No 89 – série 2025-2026
Évangile du mercredi 3 décembre 2025 – 1ère Semaine de l’Avent
Jésus guérit les infirmes et multiplie les pains. (Mt 15, 29-37)
En ce temps-là,
Jésus arriva près de la mer de Galilée.
Il gravit la montagne et là, il s’assit.
De grandes foules s’approchèrent de lui,
avec des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets,
et beaucoup d’autres encore ;
on les déposa à ses pieds et il les guérit.
Alors la foule était dans l’admiration
en voyant des muets qui parlaient, des estropiés rétablis,
des boiteux qui marchaient, des aveugles qui voyaient ;
et ils rendirent gloire au Dieu d’Israël.
Jésus appela ses disciples et leur dit :
« Je suis saisi de compassion pour cette foule,
car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi,
et n’ont rien à manger.
Je ne veux pas les renvoyer à jeun,
ils pourraient défaillir en chemin. »
Les disciples lui disent :
« Où trouverons-nous dans un désert assez de pain
pour rassasier une telle foule ? »
Jésus leur demanda :
« Combien de pains avez-vous ? »
Ils dirent :
« Sept, et quelques petits poissons. »
Alors il ordonna à la foule de s’asseoir par terre.
Il prit les sept pains et les poissons ;
rendant grâce,
il les rompit,
et il les donnait aux disciples, et les disciples aux foules.
Tous mangèrent et furent rassasiés.
On ramassa les morceaux qui restaient :
cela faisait sept corbeilles pleines.
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Tous mangèrent et furent rassasiés
À la mi-novembre, la France a commémoré les dix ans des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Les hommages aux victimes ont fleuri avec des témoignages montrant le chemin parcouru par les familles. La revue Aleteia présente le témoignage d’un couple (1). Sylvie et Erick, bouchers dans une ville de province, ont deux filles de 24 et 27 ans. Marion, étudiante à la Sorbonne, travaillait dans un magasin de vêtements pour avoir un peu d’argent. Sa soeur Anna revenait de Barcelone pour voir sa soeur et avant de revenir quelques jours chez ses parents. « C’était un vendredi. Nous étions au travail dans notre boucherie », raconte Sylvie. Les filles venaient de téléphoner pour rassurer leurs parents : tout allait bien, disaient-elles et elles s’apprêtaient à sortir avec leur amie Aurélie pour la soirée. Mais, avec les informations du soir, les parents découvrirent que des attentats terroristes venaient de faire 130 morts à Paris. « On s’attendait pas qu’il y ait nos enfants dedans » ajoute Erick. Sylvie se souvient : « Le matin, on est parti tous les deux au travail. Mais, en mettant l’étalage, je ne pouvais pas rester sans pleurer, sans montrer mon désarroi. Je ne savais pas où étaient les filles. Les filles ne répondaient pas au téléphone. » Le samedi à 18h00, une dame du ministère de l’Intérieur appela les parents pour dire que leurs filles faisaient partie des victimes des attentats.
Alors, dans le deuil, Sylvie et Erick se tournèrent vers l’Église qu’ils ne fréquentaient plus depuis des années. Erick débuta un chemin spirituel : « Après tous ces événements, on a rencontré plusieurs fois nos prêtres. On a décidé de les suivre, d’aller à la messe et puis, au fur et à mesure, ça s’est avéré une nécessité. Avant tout ça, je priais le matin et le soir, en revenant du boulot. » Sylvie se souvient de son chemin personnel : « Moi, pas du tout. Je l’accompagnais, mais je n’avais pas la foi. » Puis, elle décrit un élan intérieur : « Le plus naturellement possible, j’ai eu envie de lire la Bible. Je savais que les filles avaient leur Bible dans la chambre, surtout Anna par sa communion, une Bible toute blanche. Il y a une force qui m’a emmené dans la chambre et j’ai pris la Bible. J’ai pris la Bible et maintenant, elle est à notre table de chevet et je la lis tous les soirs. Elle se révèle tous les jours efficace. »
Depuis 2015, Erick et Sylvie retrouvent peu à peu la paix intérieure. Sylvie précise : « Quand on prie, on est avec les filles. Les prières nous aident à nous lever le matin, à passer la journée calmement, sereinement. Maintenant, c’est vital pour nous. On ne pourrait pas commencer une journée ni la finir sans nos prières. C’est vraiment notre chemin, maintenant. C’est elles qui nous ont ouvert le chemin. C’est elles qui sont là avant nous. » Erick témoigne de son espérance : « On espère revoir nos filles fortement, c’est sûr. » Sylvie ajoute : « Quand Dieu nous appellera, on ira les retrouver. Moi, je n’avais pas la foi. Là, j’ai fait une découverte grâce aux filles. La lumière, je l’ai tout le temps. »
Que cela soit au bord de la mer de Galilée ou dans une boucherie de province, le Seigneur est présent sur cette montagne où Il est « saisi de compassion ». Son amour se tient à disposition de notre foi. Dans notre monde écrasé de platitude et de violence, l’évangile l’affirme : il existe une hauteur, celle de la présence d’un Dieu toujours accessible aux détresses. Il y a deux mille ans des boiteux et des estropiés s’agglutinaient autour du Seigneur : « on les déposa à ses pieds et il les guérit. » Aujourd’hui encore, un élan intérieur conduit les cœurs estropiés par le deuil vers Celui qui peut donner la paix. Lire la Bible blanche, laissée par sa fille assassinée, n’est-ce pas être déposée aux pieds du Seigneur ? Le désespoir entraîne dans la noirceur. Les « pourquoi », qui frappent à la conscience comme des corbeaux contre les vitres, peuvent rendre fou : « Pourquoi ? » « Pourquoi ? » Mais, aux aveugles, Jésus confie Sa lumière. Dans l’aridité de l’angoisse, Jésus remarque que les gens « n’ont rien à manger ». Égarés dans la tristesse, ils risquent de « défaillir en chemin ». Un peuple affamé en plein désert… cela rappelle la faim des Hébreux en exode ! Les disciples mesurent leur pauvreté comme nous aujourd’hui. Ils interrogent Jésus : « D’où pourra bien nous venir dans ce lieu désert assez de pains pour rassasier une si grande foule ? » (2) Les disciples sondent l’origine « d’où » viendra le secours… Ce Ciel d’où tombait la manne, c’est Jésus !
Seigneur, dans nos détresses, conduis nous vers ce désert où tu donnes la manne de Ta présence ! Nos yeux éblouis diront alors : « Tous mangèrent et furent rassasiés. »
Vincent REIFFSTECK – vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
Notes :
(1) Capsule vidéo disponible en bas de l’article « Lena, catéchumène, “retrouve” dans cette église son amie tuée au Bataclan » (article du 12/11/2025, Aleteia).
Sylvie et Erick Pétard ont publié, en 2021, Attentats du Bataclan : l’espérance qui nous fait vivre (éditions Artège).
(2) Traduction du verset Mt 15,33 par Matthias Konradt dans son commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, (édition Labor et Fides).
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