et incontournable.

Dans les souffrances relationnelles que nous vivons, nous pouvons découvrir que celles-ci menacent notre cœur d’une désertification… S’il est vrai que les autres peuvent être à la source des blessures que nous portons, il est aussi vrai que nous avons des connivences avec le mal. En choisissant de l’ignorer, nous nous aveuglons nous-mêmes !

Cette interpellation de Dieu ne vient pas de quelqu’un qui nous veut du mal… mais de Celui qui nous aime et veut notre vie. Elle dénonce ce qui ne fonctionne pas… Dans une famille, même un enfant le sait quand quelque chose ne va pas.

Nos autojustifications stérilisent le tonus de l’interpellation… on peut bien être baptisé ou être de la descendance d’Abraham, si on ne reconnait pas que nous avons besoin d’être pardonnés, ou que nous sommes invités à une conversion, cela ne change rien : nous restons imperméables à la vie nouvelle qui cherche une disponibilité en nous. Cet aveu est incontournable : le verset 6 le souligne :

« …et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. »

D’autres versions de la Bible traduiront :

« Chacun reconnaissait ses égarements. » [1]

Et ailleurs… « …(en) avou(ant) publiquement les manques qui sont les leurs. »[2]

En contraste, aux pharisiens et sadducéens qui se présentent pour recevoir le baptême sans reconnaître leurs manques ou leurs égarements, Jean exprimera : « Vous voulez changer, montrez-le! »[3]

La porte d’entrée de ce retournement vers Dieu passe par la reconnaissance et l’aveu de nos péchés. Nous sommes invités à rendre droits les sentiers en faisant la vérité sur nous-mêmes.

Il nous est facile de nous sécuriser par nos recettes de salut, à cause de notre appartenance à l’Église, de notre pratique des valeurs morales ou de notre fidélité à la prière. Ces pratiques dont nous sommes les artisans peuvent devenir autant d’autojustifications où nous demeurons en circuit fermé, autour de notre agir propre. Le danger, c’est de nous immuniser face à l’interpellation qui vient de l’Esprit. Nos pratiques deviennent ainsi des « somnifères de conscience ». L’interpellation crée cette révélation de notre besoin de conversion.

S’il y a bien un lieu où nous sommes dépouillés de nos recettes de salut, c’est bien celui de nos relations avec les autres. Elles deviennent autant d’occasions pour faire la vérité sur nous en dévoilant le meilleur de ce qui nous habite, mais aussi notre besoin d’être sauvé. Le chemin de l’aveu est sans doute ce qui nous rend plus perméables à l’accueil de l’Autre qui vient vers nous…

Cet Autre à accueillir ne suit pas les convenances où habituellement, dans un cortège, la personne la plus importante est à l’avant. Il choisit d’inscrire sa venue dans nos pas pour y recueillir le blé et brûler la paille… Étincellera sa Miséricorde au cœur même de notre pain où Il vient faire sa demeure.

Ainsi, comme l’or que l’on passe au feu afin de le purifier des scories présentes, par l’aveu, sa Miséricorde qui prend chair à travers le Christ, veut nous faire entrer dans cette Paix qui n’est pas le fruit de notre agir, mais bien Celui de son Amour qui nous sauve.

Dans une citation attribuée à Michel-Ange, celui-ci, animé par son sens de la beauté, au regard d’une pierre, exprimait qu’il devait libérer l’ange prisonnier de la pierre… Petit à petit, en taillant la pierre, l’ange apparaissait. Le Christ vient nous libérer de la pierre qui emprisonne notre vie. Notre mystère ne repose pas sur le mal, mais bien sur le précieux de ce que nous sommes pour le Père. La parole exprimée nous fait entrer dans la libération du mal qui nous a blessé et emprisonne notre vie. Notre crèche devient ainsi la Sienne.

Bien sûr, nous pouvons demeurer dans les châteaux de nos auto-constructions, avec ces façades éloquentes de nos capacités… dans la froideur de nos autojustifications… En petite écriture, sur la porte d’entrée, on peut y lire : « No vacancy! »… Désolé, c’est complet !

Au cœur des relations que nous vivons, l’aveu nous place aussi dans le risque de ne pas être accueilli, reçu ou compris. N’est-ce pas aussi ce risque que Dieu, dans l’aveu de son Amour, continue de prendre au cœur de nos vies ? Joseph et Marie ont accepté de dire ce « oui » qui les exposait à l’incompréhension, et leur donnait de marcher hors des sentiers balisés par la Loi religieuse… en exil même de leur propre compréhension…

Il continue de prendre chair… fragile et pauvre… Il a besoin de nous… À l’écoute de ce qui nous interpelle au cœur de nos relations, dans la pauvreté de la crèche qui est la nôtre, un Enfant cherche un abri… Dépouillés de nos suffisances, même le fragile de notre cœur peut l’emmailloter.

L’abbé Paolo – maheux.paolo@gmail.com


[1] Collectif de 45 spécialistes sous la direction de Frédéric Boyer, La Bible, Éditions Bayard (Paris, France),
Éditions Médiaspaul (Montréal, Canada), 2001, p. 2221.

[2] Frédéric Boyer, Évangiles nouvelle traduction, Gallimard, 2022, p. 104.

[3] Collectif de 45 spécialistes sous la direction de Frédéric Boyer, La Bible, Éditions Bayard (Paris, France),
Éditions Médiaspaul (Montréal, Canada), 2001, p. 2221.



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