No 77 – série 2025-2026
Évangile du vendredi 21 novembre 2025 – 33ème semaine du Temps Ordinaire
« De la maison de Dieu, vous avez fait une caverne de bandits » (Lc 19, 45-48)
En ce temps-là,
entré dans le Temple,
Jésus se mit à en expulser les vendeurs.
Il leur déclarait :
« Il est écrit :
Ma maison sera une maison de prière.
Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. »
Et il était chaque jour dans le Temple pour enseigner.
Les grands prêtres et les scribes, ainsi que les notables,
cherchaient à le faire mourir,
mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire ;
en effet, le peuple tout entier,
suspendu à ses lèvres, l’écoutait.
Méditation – Soin pour notre sanctuaire intérieur
L’image du temple dans l’Évangile d’aujourd’hui peut être appliquée à l’être humain. Jésus parle de lui-même comme du temple détruit et reconstruit en trois jours en mention de sa mort et de la résurrection (cf. J 2, 18-19). Par notre baptême, nous aussi nous devenons les temples de l’Esprit-Saint, comme cela l’exprime Saint-Paul : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Cor 3,16). Ensuite, en réalisant à quel prix nous avons été rachetés, il nous invite : « Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps » (1 Cor 6, 20).
Le temple est un symbole de ce qu’il y a de plus profond et de plus sacré en nous. En chacun de nous, il y a un endroit où nous pouvons entrer en contact avec Dieu, et qui est la source de notre vie. Le cœur profond, le sanctuaire intérieur habité par Dieu, « un noyau ontologique où nous jaillissons de la main créatrice de Dieu et d’où nous refluons vers lui » (André Louf, Seigneur, apprends-nous à prier, Bruxelles, Lumen Vitae, 1990, p. 28).
Le livre des Proverbes nous rappelle : « Veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillit la vie » (4, 23). Veiller sur mon cœur, qu’est-ce que cela veut dire ? Dans son livre « L’évangélisation des profondeurs », Simon Pacot parle de ce cœur profond qui « doit être nourri et fortifié par Dieu. Il apprend à reconnaitre les mouvements de l’Esprit en lui (…), à se laisser inspirer par l’Esprit, à collaborer avec Lui. Il est engendré, sustenté, nourri par l’amour de Dieu qui l’irrigue, le restaure, il va se fonder, s’enraciner dans l’amour vivant du Christ en lui » (Simon Pacot, L’évangélisation des profondeurs, Paris, Les éditions du Cerf, 2011, p. 61).
Veiller sur mon cœur profond signifierait l’ouvrir à l’amour qui est un don gratuit de Dieu. L’amour ne s’achète pas et ne se vend pas. La réponse adéquate et digne à l’amour c’est aimer à notre tour. Il faut veiller à ne pas faire de notre cœur le lieu du commerce ou le profaner avec des idoles. C’est précisément d’un tel drame humain que parle Jésus aujourd’hui, lui qui chasse du Temple de Jérusalem ceux qui ont transformé le lieu saint en « une caverne des bandits ». Les vendeurs dans le Temple voulaient utiliser ce qui appartient à Dieu pour leur propre usage. L’endroit où Dieu devait se révéler de manière totalement gratuite et imméritée, ils l’ont transformé en un lieu où l’on pouvait prétendument acheter la grâce de Dieu, la faveur de Dieu. C’est l’un des péchés les plus graves, car il s’agit de croire que Dieu est incapable de se donner à l’homme de manière gratuite, désintéressée et imméritée. Un péché d’autant plus grave qu’il indique que la tâche de l’homme est de s’acheter la grâce et les faveurs de Dieu. Ce péché conduit à une déformation de l’image de Dieu et de l’homme. Dieu devient quelqu’un d’insensible et de distant, que l’on peut corrompre par de fastidieuses demandes, de lourds sacrifices, ou simplement par de l’argent, avec lequel on pourrait acquérir son amour. Pouvons-nous imaginer combien nous blessons alors le cœur de Dieu en rejetant la foi dans le don désintéressé du salut, de la miséricorde et du pardon qu’Il a pour nous ?!
Nous sommes constamment invités à une conversion intérieure. C’est ainsi que se produit la métamorphose de notre être tout entier. Cela se produit également quand nous assumons la posture d’ouverture d’un enfant. Jésus a dit : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux » (Mt 18, 3). Nous n’avons rien à acheter à Dieu : tout est un don gratuit de sa grâce. Nous n’avons pas besoin de faire du commerce dans notre cœur, de faire d’énormes sacrifices, de payer pour l’amour de Dieu. Il suffit que nous devenions confiants en Lui comme des enfants, que nous accueillions ses dons avec gratitude et que nous nous laissions obombrer par la présence divine aimante.
Aujourd’hui, nous regardons Marie présentée au Temple par ses parents pour être consacrée à Dieu. La liturgie souligne que Marie est elle-même le Temple du Très-Haut par sa qualité de Mère de Jésus-Christ. À son exemple et par son intercession pour nous, nous pouvons être également des « maisons de prière » où résonne un chant de louange au Seigneur pour toutes les merveilles qu’Il a accomplies dans notre vie.
Halyna Kryshtal – hkryshtal @lepelerin.org
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