No 19 – série 2025-2026
Évangile du mercredi 24 septembre 2025 – 25e semaine du temps ordinaire
« Il les envoya proclamer le règne de Dieu et guérir les malades » (Lc 9, 1-6)
En ce temps-là, Jésus rassembla les Douze ; il leur donna pouvoir et autorité sur tous les démons, et de même pour faire des guérisons ; il les envoya proclamer le règne de Dieu et guérir les malades. Il leur dit : « Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ; n’ayez pas chacun une tunique de rechange. Quand vous serez reçus dans une maison, restez-y ; c’est de là que vous repartirez. Et si les gens ne vous accueillent pas, sortez de la ville et secouez la poussière de vos pieds : ce sera un témoignage contre eux. »
Ils partirent et ils allaient de village en village, annonçant la Bonne Nouvelle et faisant partout des guérisons.
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Comme une poussière se confie au vent
Jésus envoie ses disciples en mission pour annoncer la bonne nouvelle. Sur les chemins, il leur recommande de ne rien prendre pour mieux s’abandonner à la Providence. Quelle expérience de vie : devenir léger pour se confier au vent céleste ! À ceux qui écartent l’offre du salut, Jésus prescrit en réponse un geste qui prend acte de leur refus : « si les gens ne vous accueillent pas, sortez de la ville et secouez la poussière de vos pieds ». De manière théâtrale, la réponse se fait par une suite d’actions : se déchausser, taper ses sandales l’une contre l’autre, laisser un nuage de poussière s’évanouir dans le vent, puis prononcer des paroles de séparation. Dans ce monde de la séparation, le Christ rétablit la ressemblance avec Dieu. À ceux qui se complaisent dans la coupure d’avec le Créateur, les disciples opposeront leur fidélité en sortant de la ville et secouant leurs sandales.
Que signifie ce geste ? De retour d’un voyage en dehors d’Israël, les Juifs secouaient la poussière des terres païennes qui collaient à leurs pieds. Ainsi, ils refusaient la contamination d’une terre où sévissaient l’idolâtrie et les faux cultes. « Vivre séparés de Dieu ? Non, merci ! », semblaient-ils dire ! En demandant aux disciples d’accomplir ce même geste à l’égard de ceux qui ne voudront pas les écouter, même si ce sont des Juifs, Jésus leur demande de placer ces gens devant leur refus. Dans les Actes des apôtres, Paul et Barnabé essuyèrent l’hostilité des Juifs et « secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds » (Ac 13,51).
Le geste de ces porteurs de la bonne nouvelle peut-il être un geste de dédain ? Non, assurément. Ce geste est lui-même une bonne nouvelle, car il a un sens prophétique plus large. Lorsque les paroles n’étaient plus entendues, de nombreux prophètes de l’Ancien Testament exprimèrent leur message par des gestes insolites (Isaie 20 ; Jérémie 13 ; Osée 1-3 ; Ézéchiel 4). Chez Isaïe, le geste de secouer la poussière exprime une rébellion salutaire contre la séparation qui nous défigure en nous éloignant de Dieu. C’est le geste du sursaut vital contre l’esclavage pour recouvrer la liberté. Le prophète Isaïe invitait à refuser l’injustice du monde pour engager une transformation vers la justice véritable : « Éveille-toi, éveille-toi, revêts-toi de force, Sion ! (…) Secoue ta poussière ! Debout, Jérusalem, ô captive ! Dénoue les liens de ton cou, ô captive, fille de Sion ! » (Isaïe 52, 1-3)
Beaucoup se posent des questions poignantes : à quoi bon vivre et souffrir ? Le Livre de l’Ecclésiaste formule ces interrogations avec vigueur : « Car le sort des fils d’Adam et celui de la bête sont un seul et même sort. Comme est la mort de l’un, ainsi la mort de l’autre : ils ont tous un seul et même souffle. L’homme n’a rien de plus que la bête : tout est vanité. Tout va vers un même lieu : tout est tiré de la poussière, et tout retourne à la poussière. Qui sait où va le souffle des fils d’Adam ? Monte-t-il vers le haut, tandis que le souffle de la bête descendrait vers la terre ? » (Ec 3,19-21). À quoi bon vivre si notre existence ressemble à la poussière qui tremble un moment dans l’air et retombe ?
Malade ou écrasé par l’échec, comme les disciples envoyés, nous souffrons du manque. Sans argent, sans pain, sans bâton protecteur, notre route n’en finit pas : tout paraît perte et séparation. Cette expérience conduit parfois au désespoir…
Mais, les souffrances ne doivent pas nous affoler. À celui qui expérimente cette fragilité de notre existence, L’Ecclésiaste recommande la mémoire de Dieu : « Souviens-toi de ton Créateur » (Ec 12,1). Que sommes-nous ? Une poussière dispersée dans le vent… Celui qui se tourne vers son Créateur ranime une mémoire de vie : il se souvient alors que le vent est Souffle de l’Esprit. Notre vie a un sens. Le vent est aussi le symbole de l’Esprit qui donne vie : « Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » (Gn 2,7).
Que notre faiblesse, ne soit pas une occasion de refus. N’ayons pas peur de notre peur ! Car, à notre faiblesse, Jésus fait l’annonce d’une confiance. Dans cette action des sandales secouées, le Logos invente un geste prophétique. Cette ambivalence de la poussière dans le souffle est significative : notre existence paraît absurde à ceux qui refusent l’Esprit, mais à ceux qui L’accueillent, avec gratitude et foi, notre poussière est œuvre de Dieu. L’Esprit habite nos corps de terre : « ce trésor, nous le portons comme dans des vases d’argile » (2 Co 4,7). Par une mémoire de vie, nous pouvons respirer avec ce Souffle primordial qui soutient notre existence. Dans la fatigue de notre route, Jésus nous montre que notre poussière va au gré de l’Esprit. C’est une poussière d’étoiles ! Il nous propose de recevoir notre fragilité comme l’expérience d’un abandon de notre légèreté à la Providence d’un Dieu aimant.
Vincent REIFFSTECK – vincent.reiffsteck@wanadoo.fr
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