No 81 – série 2025-2026
Évangile du mardi 25 novembre 2025 – 34e semaine du temps ordinaire
« Il n’en restera pas pierre sur pierre » (Lc 21, 5-11)
En ce temps-là, comme certains parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Un ciment entre les pierres
Ce passage d’Evangile est bien mystérieux, même s’il pourrait nous sembler à première vue malheureusement bien d’actualité, avec les si nombreuses situations de conflits dans le monde. Que retirer de ce texte pour notre vie d’aujourd’hui ? Un autre message catastrophiste qui nous confirme combien le monde a toujours été habité par le mal et la violence ? « Il n’en restera pas pierre sur pierre », « guerres et désordres », « grands tremblements de terre », « famines et des épidémies », « phénomènes effrayants »… N’attendrions-nous pas au moins une phrase de Jésus un peu plus rassurante ?
Nous sommes parfois avides, nous aussi, de « savoir », et de « quand » cela arrivera-t-il ? de « quel signe » tenir compte ? Nous sommes peut-être un peu obnubilés par des questions qui ne nous portent nulle part. Regardons plutôt comment Jésus nous oriente. D’un côté, il ne nous laisse pas dans l’illusion, mais il nous fait adopter un autre point de vue, il ne nous donne pas d’indications très précises, mais nous conseille de ne pas nous « laisser égarer, terrifier », peut-être de ne pas le chercher là où il n’est pas. Il prépare ceux qui l’écoutent à passer l’épreuve de sa passion et de sa mort vers laquelle il va arriver prochainement, et même à perdre le lieu par excellence jusqu’alors du rapport avec Dieu, le Temple. Jésus nous annonce mystérieusement son chemin, qui ira au-delà de tout le mal qui nous assaille personnellement, et comme humanité. Je me souviens d’une visite à Jérusalem et de ma forte émotion devant la pierre de la Résurrection, d’un vrai moment de contemplation devant la réalité de l’univers qui a changé à partir de là, Jésus a vaincu la mort. Réorientons notre contemplation vers Lui, et vers Lui présent en chacun de nos frères et sœurs, là où nous sommes. S’il nous met tant en garde de ne pas nous laisser égarer, c’est qu’Il sait qu’au fond, nous Le cherchons continuellement, mais il nous manque parfois un regard ajusté… Cherchons-le là où nous sommes, n’est-il pas présent en chacun de ceux qui nous entourent, dans la plus grande diversité, n’est-ce pas là le nouveau temple ?
« Ne marchez pas derrière eux » disait Jésus en parlant de ceux qui prétendront venir en son nom, essayons plutôt de ne pas nous distraire de l’essentiel de ce que nous avons à faire, et de nous engager dans la construction des relations, là où nous sommes. Profitons du précieux moment présent, qui seul nous appartient, et rencontrons le visage de Dieu qui s’incarne dans tous ceux qui nous entourent, le lieu par excellence où nous pouvons le contempler. Sachons regarder avec les yeux du cœur les « belles pierres et les ex-voto » qui se cachent dans le cœur de nos proches, et même les pierres plus rugueuses, mais qui nous permettront peut-être de donner le meilleur de nous-mêmes. Il y a quelques jours, je me trouvais un moment avec quatre amies musulmanes avec lesquelles nous faisons un chemin de dialogue inter-religieux. A un certain moment nous partagions la profonde souffrance devant les situations insupportables que vivent tant de frères et sœurs en humanité. Le désespoir guettait certaines d’entre nous, mais la qualité de la relation construite et de la communion faisait renaître un espace d’espérance dans le cœur de chacune. L’intensité de nos échanges et la « compassion », notre « souffrir ensemble », nous unissait profondément malgré nos grandes diversités, et le ciment de l’amour qui comblait tous les espaces nous remettait toutes dans la confiance en Dieu, Celui à qui nous pouvons donner toutes nos préoccupations pour le monde. Nous nous sommes particulièrement réengagées à implorer ensemble la grâce de la paix, et à offrir ces espaces de dialogue respectueux autour de nous.
Colette Le Tolguénec – colette.letolguenec@gmail.com
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