No 76 – série 2025-2026
Évangile du jeudi 20 novembre 2025 – 33ème semaine du Temps Ordinaire
« Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! » (Lc 19, 41-44)
En ce temps-là, lorsque Jésus fut près de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle, en disant : « Ah ! si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! Mais maintenant cela est resté caché à tes yeux. Oui, viendront pour toi des jours où tes ennemis construiront des ouvrages de siège contre toi, t’encercleront et te presseront de tous côtés ; ils t’anéantiront, toi et tes enfants qui sont chez toi, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Diane, son sourire et le Dieu qui visite
Parole d’anéantissement en cette méditation pour Israël qui ne reconnaît pas le Dieu qui la visite. Si la parole est prophétique en regard de la situation géopolitique actuelle, elle demeure tout aussi prophétique pour notre vie spirituelle. Ne pas reconnaître en ce jour ce qui donne la paix, et surtout, celui qui donne la paix. Ne pas reconnaître ce Dieu qui visite les cœurs, lave les pieds, s’anéantit pour vivifier le vivant en notre vie. N’est-ce pas une forme d’anéantissement ?
Par un froid matin de novembre, je me rendais au centre le Pèlerin, le pas pressé par le froid. Ce froid si québécois, celui acéré qui mord, celui des cieux bleu acier. À l’aide de grandes enjambées, je contourne les corps enroulés de papier journal, recroquevillés sur le trottoir glacé. Les sans-abris se sont multipliés depuis la pandémie et je ne peux réprimer un sentiment de culpabilité en passant devant lui, devant elle. Parfois, sans m’arrêter, sinon pour donner un peu de monnaie, un sourire, un regard avec mes yeux plantés dans les leurs. L’une d’elle, si digne malgré ses cheveux crasseux me sourit à tout coup en me disant un trop fort bonjour comme pour couvrir un silence trop lourd et trop présent qui l’entoure. Sa joie indécrottable vient nourrir la mienne. Par elle, par sa pauvreté, par la nudité de son sourire, l’éclat si précieux de ses yeux, Dieu me visite. Mais elle, Dieu la visite-t-elle ? Car, j’en suis convaincue, mon sourire ne peut suffire et je reçois tant d’elle.
Par ce froid matin de novembre, mes yeux se posent sur un article de journal bouleversant. Une médecin de famille formée en soins palliatifs, qui, à l’aide de son sac à dos, de sa charité et de son coeur missionnaire, va dans la rue pour accompagner le vivant à travers la mort. Toiles de plastique, lit de camp, une femme frêle et souffrante, la Dre Marie-Hélène Marchand révèle son don pour accueillir et soulager l’itinérance, l’invisibilité, la maladie et l’oubli. Quelle ne fut pas ma surprise en parcourant l’article de reconnaître cette femme sans abri, Diane, que je croise dans la rue avec son sourire christique qui me visite. L’an dernier, au Québec, au moins 108 personnes itinérantes sont mortes dans ce pays si riche. J’apprends aussi que 85% des ces personnes exclues ont une ou des maladies chroniques et que 50% ont obtenu un diagnostic de santé mentale. Et Diane me sourit encore et toujours[1].
À l’image du Christ thérapeute qui allait vers cette pauvreté invisible et indésirable, cette médecin incarne ce Dieu qui visite, qui empêche l’anéantissement et la condamnation de notre humanité. Celle-là même qui enjambe les corps le matin pour se rendre, affairée, au travail. La pauvreté éclatante de la personne itinérante rencontre celle exemplaire de cette médecin qui agit au cœur de l’impuissance. Le Dieu qui me visite par cette pauvreté communiée me révèle que ma culpabilité appartient à une impuissance que je m’approprie et charge de maux. L’impuissance n’est pas propriété ni propriétaire, celle qui me constitue, celle du médecin et celle de Diane, est tissée des mêmes fibres humaine et divine. Et ces femmes saintes m’enseignent que c’est au cœur de cette impuissance communiée que je peux puiser une puissance d’agir, que je peux permettre à Dieu de nous visiter.
En cette entrée prochaine dans l’Avent laissons la Visitation s’incarner, laissons l’action de son Esprit œuvrer en nos gestes et en nos regards. Laissons ce Dieu visiter nos cœurs à travers le sourire de la pauvreté, à travers le sourire des Diane qui sauve, à travers le sourire du Christ qui donne la paix.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org
[1] https://www.lapresse.ca/actualites/sante/itinerance/des-soins-palliatifs-dans-la-rue/2025-11-16/diane/la-musique-d-une-vie.php
Événements en vedette
DROIT D’AUTEUR
La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.rtie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre
