No 82 – série 2025-2026

Évangile du mercredi 26 novembre 2025 – 34e semaine du temps ordinaire

« Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu » (Lc 21, 12-19)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu

Ceux qui suivent le Christ passent par la persécution qu’Il a lui-même endurée. Face à un adolescent qui délaisse la superficialité mondaine et s’enracine dans une vie intérieure, il arrive que les proches lancent des piques… S’il refuse de la drogue, on dira : « Oh regardez ! Il fait son Jésus. » S’il savoure un verre de vin, on persifflera : « Voilà un glouton et un ivrogne » (Mt 11,19). Le Christ lui-même souffrit de la part des gens de sa famille des paroles blessantes comme « Il a perdu la tête. » (Mc 3,21) Dans nos sociétés sécularisées, une jeune fille qui se convertit affronte des moqueries. Se renouvelle ainsi l’avertissement que Jésus adresse à notre courage : « Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis. » Plus dramatiquement, dans de nombreux pays, des persécutions déchirent violemment les croyants : « on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. » Combien d’attentats sanglants en pleine messe ? Combien de Chrétiens enlevés, torturés et tués ? Les avertissements de Jésus ne sont pas des exagérations rhétoriques : « ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. »

Dès le début de Sa vie publique dans la synagogue de Nazareth (Lc 4,16) où l’on chercha à Le précipiter du haut d’une falaise (Lc 4,29), Jésus fut poursuivi par la persécution. La vie dans l’Esprit (Lc 4,18) que propose Jésus rencontre une hostilité qui n’est pas ponctuelle ; elle fait partie intégrante de la vie chrétienne. Dans la phrase de Jésus : « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera », l’emploi du futur illustre bien cette constance de l’opposition aux disciples de Jésus qui est « signe de contradiction » (Lc 2,34). Ce que vécut le Christ se prolongea dans l’Église qui est Son corps ; la persécution menée par Saint Paul en témoigne.   

Comment vivre ces persécutions ? Quelle position adopter face à ces hostilités ? Il existe des réponses très humaines issues de notre nature blessée : sombrer dans le désespoir ou se replier dans une citadelle assiégée. On peut d’abord réagir aux agressions du monde en se plaçant dans la position de celui qui juge. Cette fausse supériorité, c’est celle du désespoir qui regarde tout avec mépris. On peut aussi réagir aux persécutions en se raidissant sur une identité à défendre comme dans une citadelle assiégée. Les Romains honoraient l’officier qui avait sauvé une ville assiégée par une couronne tressée des herbes et des fleurs cueillies sur le lieu du blocus. Cette couronne d’herbe était la plus haute distinction militaire. Il est tentant pour une communauté chrétienne en butte aux railleries de se décerner à elle-même cette couronne de la citadelle assiégée : « nous sommes les seuls purs, nous sommes ceux qui résistent… » On valorise alors les détails qui signent l’appartenance au groupe : « il est des nôtres ! » Mais, est-ce une réponse chrétienne ? En réalité, la réponse du désespoir et la réponse du repli identitaire se rejoignent. Ces réactions opposées sont toutes les deux des réponses fascinées par l’adversaire ; elles ont en commun d’oublier le Christ vivant qui parle à Son Église.   

L’évocation des persécutions par Jésus ne s’associe ni au désespoir qui méprise, ni à la dureté d’un coeur assiégé. Si inquiétante que soit l’hostilité qui s’ouvre devant eux, les disciples se confient à la Parole du Christ qui assure qu’en toute adversité sera ménagée une occasion de rendre témoignage. Ce témoignage, Jésus lui-même l’assumera en eux. La ferme résolution de tenir exclut toute confiance en nos propres forces. Que notre citadelle est faible quand elle se replie sur elle-même ! Elle oublie sa pierre de fondation qui est le Christ ! Quand la défection menace ou que la lassitude nous gagne, notre constance puisera dans la constance du Christ (2Th 3,5) et notre foi s’abreuvera à la patience dont Il fit preuve au sein de l’angoisse. Il nous donnera la force de ne pas céder, sous la pression de l’adversité, en répondant aux hostilités avec les réponses du monde. Le Christ dira en nous le « oui » qu’Il adresse au Père.

Car, dans les tensions que vit l’Église, le Christ appelle l’Esprit. Il propose à Ses disciples une réponse faite de force sereine et de pacifique assurance dans Sa présence. Jésus replace le disciple dans l’enseignement du maître : « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître » (Lc 6,40). Jésus insiste sur le fait d’avoir un « œil sain » qui laisse passer la lumière : « La lampe de ton corps, c’est ton œil. Quand ton œil est limpide, ton corps tout entier est aussi dans la lumière ; mais quand ton œil est mauvais, ton corps aussi est dans les ténèbres. » (Lc 11,34).

Face aux persécutions, le Christ propose de garder « l’œil sain » et d’être « bien formé ». N’est-ce pas cela écouter le langage de l’Esprit ? « C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. » Dans un climat hostile, de nombreuses communautés inventent des oasis de paix pour tenir bon dans la foi en invitant chaque fidèle à construire, en soi, une demeure qui accueille le Christ. Il ne s’agit pas de s’enfermer dans la peur, mais de convertir au Christ nos profondeurs. N’est-ce pas ce que propose l’accompagnement ? Revisiter son histoire, assainir ses blessures, présenter au Libérateur ses fractures. Si mes blessures répondent aux persécutions sous la forme du mépris et du repli agressif, comment le monde entendra-t-il le « langage » et la « sagesse » que le Christ promet à Ses disciples éprouvés ?

Vincent REIFFSTECK – vincent.reiffsteck@wanadoo.fr



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