No 235 – série 2024-2025
Évangile du jeudi 15 mai – 4e semaine de Pâques
« Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même » (Jn 13, 16-20)
Après avoir lavé les pieds de ses disciples, Jésus parla ainsi : « Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites. Ce n’est pas de vous tous que je parle. Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis, mais il faut que s’accomplisse l’Écriture : Celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon. Je vous dis ces choses dès maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS. Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. »
Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.
Méditation – Verser Dieu
Dans l’esprit de Pâques, la Parole d’aujourd’hui projette un éclairage renouvelé avec un regard rétrospectif sur le lavement des pieds, ce qu’il reste de cette formidable leçon de divine humanité. Au fil des années, j’ai médité longuement et affectueusement, le lavement des pieds. J’y voyais divers appels tantôt à travers le don de soi ou l’amour du prochain, à travers le leadership servant ou la maternité miséricordieuse, sans oublier la souffrance du serviteur ou encore l’accueil agenouillé de ce qui m’est donné à vivre. Or, le lavement des pieds est passé, le Christ s’est relevé, désormais ressuscité. Le tablier aussi soigneusement plié que le linceul, laissé là pour témoigner. Nous sommes dans l’après qui nous prépare à recevoir, de ce qui nous sera envoyé pour nous rendre comme immaculé. Les pieds lavés n’étaient que le début de la pureté de notre oui, recevoir Dieu comme l’arrivée d’un grand matin au cœur d’un quotidien parfois éteint. Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit lui-même; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé.
J’étais plutôt attentive à l’efficacité fonctionnelle, être service et dévouement, un genou à terre, le bassin d’eau tiède à mes côtés, je recevais une certaine joie de servir. Et pourtant, je n’avais pas saisi que la joie reçue ne provenait pas de mon souci plein d’efforts, des courbatures de mon corps penché, de mes mains tendues pour délicatement prendre pied. La joie provenait de l’eau versée par le lavement. Cette eau vive, ce Dieu désormais vivant ma vie qui déborde de moi, de mes mains et du bassin à côté. Après le lavement des pieds, nous sommes appelés à recevoir le vivant, l’infini et l’éternité de l’Amour versé, n’est-ce pas en nous qu’il a mis tout son amour, dans son entièreté ? Quelle immensité amoureuse et déversée! La joie de la résurrection c’est recevoir cet Amour sans aucune capacité de le contenir, ni même le retenir afin de verser Dieu. Ce n’est pas tant la reconnaissance du geste ou du service prodigué que la communion du versement, cette eau vive qui lave et magnifie l’autre, ce lavement des pieds qui nous rend à nous-mêmes.
Quiconque s’élèvera sera abaissé (Mt 23.12) n’est donc pas une menace mais l’invitation à une posture, s’abaisser pour verser Dieu. Il n’y a en effet ni lavement ni versement ni dépouillement compatible avec le besoin de s’élever. Il ne s’agit pas d’arroser, d’éclabousser et d’être apprécié car le secret prend le relais sur l’efficacité, la joie succède à la satisfaction et Dieu se verse, il ne se procure pas. Dans l’esprit de Pâques et la saisie de ce Dieu versé en toute humilité sur nos fragilités en marche lorsque nous perdons pied, c’est ainsi qu’il nous rend à nous-mêmes car l’amour se suffit à lui-même.
Sur mes pieds lavés et ma souillure, par mes mains tendues et ma bonne volonté pétrie de péchés, Dieu se verse et se déverse encore. L’amour engendre sa propre joie à travers moi et elle ne vient pas d’ailleurs, un perpétuel jeudi saint. La joie immaculée et enracinée ne vient ni de mon service ni de moi mais elle se communique à travers toi. Nous sommes tous et toutes envoyés les uns les autres pour communiquer la joie du Ressuscité, pour verser ce Dieu, le vivre et se recevoir de lui.
Barbara Martel – bmartel@lepelerin.org

DROIT D’AUTEUR
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