No 33 – série 2025-2026

Évangile du mercredi 8 octobre 2025 – 27ème Semaine du Temps Ordinaire

« Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11, 1-4)

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Quand vous priez, dites : “Père“

Une chose réunit tout le monde à propos de la prière… comme le dit Saint Paul, « nous ne savons pas prier comme il faut » (Rm 8,26) ! Devant Jésus en prière, les disciples ont senti leur infirmité. Quand Jésus priait, ils ont frémi au contact de quelque chose de simplement grandiose… ils sentaient bien que le réel se déchirait et qu’un secret se vivait là, sous leurs yeux, dans cette relation du Fils au Père. Devant la chaleureuse proximité du Fils, les disciples ont vécu leur prière personnelle comme une stérile répétition de mots vides (Mt 6,7). C’est pourquoi, à la Parole faite chair, ils ont demandé que leurs pauvres mots deviennent un dialogue. Au Fils foulant de Ses pieds notre terre, ils ont demandé un lien vers le Ciel. On imagine les discussions entre disciples le soir autour du feu commun : Comment peut-Il prier avec cette amicale ouverture à l’immense, dans ce climat de présence ?

Comme nous sommes redevables aux disciples d’avoir osé cette demande : « Seigneur, apprends-nous à prier » ! Ce qui s’est vécu en Palestine, il y a si longtemps n’appartient pas au passé. Car, l’Esprit Saint peut transfigurer nos mots limités et usés en écoute et rencontre de Dieu : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu » (Lc 18,27). Sur nos lèvres de priants, l’Esprit recueille notre offrande verbale pour la monter au Père. Bien-sûr, par définition, entrer en relation avec ce Dieu que l’on ne voit pas (Jn 1,18) est impossible à l’homme. C’est bien vrai, prier est une entreprise humainement impossible sans l’aide active de « l’Esprit Saint qui vient au secours de notre faiblesse » (Rm 8,26). Ainsi, pour nous aujourd’hui, l’Esprit Saint actualise le miracle de cette présence tournée vers le Père. Comme ce « jeune garçon » confiait à Jésus « cinq pains d’orge et deux poissons » (Jn 6,9), nous présentons quelques phrases de notre bouche et quelques intentions du cœur.  Alors, l’Esprit vient… Il habite nos mots pour en faire un élan vers le Ciel.

Dans combien d’hôpitaux à travers le monde, les malades apeurés reprennent-ils le « Notre-Père » ? Le soir au coucher, combien d’enfants se souviennent-ils de ces mots pour relire leur journée et confier leur sommeil à Dieu ? Ce qui était valable, il y a deux mille ans avec Jésus, est rendu valide par l’Esprit aujourd’hui. Prier, c’est inscrire sa vie dans le mouvement de l’Esprit. C’est cette dynamique spirituelle que le Fils emprunte pour Se tourner vers le Père. Si ce n’était les mots de notre Seigneur, comment aurions-nous pu imaginer qu’une telle proximité avec le Père soit possible ?

Les disciples de toutes les époques et de tous les lieux peuvent redire ces mots :

MERCI au Père pour ce qu’Il est ! Avec Jésus, nous pouvons glorifier la Sainteté du Père. « Fais connaître à tous qui tu es » (traduction de la TOB). Sanctifier Dieu ne consiste pas à ajouter quelque chose à la Sainteté de Son être. Sanctifier le Nom, c’est reconnaître que Dieu est Saint, c’est désirer le rayonnement de Sa présence. C’est se réjouir de la souveraineté de Sa Vie divine sur notre existence de créature.

« Que ton règne vienne. » Le Règne de Dieu est venu en Jésus. Ce Royaume d’amour et de joie divine est notre salut. Dire qu’en Jésus, le Règne de Dieu est arrivé ne suffit pas. Il faut proclamer l’efficacité de l’action de Jésus qui sauve : « Il ne suffit pas de dire ou de croire que Jésus est mort pour nous : il faut reconnaître que la fidélité de son amour a voulu nous chercher là même où nous nous étions perdus, là où peut pénétrer seule la force d’une lumière capable de traverser le domaine des ténèbres. » (1) Beaucoup de personnes vivent des enfers ! Ces « ravins d’ombre et de mort » (Ps 23,4) arrêtent-ils l’action de Dieu ? Nos enfers sont-ils ce lieu perdu sur lequel serait écrit : « Laissez toute espérance, vous qui entrez » (2) ? Le Pape Léon XIV rappelle que le Christ sauve des situations les plus obscures : « Les enfers, dans la conception biblique, ne sont pas tant un lieu qu’une condition existentielle : cette condition dans laquelle la vie est affaiblie et où règnent la douleur, la solitude, la culpabilité et la séparation d’avec Dieu et des autres. Le Christ nous rejoint même dans cet abîme, franchissant les portes de ce règne des ténèbres. Il entre, pour ainsi dire, dans la maison même de la mort, pour la vider, pour en libérer les habitants, en les prenant par la main un par un. C’est l’humilité d’un Dieu qui ne s’arrête pas devant notre péché, qui n’est pas effrayé par le rejet extrême de l’être humain. » (1)

La prière du Christ se poursuit avec le PARDON qui reconnaît nos déficiences d’amour, nos péchés, c’est-à-dire étymologiquement nos ratages, nos manquements. Devant la Vie en abondance, je reconnais que je pourrais être plus vivant et aimant.  

Mais, avec Ta grâce qui me nourrit, Père, je me relèverai. Car, Tu donnes le pain qui redonne confiance en la vie, l’ouverture qui rend les choses possibles. Même quand les limites m’enserrent, tout n’est pas perdu. Voilà la simplicité de l’enfant : Avec Ton soutien, ô Père, il me sera possible de poser un geste d’amour.

Vincent REIFFSTECK – vincent.reiffsteck@wanadoo.fr

Note :

  • Pape Léon XIV, audience générale du mercredi 24 septembre 2025.
  • DANTE, La divine comédie, « L’enfer », début du chant III.


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