No 27 – série 2025-2026

Évangile du jeudi 2 octobre 2025 – 26ème jeudi du temps ordinaire

« Leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux » (Mt 18, 1-5.10)

À ce moment là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Méditation – Quand le Royaume tient Parole

La spiritualité de l’enfance est un trésor inépuisable de réflexion pour notre être-au-monde : joie spirituelle, interdépendance, confiance et abandon, émerveillement, bref une forme de logique à fort contre-courant de l’autonomie et de l’indépendance célébrées en nos sociétés, célébrés chez nos tout-petits. Une logique de l’absurde qui doit régir notre agir chrétien, rien de moins.

Mais pour quiconque ayant connu le privilège d’œuvrer auprès des enfants, bien de ces recommandations de notre disposition spirituelle semble emprunter à l’angélisme. Un enfant, de la petite enfance à l’adolescence, est tout à fait capable de mensonge, de manipulation, de refus obstiné, de prodigalité et de pardon fabriqué. Bien des enfants, même les plus aimés, auront eu un comportement « dés-âmant ». Bien des adultes aimants, portant des âmes balafrées, goûteront l’émerveillement et l’abandon divin. Alors, quelle est donc la disposition première de l’enfant pour que le Christ nous incite à devenir comme un enfant, à nous placer au milieu de tous, à nous porter sur ses genoux?

Ce qui distingue l’adulte de l’enfant, c’est l’infantilisme, l’enfant en est tout simplement incapable. Aux prises avec son impuissance et sa vulnérabilité perçues par tous comme menaçantes, l’enfant se résoudra à user de divers moyens pour s’en sortir, tissant sérieusement son faux système de salut. Très tôt, il commencera à agir à l’encontre de sa conscience et comprendre l’obéissance comme une soumission-récompense. Il développera assurément l’intuition secrète que sa faiblesse possède un pouvoir inédit sur les adultes autour de lui, contribuant en partie à une forme de parentalité plus ou moins ajustée. Mais immergé dans l’enfance, il ne pourra infantiliser l’autre, il ne saura réduire l’enfance, la sienne et celle des autres, à un instrument de domination, d’abus ou de contrôle. Il ne saura instrumentaliser la spiritualité qu’est le tissu de la vie.

Étymologiquement, le mot « enfant » – infans – en latin, signifie celui qui est privé de parole. Dans l’extrait de ce matin, l’enfant dissimulé derrière la foule, ignoré est sans doute infantilisé. Trop petit, trop ignare, incapable, il ne pourra comprendre les paroles du Seigneur. Trop petits, trop ignares, incapables, nous ne pouvons accueillir la Parole qui rend vivante la nôtre. Se faire petit mais non infantilisé dans sa pauvreté, accueillir l’enfance de l’autre comme parole unique d’espérance sans l’infantiliser, voilà l’invitation du Christ.

Dans ce passage sublime, le Christ invite l’enfance, la nôtre comme celle de l’autre, à le rejoindre au cœur de sa Parole et de l’Église, ce « au milieu de tous » célébrant la fragilité commune comme force agissante contre tous les infantilismes qui assaillent l’enfance, qui attaque l’espérance. L’enfance-espérance, cette parole unique reçue puis donnée dans l’Unique Parole, est source d’émerveillement, de joie et d’abandon lorsque entendue. Sur les genoux du Christ, chérissons l’enfance qui est au cœur de toute vie spirituelle car c’est ainsi que le Royaume peut enfin tenir sa Parole.

Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org


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