No 232 – série 2024-2025

Évangile du lundi 12 mai 4e semaine de Pâques

« Moi, je suis la porte des brebis » (Jn 10, 1-10)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

Texte d’Évangile tiré du Prions en Église. S’abonner au Prions.

Veuillez noter que les méditations en format audio sont temporairement indisponibles et seront de retour à partir de la semaine du 12 mai. Merci de votre compréhension !

Méditation – Vive la vie!

Il y a longtemps – 25 ans cette année!! – j’avais choisi ce même Evangile pour la messe de mon engagement définitif. Ce dernier verset – dont la référence est facile à retenir: Jn 10,10 – en était la raison principale. C’était pour cette “vie en abondance” reçue, c’était à Celui qui me l’avait donnée que j’osais donner un oui pour toujours!

La Vie, la Vie en abondance! Dans ma chambre d’étudiante, je me souviens avoir accroché au mur un petit papier où était écrit: “Vive la vie!”. Il était là, au milieu des photos et posters … et je m’y habituais. Je ne me rendais plus compte de sa présence jusqu’au jour où, une fille de la faculté venue chercher mes notes de cours me posa cette question: “Tu aimes la vie, toi?” Ses yeux venaient de s’accrocher à ces trois mots écrits sur le bout de papier. “Tu aimes la vie, toi? Moi non …” Je ne me souviens plus de ce que je lui avais répondu, surprise par sa question si spontanée et plus encore interloquée par la tristesse de sa ‘confession’. “Moi, non…” Quelques mois plus tard, elle avait osé me dire qu’un jour elle avait tenté de se suicider… Profond silence. Je n’avais pu que la regarder et l’entourer de mes bras timides.

Est-ce que j’aimais la vie, moi, à mes 21 ans? Est-ce que j’aimais cette vie qui m’avait pourtant apporté son lot de souffrances, de ‘dards de mort’ déjà plusieurs fois?  Ce que je sais, c’est qu’il y avait – malgré tout – une certitude au fond de moi: je suis faite pour vivre, pour vivre une vie en abondance. Vivre une vie qui vaille la peine d’être vécue.

Cette certitude qui m’habitait – je l’ai découvert plus tard – c’était la voix du Berger qui la murmurait en moi. Cette voix, mon coeur la connaissait semble-t-il, bien avant d’avoir médité la Parole de Dieu pour la première fois. Mon coeur la connaissait et pouvait la distinguer parmi tant d’autres voix qui, tel un voleur ou un bandit, avaient tenté d’escalader par un autre endroit pour m’arracher cette envie de vivre.

Dans l’homélie qu’on m’avait permis de partager le jour de mon engagement, je faisais écho à cette expérience: “La Parole de Dieu ne vient pas comme « un voleur, elle n’escalade pas par un autre côté », elle ne vient pas s’imposer à nous…  La Parole, c’est la voix du Bon Berger « qui entre par la porte » du coeur, et notre coeur la re-connaît.  Notre coeur est tellement sensible à cette voix du Bon Berger qui, Lui, nous connaît. Nous sommes connus de l’intérieur par un tel Amour.” Je relis ces mots d’il y a longtemps et vous les partage à vous, aujourd’hui. À vous, à nous qui sommes unis par delà les mers et les océans grâce à ce même Evangile de Vie en abondance!  

Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance.” Y a-t-il une formule plus claire que celle-là pour dire la raison de sa venue au monde? Jésus est la porte de la Vie – “Moi, je suis la porte” -, c’est par Lui que nous pouvons la recevoir, et Il est Lui-même cette Vie promise en abondance (cf. Jn 14,6). Le désir de Dieu pour le coeur de toute personne, c’est que la Vie l’habite, que sa vie physique soit vivifiée par la Vie de Dieu. Notre désir à nous aussi – spécialement dans le service de l’accompagnement -, c’est que chaque personne puisse cheminer doucement vers plus de Vie dans sa vie, qu’elle puisse laisser couler en elle la Vie qui ne demande qu’à pouvoir se déployer librement.

L’évangéliste saint Jean n’a cessé de le proclamer dans son Evangile – comme ici en Jn 10,10 – mais aussi dans le dialogue avec la samaritaine ou en pleine fête à Jérusalem:

« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”,
c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive.
Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ;
et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »  (Jn 4,10.14)

Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout, s’écria :
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi !
Comme dit l’Écriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. » (Jn 7,37-38)

Si nous avons reçu par notre baptême une telle mission – la transmission et le réveil de la Vie –, comment bien la déployer sinon en “entrant par la porte” comme le Berger des brebis? Comment est-ce que j’entre dans la vie des autres, dans leur histoire? Comment suis-je à l’écoute du murmure de la Vie qui, comme elle le peut, cherche sa route, crie parfois après des mois et des années de mutisme? La Porte, il n’y en a qu’une. Si je n’entre pas par celle de Jésus, celle de son regard profond qui ne juge pas sur l’apparence, celle de sa douceur et de sa foi profonde en la personne, je risque de blesser, d’écraser. Ou, comme Il le dit Lui-même, “celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.

Seigneur Jésus, Berger au coeur humble et doux, apprends-nous à recevoir ta Vie en abondance en cette journée qui ouvre la semaine. Sois notre Porte, celle par qui entrer dans la “terre sacrée” de chaque personne que nous rencontrerons. Redis-nous ces mots du Père: « Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! » (Ex 3,7)

Puissions-nous formuler avec nos mots à nous pourquoi nous l’aimons, cette Vie reçue.  “Tu l’aimes la vie, toi?”

Laurence Vasseur – vasseurlaurence@hotmail.com




DROIT D’AUTEUR

La méditation peut être partagée à toutes et à tous, en tout ou en partie, mais le nom de l’auteur et l’indication du centre le Pèlerin avec l’adresse du site (www.lepelerin.org) doivent être inscrits, car les droits d’auteur demeurent. Merci de votre compréhension.